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Les infirmiers, ces mal-aimés du ministère de la Santé


Par Zoheir Maazi
Lundi 17 Mars 2014

Les infirmiers, ces mal-aimés du ministère de la Santé
Une rencontre est prévue aujourd’hui entre le ministre de la Santé et les syndicats représentatifs du secteur. A cette occasion, nous dressons un tableau de ce corps de métier qui compte 30.000 professionnels dans le secteur public, en l’occurrence les infirmiers.
Pour le simple citoyen, l’infirmier est celui qui porte la blouse blanche dans un milieu hospitalier et travaille chez le médecin. C’est un exécuteur des ordonnances médicales. 
Le projet de loi des professions infirmières propose la définition suivante : «Une profession infirmière est toute profession qui consiste dans la planification et la mise en œuvre des soins préventifs, curatifs ou palliatifs requis par l’état de santé des individus de tout âge et de la collectivité.
Les infirmières et les infirmiers fournissent des services de santé essentiels en coordination avec les professionnels du système de santé et les autres professions du secteur social et éducatif. Ils doivent apporter leur concours à l’action de l’Etat visant la protection de la santé publique, la promotion de la santé et l’éducation sanitaire. Ils participent, en outre, aux actions de planification, d’encadrement, de formation, de gestion et de recherche en soins infirmiers».
Le Petit Larousse de médecine définit l’infirmier comme une personne habilitée à donner des soins sur prescriptions médicales ou en fonction de son rôle propre.
Dans cet article, on va tenter d’analyser la situation actuelle de la communauté infirmière au Maroc, et chercher des alternatives pour que l’infirmier bénéficie des politiques de santé et trouve sa place dans le paysage politique national. Ce sont des recommandations pour renforcer le rendement des organisations démocratiques des infirmiers.
Que s’est-il passé ?
Etre infirmier est une des rares professions au niveau mondial où il n’y a pas de chômage, et qui a connu une progression vers un système de formation universitaire. Elle est parmi les métiers les plus rentables et valorisés dans toutes les sociétés modernes.
Au niveau national, notre pays a toujours souffert dès l’indépendance d’une pénurie en personnel infirmier vu le départ des personnels français et le programme d’ajustement structurel (PAS) de 1983 malgré la demande sociale et le besoin énorme. L’absence d’une politique des ressources humaines infirmières, l’hésitation du secteur de tutelle à réformer le système de formation de base, et la dévalorisation «institutionnelle» du métier nous montrent que l’infirmier n’a jamais été une priorité chez le décideur politique.
Pour se défendre, les infirmiers du Maroc ont adhéré au militantisme syndical, notamment le Syndicat national de la santé, puis l’Organisation démocratique de santé, et ont fondé des associations comme l’Association marocaine des sciences infirmières et techniques de santé (AMSITS) et l’Association nationale des sages-femmes au Maroc (ANSFM). Ces organisations ont revendiqué la valorisation de l’infirmier par la modernisation du système de formation de base, la mise à niveau des statuts et textes législatifs et l’instauration de l’ordre national de l’infirmier. Elles ont rendu ces revendications basiques et généralisées chez toute la communauté infirmière. D’ailleurs, elles ont même proposé des textes de loi pour la réglementation des métiers infirmiers (atelier de Mahedia de l’AMSITS et le 2e Congrès national de l’ANSFM).
Ce parcours trouve sa continuité au sein des mouvements sociaux des étudiants infirmiers :«le Comité national de coordination» et la nouvelle génération des infirmiers.
Que se passe-t-il ?
Pour mieux comprendre la situation actuelle de la communauté infirmière marocaine, on propose de faire deux analyses : interne et externe.
Concernant le milieu interne de la communauté infirmière, on a trois remarques. D’abord, les infirmiers sont nombreux (presque 30.000 dans le secteur public seulement), mais ils sont mal-organisés. Ensuite, il y a une nouvelle génération des infirmières engagées (complémentaire et militante), mais elle manque d’expérience et souffre de la mauvaise image de l’infirmier (manque de confiance et corruption). Enfin, les infirmiers ont un rôle important dans la mise en œuvre des politiques sanitaires (soins de proximité) ; pourtant ils sont dévalorisés par les décideurs politiques. Voilà  pourquoi les droits des infirmiers ne sont pas pris en considération dans les couloirs du ministère.
