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Rachid Belmokhtar se défausse sur les élèves pour justifier l’échec du MEN

Une étude du ministère pointe du doigt l’incapacité des enseignants et des apprenants à se mettre au diapason


Hassan Bentaleb
Vendredi 21 Novembre 2014

Rachid Belmokhtar se défausse sur les élèves pour justifier l’échec du MEN
Le constat fait mal voire très mal. 47% des enseignants du secteur public estiment que leurs élèves sont incapables d’apprendre à lire et à écrire et 32% des enseignants encore en formation dans les centres d’éducation et de formation le pensent également. C’est ce qu’a révélé une étude réalisée par le ministère de l’Education nationale en partenariat avec USAID.
La même étude a démontré que les enseignants des 23.000 classes uniques que comporte l’école marocaine ne sont pas satisfaits de leur situation et avouent ne pas disposer des compétences requises pour dispenser un enseignement de qualité à leurs élèves des divers niveaux.   
Sombre tableau qui devrait se noircir davantage si l’on réfère à une autre étude du département de l’Education nationale qui a démontré que la capacité des élèves du primaire à interpréter, assimiler et s’approprier l’information est nulle ou très proche de zéro. Ce qui a classé le Maroc au dernier rang des 55 pays soumis à l’évaluation internationale dite « PIRLS ». Ces résultats sont dus, dans 83%  des cas, à l’incompatibilité entre la langue maternelle et celle de l’enseignement, dans 70% des cas à l’absence de bibliothèques  scolaires et dans 17% des cas à l’absence des pré-activités de lecture au sein  des familles marocaines. 
Portant sur 26.000 élèves et 452 établissements scolaires, cette même étude a indiqué également que les élèves de 4ème année du primaire ont reçu la moyenne de 30,45 sur 100 en langue arabe contre  37,45 pour ceux de 6ème année. Des résultats en baisse jugés en deçà de la moyenne. 
Comment peut-on interpréter les résultats de ces deux études ? Comme un aveu d’échec du MEN ou comme une attaque contre l’école publique ?  « Les résultats de cette étude sont clairs comme de l’eau de roche, mais il reste néanmoins à signaler que le document de ce département passe sous silence les vraies causes de cette situation », nous a indiqué Abdelaziz Mountassir, membre exécutif de l’Internationale de l’éducation.  D’après lui, les responsables du ministère ne veulent pas ou évitent plutôt de mettre le doigt sur les vrais dysfonctionnements. « La dégradation de la qualité de l’enseignement public n’est pas due aux enseignants mais plutôt à deux facteurs : la nature des manuels proposés par le MEN et la gestion du volume horaire des matières à enseigner. En fait, le ministère a augmenté le nombre de matières sans augmenter pour autant le nombre d’heures d’enseignement. Ainsi,  les professeurs  sont-ils obligés de dispenser trop de matières dans un laps de temps très réduit », nous a-t-il expliqué avant de poursuivre : «  Imaginez qu’un enseignant doit enseigner le français pour 30 à 50 élèves en 20 minutes qu’il ne doit sous aucun prétexte dépasser. Alors comment peut-on enseigner correctement dans une telle situation ?». 
Mais, il n’y a pas que ces deux facteurs qui sont à mettre à l’index, ajoute notre source. L’absence d’enseignement préscolaire a eu de fâcheuses conséquences. « Près de 70% des élèves du primaire ne sont jamais passés par le préscolaire. Et du coup, nombreux sont les enseignants qui se trouvent devant des bambins incapables de lire et d’écrire. Un handicap qui les poursuivra jusqu’au  secondaire d’autant que le ministère de tutelle a choisi la politique des chiffres au détriment de celle de la qualité de l’enseignement », nous a-t-elle précisé. 
Pour cet expert, l’école publique marocaine est dans la ligne de mire de certains hérauts du désengagement de l’Etat de ses responsabilités et investisseurs qui prônent la mise à mort de cette dernière et l’instauration d’un système totalement privé. En effet, les  critiques contre l’enseignement public sont devenues monnaie courante comme en attestent les sorties médiatiques de certaines personnalités publiques appelant, sans oser le dire ouvertement, à une privatisation du secteur. « Il y a une volonté d’anéantir l’école publique afin d’offrir le maximum d’opportunités au secteur privé.  Et ce n’est pas nouveau. La privatisation du marché de l’éducation a déjà commencé dans l’enseignement public supérieur et le tour des autres niveaux est venu avec ses grands sabots qui détruisent tout sur leur passage. Et malheureusement,  ni les syndicats ni les partis politiques ne prennent en compte l’ampleur et le danger de ce qui se passe dans ce secteur », a-t-il conclu. 
 


