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Les islamistes algériens dénoncent une fraude massive aux législatives


Libé
Lundi 8 Mai 2017

L'abstention confirme la déconnexion entre la majeure partie des Algériens et leur classe politique, selon la presse espagnole

La principale coalition islamiste en Algérie, arrivée troisième aux législatives, a accusé samedi les partis au pouvoir de bourrage d'urnes, menaces et violences contre ses militants, affirmant qu'elle serait arrivée en tête sans la fraude.
Le Front de libération nationale (FLN) du président Abdelaziz Bouteflika et son allié du Rassemblement national démocratique (RND) ont remporté la majorité absolue aux législatives, selon les résultats officiels annoncés vendredi, dans un scrutin marqué par une forte abstention.
Mais, Abderrazak Makri, premier responsable du Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamiste) qui a présenté des listes communes avec le Front du changement (FC) a affirmé que la fraude de 2017 a dépassé celle des élections législatives de 1997.
"Des dossiers seront transmis au Conseil constitutionnel", pour le recours, a-t-il affirmé.
"L'administration a permis aux +baltaguia+ (voyous) du FLN et du RND de bourrer les urnes et d'user de la violence sans intervenir", a accusé M. Makri dont la coalition a obtenu 33 sièges et la troisième place.
Au total, les partis islamistes obtiennent 67 sièges contre 60 en 2012, un rebond moins fort que ce qu'ils espéraient.
Mais, M. Makri a affirmé que 70% des bureaux de vote n'avaient pas d'observateurs pour surveiller le scrutin en raison d'une mauvaise interprétation de la loi électorale. Selon le leader islamiste, dans plusieurs wilayas (département) les procès verbaux en possession de son parti ne concordent pas avec les PV finaux.
Alors que le taux de participation a été de seulement 37%, M. Makri a estimé l'abstention diminuera considérablement lorsque les Algériens assisteront à une élection propre et honnête. Selon lui, il y aurait eu "plus de deux millions de bulletins blancs" sur huit millions de votants.
En dépit de cette situation, M. Makri n'est pas partisan d'une démission collective des députés du mouvement indiquant préférer le changement des institutions par l'intérieur.
Par ailleurs, une partie de la presse algérienne se demandait samedi qui "écoutera la grogne populaire", au lendemain de la publication des résultats des élections législatives, marquées par une forte abstention et la reconduction sans surprise des partis au pouvoir.
Dans un pays frappé par une crise économique et sociale, le Front de libération nationale (FLN) du président Abdelaziz Bouteflika a gardé sa place centrale sur l'échiquier politique, même s'il a perdu plus de 50 sièges à la Chambre basse du Parlement.
Le FLN conserve la majorité absolue grâce à son allié du Rassemblement national démocratique, en nette progression. La principale coalition islamiste a obtenu la troisième place et les partis de la mouvance démocratique ont subi un échec.
Alors que le taux de participation a été de seulement 37%, le quotidien francophone El Watan titrait en Une sur la "légitimité trop fragile" de la nouvelle Assemblée nationale populaire.
"Cette situation entachera très sérieusement la crédibilité du Parlement appelé pourtant à prendre des décisions économiques cruciales", indiquait pour sa part le quotidien francophone L'Expression.
Le quotidien arabophone El Khabar s'interrogeait de son côté sur le parti vainqueur: "Majoritaire au sein de la minorité" (ndlr: les Algériens qui ont voté) ou "Minoritaire au sein de la majorité" (ndlr: l'ensemble du corps électoral algérien) ?
Dans un éditorial, le quotidien Liberté soulignait qu'une "majorité a soit boudé les urnes, soit glissé un bulletin blanc" ou nul et que les Algériens "ont peu confiance" en leurs députés.
Pour le quotidien arabophone Echourouk, le "jeu (sera) fermé au prochain Parlement": "Les partis au pouvoir ont la majorité, les autres ne sont qu'un décor".
Samedi des quotidiens espagnols ont estimé que le taux élevé d’abstention aux élections législatives en Algérie, qui a atteint les 62,75%, confirme la déconnexion qui existe entre la majeure partie de la population et sa classe politique.  
Dans un article intitulé "La forte abstention marque les législatives en Algérie", La Vanguardia souligne qu’en boycottant les urnes jeudi dernier, "la population a montré son rejet du pouvoir et des partis qui acceptent de jouer son jeu".
L’abstention élevée met également en évidence le peu d’importance accordée à la composition du Parlement dans un régime présidentiel comme celui de l’Algérie, écrit le journal, notant qu’au final, ce sont les appels au boycott des élections qui ont gagné jeudi.
"Il ne s’agit pas d’une indifférence, mais d’un refus du système", explique Miguel Hernando de Larramendi, professeur d’histoire du monde arabe contemporain à l’Université de Castille-La Manche, cité par la publication, rappelant que les manifestations de protestation se sont multipliées dans le sud et en Kabylie pour des questions économiques et sociales.
De son côté, El Mundo relève que les résultats de ces élections, qui maintiennent le statu quo, "cachent à peine une grande fracture : la déconnexion entre les citoyens et leurs dirigeants".
Le taux d’abstention reflète l’indifférence de l’électorat qui ne croit plus à ce processus politique, ajoute le quotidien.
"Plus que jamais, le pouvoir ne peut plus dissimuler son divorce du peuple", affirme à El Mundo Hichem Aboud, journaliste et opposant, estimant que le faible taux de participation "traduit la colère des citoyens contre la fraude massive devenue une marque de fabrique du régime algérien".


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