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Quel avenir pour le bénévolat à la lumière de l’affaire Mustapha El Amrani ?




Les acteurs associatifs marocains sont-ils en liberté provisoire?


Abdelali Khallad
Lundi 15 Juin 2015

Le drame de Oued Cherrat
Le drame de Oued Cherrat
«Mustapha El Amrani  n’est pas un assassin», est le slogan de la vaste campagne de solidarité avec le président de l’association responsable de l’organisation de la triste excursion qui s’est soldée par la dramatique noyade de onze enfants de Benslimane. 
Accusé d’homicide involontaire, cet acteur associatif et social est poursuivi en état d’arrestation pour un délit qu’il n’a pas commis. Son seul et unique crime, c’est d’avoir adhéré au mouvement associatif et contribué, dans le cadre de son association sportive, à l’encadrement de l’enfance et de la jeunesse marocaine.
Les commentaires solidaires refusent l’imputation de la responsabilité du drame de Skhirat au moniteur qui cherchait à offrir un moment d’évasion aux enfants issus de milieux précaires avec des moyens très simples. 
« El Amrani assurait aux enfants le droit au divertissement qui ne leur a pas été offert par l’Etat. Il aurait fallu reconnaître ses sacrifices et sa bonne foi au lieu de l’incarcérer comme un vulgaire criminel », s’indigne un acteur associatif.
L’affaire Mustapha El Amrani nous rappelle celle de la monitrice incarcérée, à son tour, suite à la mort  de plusieurs  filles dans l’incendie d’une tente à la colonie de vacances de Ben Smim durant l’été 2004. Les autorités publiques ne se sont  pas posé de questions. Elles ont tout simplement imputé l’entière responsabilité du drame à la pauvre monitrice qui a passé plusieurs mois en prison juste parce qu’elle s’est portée bénévole pour l’encadrement d’une dizaine de filles 24h/24 et durant 15 jours dans un centre d’estivage trop mal équipé.
Ces acteurs de la société civile ne sont ni des voleurs, ni des agresseurs, encore moins des trafiquants de drogue. Ce sont de jeunes Marocains qui incarnent un modèle civique tant souhaité par l’ensemble de la société. Ces deux jeunes marocains avec un statut social et professionnel stable qui se sentent responsables envers les enfants de leur pays et ont adhéré au mouvement associatif  parce qu’ils ont cru aux valeurs de partage et de bénévolat comme plusieurs milliers de Marocains jeunes et moins jeunes.
«Je peux dire maintenant que tous les moniteurs et monitrices des associations éducatives marocaines sont en état de liberté provisoire. Ils risquent tous et à tout moment de subir le même sort que Mustapha El Amrani. Des milliers de jeunes Marocains prennent en charge les enfants dans les maisons de jeunes et surtout dans les colonies de vacances. Nous leur adressons un message négatif et dissuasif de le faire!», a regretté le président d’une association éducative.
C’est la triste vérité à laquelle devraient faire face les associations éducatives marocaines : les jeunes bénévoles assument leur responsabilité éducative sans la moindre garantie juridique. Ils risquent  de tout perdre à cause d’un destin que nul ne peut prévoir ou contrôler.
Quel avenir alors pour les valeurs de partage et de bénévolat au Maroc si on continue à imputer toute la responsabilité au maillon faible? Où en est la responsabilité du gouvernement et  des autorités locales et élues?
Plusieurs amis du mouvement associatif m’ont contacté et exprimé des sentiments partagés entre la peur et le regret. Ils m’ont tous fait la même réflexion : «Avec un peu de mauvaise chance, on aurait pu être à la place de Mustapha El Amrani».
Les acteurs associatifs sont actuellement scandalisés par le mutisme du ministère de la Jeunesse et des Sports qui n’a pas levé le petit doigt pour soutenir une association qui s’est  substituée à l’Etat pour combler son manque en moyens humains et logistiques requis pour l’encadrement des enfants et des jeunes de Benslimane.  
«Le ministère de la Jeunesse et des Sports risque beaucoup si cette affaire continue à être traitée avec la même logique. Nous savons tous que l’aboutissement des programmes du ministère qui manque de ressources humaines, repose surtout sur le bénévolat du mouvement associatif marocain », explique un acteur associatif qui a décidé de boycotter les colonies de vacances de cette année.
 


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