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Que peut bien avoir le Maroc avec les affrontements algéro-algériens de Ghardaïa ?

Pour le Pr. Moussaoui Ajlaoui, les accusations d’Alger sont foncièrement absurdes


Mourad Tabet
Jeudi 28 Août 2014

Que peut bien avoir le Maroc avec les affrontements algéro-algériens de Ghardaïa ?
Le régime algérien n’en finit pas de se confondre dans ses contradictions. Après les déclarations des responsables algériens accusant le Maroc d’inonder l’Algérie de drogue, ils tentent maintenant de faire passer une baliverne pour une vérité. En effet, ils veulent à tout prix impliquer le Maroc dans une affaire purement algérienne, celle des affrontements qui ont éclaté récemment entre les communautés mozabites (Ibadites) et Chaâmbas (Mélikites) dans la wilaya de Ghardaïa. 
La presse algérienne a fait état ces derniers jours d’un rapport élaboré par des soi-disant académiciens algériens et remis au Premier ministre Abdelmalek Sellal, soutenant que les affrontements de Ghardaïa sont loin d’être des affrontements à caractère intercommunautaire, tout en accusant le Maroc d’en être l’instigateur pour semer le trouble en Algérie.
Pourquoi l’Algérie veut-elle impliquer le Maroc dans une affaire purement interne? Pour Moussaoui Ajlaoui, professeur à l’Institut des études africaines de l’Université Mohammed V à Rabat, ces accusations sont foncièrement absurdes. Pour preuve, le conflit entre les Mozabites et les Chaâmbas ne date pas d’aujourd’hui, mais remonte plutôt à l’époque coloniale, c’est-à-dire à une époque où le Maroc était sous occupation française. Donc accuser le Maroc d’en être l’instigateur n’a ni queue ni tête.
L’Etat algérien, selon le professeur Ajlaoui, souffre d’un problème éternel. Au lieu de chercher des réponses aux problématiques de la société, il rejette la responsabilité de ses maux sur le Maroc pour détourner les Algériens des vrais et graves problèmes qui secouent le pays. Et d’ajouter : «L’Etat algérien se réfère toujours à la révolution et véhicule un discours politico-médiatique selon lequel cette révolution est menacée par deux ennemis : la France et le Maroc. C’est un discours qui se réfère toujours au passé et passe sous silence le présent et le futur », a-t-il expliqué dans une déclaration à Libé.
En plus, ces conflits sociaux y compris celui entre les Malikites et les Ibadites, précise-t-il, ont toujours été instrumentalisés par le pouvoir algérien à des fins politiques. 
Par ailleurs, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a révoqué Abdelaziz Belkhadem de toutes les structures de l’Etat. Selon le journal algérien Liberté, le président Bouteflika "a pris un décret en vertu duquel il a mis fin aux fonctions de Abdelaziz Belkhadem en qualité de ministre d'Etat, conseiller spécial à la présidence de la République, ainsi qu'à toutes ses activités en relation avec l'ensemble des structures de l'Etat».
Plusieurs lectures ont été données à cette décision surprenante prise dans l’opacité la plus totale. D’aucuns avanceront que ce limogeage serait lié à  «l’ambition présidentielle de Abdelaziz Belkhadem qui se voit comme «le successeur légitime» de Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’Etat » (le journal El Watan), d’autres estiment qu’il s’agit d’une lutte de clans au sommet de l’Etat algérien.
Pour Tajeddine El Husseini, professeur des relations  internationales à l'Université Mohammed V Rabat, la décision de Bouteflika confirme « la crise de personnalisation du pouvoir », dont souffre le régime algérien, et reflète  « le caractère global et autoritaire du régime algérien, qui ne respecte pas les fondamentaux  démocratiques ».
«Ce genre de décisions passe, normalement dans les régimes démocratiques, par  les appareils de contrôle, qui permettent au président d'exercer son pouvoir,  et non par des décisions présidentielles prises de manière personnelle et  unilatérale », a-t-il affirmé dans une déclaration à la MAP. 
Il a, par ailleurs, ajouté que cette décision s’explique « par des conflits de pouvoir en Algérie entre des personnalités centrales au sein du FLN, le parti du président Abdelaziz Bouteflika, et dans l'appareil militaire algérien ».  


