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Prémices d’une année agricole moyenne


Karima Nadir
Mercredi 6 Janvier 2016

La pluie est enfin tombée sur l’ensemble du territoire national. Durant toute cette journée du mardi 5 janvier et la nuit prochaine, la Météo nationale annonce des précipitations pour les plaines atlantiques de Tanger à Sidi Ifni, voire  Tan Tan, ainsi que sur le littoral méditerranéen, le Rif, le Saiss, les plateaux des phosphates et Oulmès, les plaines de Tadla et de Rhamna, les régions  de Tensift et du Souss, l'Atlas et le nord de l'Oriental. Les pluies enregistrées sur une bonne partie du Royaume en fin de semaine dernière et celles annoncées pour les jours qui viennent ravivent ainsi l’espoir d’une saison agricole qui sera certes moyenne.
Or, si les précipitations actuelles peuvent impacter positivement les cultures printanières, il faut reconnaître que la production céréalière, qui constitue plus de la moitié de la production agricole, pourrait être en partie compromise. C’est d’ailleurs sur ce postulat que la Banque centrale s’est basée pour revoir à la baisse le taux de croissance en 2016 à 2,1%. La valeur ajoutée agricole devrait se délester de 4,3%, « sous l’hypothèse d’une production céréalière moyenne », avait annoncé l’institut d’émission. Sauf qu’au l’issue de trois mois de sécheresse, même la production céréalière moyenne souhaitée s’avère une hypothèse peu probable.
En effet, avec l’important retard enregistré dans l’arrivée des précipitations par rapport à l’année précédente, considérée comme une année record en termes de production agricole, les professionnels du secteur espèrent pouvoir sauver ce qui reste de la saison agricole de cette année en tablant notamment sur les cultures printanières. Alors que les professionnels de la filière ont déjà envisagé le pire. « La production céréalière est compromise », avait récemment déclaré Najib Akesbi, économiste et ingénieur agricole ajoutant que la filière céréalière pèse pour 70% dans le secteur agricole. Donc, si cette composante est compromise, tout le reste le sera. D’ailleurs c’est l’agriculture céréalière qui détermine le PIB agricole et cela impacte de facto le PIB.
Le ministère de l’Agriculture ne l’a pas contredit : «La campagne agricole actuelle se caractérise par un retard des précipitations au cours du mois de novembre, ce qui a occasionné à la date d’aujourd’hui un déficit pluviométrique de 47% par rapport à une campagne normale, soit un déficit de 60 mm», indique-t-il dans un communiqué. Mais sur le terrain, la réalité semble plus alarmante dans nombre de régions. «Je crains que la saison soit effectivement compromise pour la céréaliculture. Même si les pluies tombent aujourd’hui, il sera très difficile de redresser la situation», a souligné un céréalier de la région de Doukkala. Les zones pluviales (non irriguées), qui représentent jusqu’à 80% des terres emblavées, s’attendent à une saison difficile. C’est dans ce sens que Najib Akesbi avait signalé à la fin de l’année 2015, que même s’il pleut durant la première moitié de janvier,  seul le végétal pour l’animal sera sauvé. Selon l’expert, le déficit pluviométrique ressort à près de 50% en comparaison avec une année agricole normale. Il faut dire que le modèle agricole marocain se base pour 85% sur les terres du bour, c’est-à-dire la pluie. Seulement 15% des terres sont irriguées par l’eau des barrages.
Et alors que les pluies enregistrées ces derniers jours dans différentes régions du Royaume ravivent les espoirs des agriculteurs, la vigilance doit être de mise. Selon les experts du ministère de l’Agriculture, la pluie reste un événement aléatoire dont on ne peut prévoir, à moyen terme, ni les volumes ni les épisodes. « Le temps qui s’écoule entre deux épisodes pluvieux, peut varier de quelques semaine à quelques mois », ajoutent les experts.
Pour Ahmed Derrab,  secrétaire général de l’Association des producteurs d’agrumes du Maroc (ASPAM),  le ministère a néanmoins l’habitude de prendre un certain nombre de mesures pour accompagner les agriculteurs dans cette phase difficile. Il en est ainsi du rééchelonnement des dettes et du soutien des éleveurs. Il y aussi le chantier de l’assurance agricole qui, selon le ministère, avance bien avec 872.000 hectares couverts à aujourd’hui. L’on reste donc loin de couvrir l’ensemble des agriculteurs. De plus, «le montant des indemnisations demeure modeste et insuffisant pour limiter les pertes», estime notre interlocuteur.


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