Dans le milieu externe, plusieurs opportunités s’ouvrent pour les infirmiers. Primo, le gouvernement avoue qu’il y a une pénurie de 9.000 infirmiers et la demande sociale sur la santé s’accroît (protestations, presse, rapports..). Ce qui signifie que l’Etat a besoin de ces infirmiers. Secundo, il y a des projets de réformes profondes du système national de santé dont la réforme paramédicale (statuts, conseils, instauration du système LMD). Tertio, nous vivons dans le contexte de la nouvelle Constitution qui garantit la liberté d’expression, d’organisation et les droits syndicaux.
En revanche, des menaces peuvent peser sur les infirmiers. D’abord, nous avons un gouvernement de droite qui relègue la santé du citoyen et ne la considère pas comme une priorité dans l’agenda politique. Pour preuve, le budget du secteur n’a pas augmenté selon la recommandation de l’OMS (10%). Ensuite, le lobbying médical et du secteur privé peut aussi exercer des pressions pour résister au changement. Enfin, la balkanisation du champ syndical et les conflits inter-organisations professionnelles sont des facteurs qui freinent la concrétisation des revendications des infirmiers.
Que faire ?
Une réalité que les infirmiers doivent comprendre : l’attentisme ne change rien ; il faut quitter le mode «pause» et s’engager dans les ONG, les syndicats et même les partis politiques pour être présent dans la société et bénéficier du fruit des actions politiques. Autrement dit, les efforts de l’infirmier qui cherche une solution personnelle demeurent toujours un coup d’épée dans l’eau.
Et pour faire face à la faiblesse des institutions, spécialement les syndicats, on propose la stratégie du changement à l’intérieur. La nouvelle génération des infirmiers qui militent dans les mouvements sociaux peuvent donner un nouveau souffle et imposer des formes de coordination verticales entre les syndicats qui défendent la cause infirmière, dans la perspective d’une éventuelle fusion.
Il est vrai que les syndicats au niveau national et mondial sont en crise, mais ils sont encore essentiels comme mécanisme de protection contre le patronat et l’administration. Ce qu’il faut faire, c’est adopter de nouvelles tactiques: l’Empowerment, la sensibilisation, la mobilisation, le plaidoyer, le réseautage, la proposition, le lobbying et le suivi et l’évaluation des politiques publiques.
Sachant que les infirmiers sont partie prenante dans la dynamique sociale, il faut créer des liens logiques entre les revendications infirmières et les droits des patients et citoyens à la santé pour élargir le cercle de nos alliés dans la société civile, le Parlement et les médias.
La pensée infirmière ne peut pas être une idéologie ou un style de vie. L’infirmier est un citoyen avant tout ; donc, il a besoin de vivre dans une société démocratique et dans un Etat de droit. Voila pourquoi il est essentiel de lier  l’engagement infirmier au militantisme pour la démocratie et la justice sociale dans ce pays.
Pour conclure, l’infirmier était une victime «historique» de la négligence et de l’indifférence administrative. Malgré son rôle incontournable comme agent de développement humain et acteur fondamental dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques de santé surtout au niveau basique, l’infirmier demeure également victime d’une dévalorisation de la société consécutive à la négligence précitée. Ainsi, l’amélioration des conditions des infirmiers va sûrement améliorer la santé des Marocains.
 
Infirmier en anesthésie 
et réanimation
Secrétaire  de la Jeunesse 
ittihadia à Azilal
 


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1.Posté par Zouhir ABBI le 22/03/2014 10:37
voilà cher zouhir, c'est intéressant ce qui tu viens d'écrire, important , et tu as raison, vraiment c'est touchant d'avoir un Etat qui est loin d un politique sanitaire qui repond aux recommandations de L OMS , la santé c'est la base de tout développement , or au MAROC on est loin trop loin , espérant le bouge des syndicat, des association , CNC, .. change tou ça vers le mieux inchalah, les infirmiers c'est la base de la réussite de toute politique sanitaire, et voilà l 'Etat est sensé de répondre au dossier revendicatif des infir , .. اللهم يسر ولا تعسر

/ Zouhir ABBI, Etudiant infirmier, 3eme année, IFCS MEKNES /

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