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1.Posté par Belhajilali le 20/11/2014 20:31
Nous sommes dans un pays où l'enseignement inspirait au pouvoir, et dés l'indépendance, une peur bleue et rappelez-vous le discours d'un certain M'hammed Ben Hima où il déclara sans détours que sur cent écoliers il ne devait y avoir qu'un seul bachelier.Que l'on imagine le reste.Autrement dit,la situation actuelle de l'enseignement n'est rien d'autre que l' aboutissement d'un plan froidement conçu contre les conséquences duquel aucune politique de rapièçage n'a réussi ;les larmes de crocodile,non plus. L'arabisation et la marocanisation des cadres ,deux décisions improvisées ,nullement préparées ont été sans doutes des cadeaux inespérés faits au pouvoir par les partis politiques nationaux inscrits dans l'opposition d'alors lesquels cadeaux ont été les deux premiers clous dans le cercueil de notre enseignement.

2.Posté par BEHRI ABDELAAZIZ le 20/11/2014 21:06
Le MEN a mal dans ses ressources humaines qui, bien que piètres navigateurs, veulent mener le bateau à bon port. En effet, les experts importent tout crus, des programmes qu'ils sont incapables d'appliquer aux réalités marocaines. Ils les confient aux inspecteurs dont la morgue et la vantardise sont proverbiales au sein des enseignants. Au lieu de demander des éclaircissements pour responsabiliser les concepteurs, ils réunissent les professeurs à qui ils se contentent de lire les recommandations. Et si quelqu'un leur demande des explications, ils lui reprochent de chercher de recettes. Ils poussent les praticiens à faire des recherches didactiques. Or c'est le corps inspectoral qui est tenu de le faire. Et les enseignants de patauger.

3.Posté par Plékhanov le 21/11/2014 12:28
Un mot sur le ministre actuel qui reprend l'éducation nationale après en avoir alourdi la facture par ses "ordinateurs" lors de son premier mandat.Le ministère paie en effet depuis des années une grosse somme d'argent en frais d'internet et les machines moisissent dans des sales closes du début à la fin de l'année sans profiter à personne....
C'est encore le seul qui ne cherche qu'à dénigrer aussi bien, les apprenants, les enseignants que ceux qui l'ont précédé au ministère.Il s'accroche d'autre part au principe de la présélection qu'il réimposé dans le recrutement des élèves enseignants ,un privilège accordé aux seuls tricheurs ayant pu gonfler leur moyenne pour l'obtention des diplômes requis..
A son retour,l'année dernière ,les centres de formation des instituteurs,les stagiaires n'ont rien eu mais alors rien appris pour la simple raison avancée par les professeurs:"on ne nous a rien donné ,ni programmes ni matières ,rien.Faites vous-mêmes des recherches."A Fès par exemple, le seul qui leur ait enseigné quelque chose et dont tous se félicitent ,c'est le professeur de la législation.

Pire encore,des stagiaires qui ne parlent pas bèrbère se sont vus confier l'enseignement de l'Amazigh après trois ou quatre mois environ d'apprentissage de cette langue durant lesquels ils ont à peine saisi le Tifinagh!D'ailleurs pour cette histoire,on se demande ce que fait le conseil chargé de la promotion de la dite langue,mais là c'est un autre problème.
C'est Belmokhtar et sa gestion de l'enseignement....
De toute façon ,pour un ministère clé un ministre sans appartenance politique,c'est à dire ne représentant aucun parti qui ait un programme clair, structuré et détaillé,c'est pour moi déjà"Imarte addar aalla bab addar"...

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