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Pas de nouvelle "Jungle" à Calais, mais des jeunes migrants en errance


Vendredi 31 Mars 2017

Cinq mois après le démantèlement de la "Jungle" de Calais, les autorités françaises s'évertuent à lutter contre tout point de fixation, mais des jeunes continuent à errer dans la région, attirés par la Grande-Bretagne voisine, qui vient de se séparer de l'Union européenne.
Memel est Erythréen, il a 16 ans, il a passé quelques semaines à Marseille (sud), dans un centre d'accueil pour mineurs où il espérait une réunification avec son frère en Angleterre.
"On était une cinquantaine, les Britanniques sont venus, ils ont pris dix personnes. Moi non, je n'ai pas compris pourquoi. Alors je suis revenu", explique le jeune homme, qui se réchauffe dans les locaux du Secours catholique, en périphérie de Calais, dans le nord de la France, face aux côtes anglaises.
La nuit, il dort dehors, sans tente, à la merci des conditions météorologiques. "Le pire, c'est à trois heures du matin", explique Amel, un autre Erythréen, en mimant crânement un frisson. Mais il y a aussi les contrôles. "On dormait près d'un parking. La police est arrivée et s'est mise à taper", explique Istri, 15 ans, en montrant son genou.
Combien sont-ils à Calais? Entre 250 et 400 selon le Défenseur des droits Jacques Toubon, "dont plus d'une centaine seraient mineurs". "100 à 200", affirme-t-on au ministère de l'Intérieur, dont "pas tant de mineurs que cela".
Mineurs ou non, "les trois quarts ont moins de vingt ans", nuance Vincent de Coninck, du Secours catholique.
Une cinquantaine viennent chaque jour à la distribution de repas organisée par les associations en fin d'après-midi. Les jeunes engloutissent le riz chaud avant de disparaître vers le port. Leur but est clair: monter dans un camion pour l'Angleterre. "On essaie de passer la nuit, toutes les nuits. On est là pour essayer", explique William, 17 ans.
Ce rêve britannique, pour des jeunes envoyés parfois en défricheurs par leur famille, contribue à la difficulté de la prise en charge. "On peut les amener" dans un centre dédié aux mineurs, "mais ils refusent", assure-t-on à l'Intérieur.
Vincent de Coninck, lui, dénonce surtout un "harcèlement" policier qui conforte les mineurs dans leur projet. "Pour eux la France c'est +police, problème+. L'offre est inaudible".
Après le démantèlement de la "Jungle", quelque 7.000 personnes avaient été prises en charge fin octobre, dont près de 2.000 mineurs. Près de 900 ont pu passer en Grande-Bretagne selon l'Intérieur.
Les associations espéraient beaucoup des promesses du gouvernement sur la prise en charge des migrants, mais ont été déçues d'entendre les appels à "éviter la reconstitution de campements d'infortune".
"Si on laisse faire, le campement se reconstituera à vitesse grand V", explique-t-on aujourd'hui au ministère, en soulignant qu'"il y a eu un vrai soulagement à Calais" après le démantèlement.
Comme à Paris, la priorité est d'agir dès qu'un embryon de campement se reforme. Soucieux de ne pas recréer "un point de fixation", le gouvernement exclut l'ouverture de structures d'accueil à Calais même.
"On ne croit pas à l'appel d'air, les gens ne viendraient pas plus nombreux parce qu'on offre un repas et une paire de chaussettes", assure pour sa part François Guennoc de l'Auberge des migrants.
C'est bien la situation géographique de Calais, qui attire d'abord les migrants.
"Calais reste proche de Douvres", en Angleterre, "c'est tout le défi", reconnaît-on à l'Intérieur. Mais si un campement se reconstitue, "ça deviendra encore plus difficile à gérer".
Pour M. de Coninck, le calendrier électoral pèse aussi, avec l'élection présidentielle en avril-mai et les législatives en juin: "Les pouvoirs publics savent inéluctable la reconstitution de campements. Ils veulent refiler la complexité du dossier aux suivants".


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