Loubna Abidar nominée au César de la meilleure actrice


Mehdi Ouassat
Vendredi 29 Janvier 2016

Si sa carrière n’a pas décollé autant qu’elle le
souhaitait au Maroc, Loubna Abidar semble être
sur la bonne voie en France. L’actrice du très
controversé «Much Loved» de Nabil Ayouch vient d’être nominée pour le César de la meilleure actrice. Abidar  sera ainsi en compétition avec de grands noms du 7ème art, dont Catherine Deneuve et
Isabelle Huppert.  


En pleine polémique sur le manque de diversité aux Oscars, l’Académie des Césars a dévoilé des nominations cosmopolites. Aux côtés des grands noms du cinéma français figurent des artistes étrangers peu connus du grand public hexagonal. Parmi eux, l’actrice marocaine Loubna Abidar qui est nominée au César de la meilleure actrice pour son rôle de prostituée dans le film du réalisateur franco-marocain Nabil Ayouch. «C’est un jour de grand bonheur pour «Much Loved». J'ai envie de me réjouir et d'être heureux pour cette nouvelle», a déclaré ce dernier, tout en rappelant que «Loubna Abidar est la première actrice marocaine à être nominée au César dans une catégorie aussi prestigieuse, aux côtés d'actrices de talent comme Isabelle Huppert et Catherine Deneuve». «Se faire censurer par Mustapha El Khalfi» est-il donc le meilleur moyen de passer de l’anonymat à la célébrité ? En tout cas, c’est ce qui est arrivé à Abidar qui a su trouver le chemin de la gloire et des plus grandes consécrations du 7ème art, après seulement quelques mois de carrière.
Présenté à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes en mai dernier, «Much Loved» a déchaîné les passions au Maroc. Traitant du monde impitoyable de la prostitution à Marrakech, il a été interdit au Royaume par Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication, pour «outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine».
Il faut dire que ce qui fait l’échec artistique de ce film, c’est que le réalisateur ne semble rien vouloir raconter d’autre que le quotidien de trois prostituées de Marrakech, privilégiant un montage parfois heurté qui ne s’encombre pas de vouloir à tout prix proposer une progression dramatique.
«Le film pèche par son ambiguïté», estime Isabelle Regnier, citrique de cinéma au sein du quotidien français «Le Monde», critiquant «l’attitude affichée de briseur de tabous de l’auteur, les bons sentiments dont il se drape en faisant de ses héroïnes les victimes expiatoires d’une société corrompue jusqu’à l’os», qui «n’effacent pas le regard concupiscent qu’il pose sur ses actrices». D'autant plus que «s'il prend le parti d’éluder les scènes de sexe tarifé, pour leur opposer une scène d’amour véritable, il tourne celle-ci comme s’il faisait un porno».
Notons enfin que lorsque l'enveloppe portant le nom de l'actrice sacrée sera ouverte, le 26 février prochain, on pourrait bien voir le nom de Loubna Abidar en sortir. Si c'est le cas, ce sera une consécration importante puisqu'elle fera définitivement entrer le nom de l'actrice marocaine dans l'histoire du cinéma français et lui ouvrir les portes d'autres productions cinématographiques. Une chose est sûre, sur l'estrade du théâtre du Chatelet à Paris, l'actrice marocaine retiendra son souffle au moment de l'annonce de la «Meilleure actrice». A moins qu’une autre actrice comme Soria Rezoual ne lui vole la vedette.


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1.Posté par DR IDRISSI MY AHMED.. le 29/01/2016 02:28
El Khalfi, faiseur de César ?

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