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Les propriétés d'une image influencent la perception du temps


Libé
Dimanche 28 Avril 2024

Certaines propriétés d'une image influent sur la perception du temps chez l'humain qui la regarde, selon une étude scientifique parue  dans la revue Nature, qui suggère aussi un lien avec la faculté à mémoriser une scène.

"Il y a beaucoup de travaux depuis vingt ans montrant que le temps semble intrinsèquement lié à des caractères sensoriels", a expliqué le professeur Martin Wiener, du département de psychologie de l'Université américaine George Mason, lors d'une conférence de presse.

L'étude de son laboratoire suggère que les circuits visuels influent ou construisent le temps perçu à regarder quelque chose. Avec plusieurs facteurs entrant en jeu, dont la taille de la scène et son plus ou moins grand désordre, et par ailleurs si elle est plus ou moins mémorable.

Les chercheurs ont d'abord présenté à des personnes des séries d'images de scènes combinant les facteurs de taille et de désordre: une chambre vide ou pleine d'objets, ou encore un stade de football vide de spectateurs et une longue rue commerçante débordant d'échoppes.

Après chaque présentation d'une image, pendant une durée variable allant de 1/3 à 9/10e de seconde, le sujet devait estimer rapidement si cette présentation était "courte" ou "longue".
"Nous avons découvert que la taille de la scène et son encombrement poussaient la perception du temps dans des directions opposées", a indiqué le Pr Wiener.

Plus la taille de la scène présentée était grande, plus le sujet avait l'impression de l'avoir regardée longtemps, et inversement plus elle était encombrée de choses plus elle paraissait courte à l'observateur.
L'étude va plus loin en établissant un lien entre la perception du temps et la mémorabilité d'une scène, c'est-à-dire son caractère plus ou moins mémorable.

Les chercheurs ont utilisé une base d'images, LaMem, constituée par le Massachussets Institute of Technology à partir de 60.000 images annotées pour leur plus ou moins grande mémorabilité. Comme la photo d'un paysage banal montrant des collines à l'horizon et un ciel neutre, à un extrême, et celle à l'autre d'une marionnette très colorée.

En les présentant à un autre groupe d'observateurs, "nous avons trouvé que les images les plus mémorables sont aussi dilatées en temps" pour la personne qui les regarde, selon le Pr Wiener.

Les scientifiques savaient déjà qu'on mémorise mieux une image montrée plus longtemps. L'étude dans Nature montre pour la première fois que c'est aussi vrai pour une exposition "perçue subjectivement comme de plus longue durée", selon le chercheur.

Son équipe a ensuite utilisé un modèle informatique de catégorisation d'images bien particulier, incorporant un facteur de temps, pour reproduire la tâche soumise aux humains. Ce modèle a confirmé que les images les plus mémorables sont traitées plus rapidement et plus efficacement par le système visuel.

Autrement dit quand on regarde quelque chose qui nous importe, "nous dilatons notre perception du temps pour acquérir plus d'informations", et donc mieux nous en souvenir, selon le Pr Wiener.
L'effet étudié dans son département de psychologie n'exclut pas les autres mécanismes d'élaboration du temps chez un individu.

Comme celui résultant d'un son, traité plus rapidement que la vue par le cerveau, de la couleur d'un objet, le rouge altérant plus la perception de durée que le bleu. Sans parler des émotions, comme le stress, qui font que "le temps paraît s'étirer pour une personne très excitée". Ou du fait que plus on attend quelque chose, plus le temps paraît long...

Des travaux qui intéressent au premier chef la communauté de l'intelligence artificielle, selon le Pr Wiener, afin d'obtenir des systèmes qui puissent "mieux interagir avec les humains".

Comprendre comment l'humain "fabrique" sa perception du temps est aussi utile pour la recherche médicale, qui cherche par exemple à savoir pourquoi la perception du temps est affectée dans des affections comme la maladie de Parkinson ou la schizophrénie.


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