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Les migrants subsahariens vivant au Sud ​du Maroc s’en sortent mieux que ceux au Nord

Un rapport dresse un état des lieux mitigé


Hassan Bentaleb
Lundi 20 Octobre 2014

Les migrants  subsahariens vivant au Sud ​du Maroc s’en sortent mieux que ceux au Nord
Les migrants subsahariens vivant au Sud du Maroc sont mieux lotis que ceux du Nord. Ils ont plus de facilités d’accès au logement, à l’éducation, à la santé et au travail et sont moins victimes d’actes racistes et discriminatoires. C’est ce qui ressort du rapport « Situation des migrants dans le Sud du Maroc » récemment publié. 
Elaboré par le Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (GADEM), l’Association lumière sur l’émigration clandestine au Maghreb (ALECMA), le Collectif des communautés subsahariennes au Maroc (CCSM) et la Mission catholique de Nouadhibou dans le but  de s’informer sur la situation et les violations des droits des migrants dans la région Sud du Maroc, le rapport a révélé que les Subsahariens  se voient moins refuser l’accès à certains droits fondamentaux que dans d’autres régions du Maroc.  Ainsi, ledit rapport indique qu’« à l’inverse de ce qui se passe dans la plupart des grandes villes du Maroc, il semblerait que les migrants vivant dans le Sud aient moins de difficultés à se procurer leurs documents d’état civil auprès des administrations. Même constat est enregistré au niveau d’accès à la santé puisque la plupart des personnes interrogées disent ne pas avoir rencontré de problème d’accès à l’hôpital public qui se ferait dans les mêmes conditions que les Marocains. 
Les enfants de ces migrants ont aussi l’accès facile à l’éducation comme en atteste un  représentant d’une association sénégalaise à Laâyoune, qui témoigne que le nombre d’enfants de migrants inscrits à l’école publique est important.
Concernant l’accès au logement, le document en question démontre qu’« à la différence de villes comme Rabat où les migrants n’arrivent généralement pas à avoir un contrat de bail, l’accès au logement dans les villes de Dakhla, Boujdour et Laâyoune ne semble pas non plus être un problème d’après les témoignages recueillis. Le prix des locations est, dans l’ensemble, le même pour les étrangers que pour les Marocains ».
Les migrants subsahariens dans le Sud constituent également une main-d’œuvre demandée. Ils ont plus de facilité d’accès au marché du travail notamment dans le secteur de transformation des produits de la pêche, la construction, l’hôtellerie/restauration et le commerce ambulant. Ils travaillent aussi dans l’élevage où ils sont bergers. Certaines femmes travaillent également à l’usine. D’autres font le ménage dans les hôtels, les campings ou les foyers marocains. 
Pourtant, le rapport précise que les conditions de travail des migrants dans les villes du Sud du Maroc ne diffèrent pas tellement de celles d’autres villes du Royaume. « Le problème majeur qui ressort de la plupart des témoignages correspond à une des préoccupations généralisées à tout le Maroc, quelle que soit l’origine ou la situation administrative de la personne et concerne l’absence ou la non conformité des contrats de travail », indique le rapport.  Une absence généralisée qui préoccupe des acteurs locaux (associations de migrants, CRDH, etc.) car cela entraîne d’autres problèmes : absence de justificatifs pour l’opération de régularisation, absence de couverture sociale et plus grave encore, des grands retards de paiement des salaires.
Autre fait marquant dans le rapport « Situation des migrants dans le Sud du Maroc », ces migrants subsahariens sont, au quotidien, moins victimes d’actes racistes de la part de la population locale que dans d’autres villes du Maroc, comme à Tanger, Rabat ou Casablanca par exemple.
Les Conseils régionaux des droits de l’Homme (CRDH) brossent même un tableau assez «idyllique» de la situation : «La situation est plutôt bonne parce que tous les migrants travaillent. […] La population de Dakhla est très compréhensive par rapport à la religion et respecte les chrétiens. Il y a même une église», a indiqué le CRDH de Dakhla. « Ici il n’y a pas de conflit entre les habitants et les immigrés. Il n’y a pas de racisme comme dans le Nord. […] Nous n’avons jamais reçu de plainte pour des actes de racisme ou de discrimination. […] Nous n’avons pas constaté que les migrants commerçants ont des problèmes. […] le CRDH essaye de faire l’intégration des migrants petit à petit. Nous ne pouvons pas faire tout en même temps. C’est pour éviter des confrontations avec la population marocaine», a précisé le CRDH de Laâyoune.
Cette situation s’expliquerait en partie par le fait que la plupart des migrants à Dakhla, Laâyoune et Boujdour sont dans une situation moins précaire que dans les autres villes, car la plupart d’entre eux travaillent.
Le même constat est fait par le Bureau des étrangers de la wilaya de Dakhla et par un membre de l’Organisation démocratique du travail (ODT) : « Il n’y a pas de problème ici car ils travaillent tous. Le seul problème, c’est le séjour. […] A Laâyoune, par contre, ils n’ont pas de contact avec les Marocains ».
Les migrants, de leur côté, dépeignent un tableau plus contrasté. Cependant, ceux qui ont vécu auparavant dans d’autres villes du Maroc constatent la différence de traitement: «Les gens ne s’occupent pas trop des migrants ici. Ça va relativement bien. C’est parce que presque tous travaillent ici ou sont seulement de passage. C’est différent à Rabat et Casa où les migrants ne trouvent pas de travail sauf dans les centres d’appels. […] Il y a quand même des insultes ou des commentaires racistes [je comprends l’arabe] mais j’ai dépassé cela, mais d’autres vont se sentir blessés», a témoigné  D, Camerounais ayant vécu 5 ans à Rabat et Casablanca et installé à Dakhla depuis 3 ans.
D’autres soulignent que le racisme existe, mais qu’il n’est pas quotidien et que cela ne les affecte pas particulièrement. Les autres témoignages font état d’actes racistes venant soit de la part d’enfants, soit de la part de jeunes, soit de la part de collègues de travail.  
Cependant, les rédacteurs dudit rapport ont tenu à préciser que la situation des migrants subsahariens au Sud n’est pas toute rose et que des violations et atteintes, parfois graves, aux droits de l’Homme sont enregistrées. C’est pourquoi ils demandent plus de respect des lois et de la dignité humaine de ces migrants.  
 


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