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1.Posté par najim le 28/08/2014 06:52
En plus de l'impasse institutionnelle, l’économie algérienne fait face à des perspectives sombres, qui ne peuvent être éludées par de simples effets d’annonce destinés à dissimuler la réalité que le pays est entré en période de vaches maigres à cause d’une folie dépensière, d’une gestion chaotique du secteur des hydrocarbures, dont les recettes faramineuses avaient permis, un certain temps, des largesses financières rongées par une politique subventionnelles à tout-va. La finalité était de s’assurer une paix sociale, devenue plus qu’hypothétique et dont l’effet ne peut durer éternellement, avec une prise de conscience du gâchis commis au cours des dernières années, où l’espoir d’un renouveau économique a été tué par la destruction des secteurs productifs et l’émergence d’une caste de profiteurs inféodés au régime.

La situation politique et sociale en Algérie est aussi confuse qu’explosive, au point de pousser un démocrate comme Mouloud Hamrouche, chef de gouvernement instigateur de l’ouverture de la fin des années 1980, à demander l’intervention de l’armée pour sauver le pays de l’abîme. Un appel qu’on ne lance normalement que dans les moments de grande détresse. D’ailleurs, Mouloud Hamrouche n’est plus le seul à évoquer un tel scénario. Beaucoup de personnalités ne se voilent plus la face pour demander l’intervention de l’institution militaire afin de mettre le pays à l’abri d’une implosion catastrophique du régime.
 En homme averti, M. Benflis s’interroge: "Qui est véritablement aux commandes de l’Etat ? Où est-il ? Que fait-il ?". 

2.Posté par Ben Mansour le 29/08/2014 00:41
Commentaire lu :

La chute finale...
Le régime militaire algérien est en phase terminale. Le Sahara et le Sahel sont son tombeau ! Un régime haineux, qui nourrit la haine et la discorde entre les peuples du Maghreb jusqu'au sein même de son propre peuple. Ses mensonges éhontés, les présentations fallacieuses de sa propagande politique et sa presse aux ordres, ne trompent plus personnes. L’élection de Bouteflika pour un quatrième mandat, est ce signe annonciateur du processus inéluctable de la fin du cycle d’une génération d’hommes politiques pourris, corrompus et incultes qui gouvernent l'Algérie depuis 1963. Espérons que la fin de ce cycle soit un simple enterrement sans douleurs, et surtout sans dommage ni drames inconsidérés.

3.Posté par Khalid le 29/08/2014 16:51
Un régime qui ne voit aucun inconvénient à "élire" un président dont l'état de santé est vacillant, une lutte impitoyable entre clans rivaux (qui n'a rien à voir avec des divergences entre tendance politiques), un chef d'Etat qui se comporte comme un potentat en virant sans autre forme de procès son plus proche collaborateur, une crise économique et sociale suffocante, des velléités d'action à l'étranger, une quasi faillite dans ses relations avec les voisins, une peur viscérale d'être contaminé par une guerre civile sur sa frontière est, un début de guerre civile au pays Mozabite, une campagne haineuse permanente contre le voisin de l'ouest, des chefs militaires qui traînent des soupçons de crimes contre l'humanité lors de la crise des années 90 (200.000 morts), et qui se sont lancés dans une inquiétante et très coûteuse course aux armements, un acharnement à perpétuer la fiction d'une république imaginaire à la frontière sud de l'un de ses voisins, l’expulsion à la mode GESTAPO de 350.000 ressortissants de son voisin de l’ouest, voilà en quelques traits un résumé de l'état d'un beau pays qui avait tout pour faire le bonheur de son peuple. Ses dirigeants actuels savent normalement qu'ils l'ont mené dans une impasse. Mais il y a très peu de chance qu'ils le reconnaissent. En revanche, sa courte histoire moderne a montré qu'ils pourraient se comporter comme leurs prédécesseurs en pareille situation: une fuite en avant, qui s'est toujours concrétisé par un comportement belliqueux vis à vis du Maroc. En 1963, les dissensions entre factions du FLN (réglées plus tard par un coup d'Etat) ont été camouflées par une agression imaginaire de la part du Maroc. L'insurrection islamiste des années 90 et les terribles massacres qui s'en sont suivis ont été eux aussi mis sur le dos du Maroc. Idem pour le printemps kabyle. Et c'est en toute logique que la guerre civile de Ghardaya est attribuée à un pouvoir surnaturel du Maroc d'intervenir partout dans ce pays (sans aucun début de preuve, il faut le souligner), pays pourtant quadrillé par le DRS et autres officines policières. Il faut craindre que le régime actuel soit tellement étranglé sur tous les plans qu'il finira par recourir à sa méthode habituelle de reporter les causes de sa faillite sur son voisin haï. Avec le souvenir des défaites de 1963 et de 1976 (Amgala) et le désir de revanche qui hante les généraux de la Mouradia, il faut s'attendre à tous de leur part, et surtout au pire.

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