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Les établissements de protection sociale d’Essaouira entre le marteau et l’enclume

486 pensionnaires dans un centre dont la capacité d’accueil ne dépasse pas les 240 places


Abdelali Khallad
Samedi 30 Novembre 2013

Les établissements de protection sociale d’Essaouira entre le marteau et l’enclume
Le réseau des services sociaux et pédagogiques de l’Entraide nationale à Essaouira profite à plus de 9000 bénéficiaires au titre de l’année sociale 2013/2014. Un réseau qui couvre le territoire de la province et comporte  31 établissements de protection sociale, plusieurs centres d’éducation et de formation, des jardins d’enfants ainsi que la maison du citoyen dont le nombre d’adhérents s’élève  à 932.
Les établissements de protection sociale régis par la loi n° 14-05 relative aux conditions d’ouverture et de gestion de ces établissements ont occupé l’essentiel de la rencontre de «Libé» avec Khadija El Bazi, déléguée de l’Entraide nationale à Essaouira. Cette dernière a mis en avant les efforts déployés par son département  afin de mettre à niveau lesdits établissements en vue de les adapter aux conditions imposées par la loi 14.05. Elle a par ailleurs confirmé que 9 des 31 établissements gérés par son institution ne répondent toujours pas aux critères requis. Un dossier qui requiert actuellement la priorité pour son administration.
Les dispositions de la loi 14.05  qui a soumis l’ouverture de tout établissement à autorisation préalable de l’administration, s’appliquent aux établissements de protection sociale dont l’objet est de prendre en charge de façon permanente ou provisoire, totale ou partielle   toute personne, des deux sexes, se trouvant dans une situation de difficulté, de précarité ou d’indigence, notamment les enfants abandonnés au sens de l’article premier de la loi n° 15.01, les femmes en situation d’abandon familial ou d’exclusion, les personnes âgées sans soutien, et les personnes handicapées en leur  assurant  l’hébergement, l’alimentation, les soins paramédicaux et le suivi socio-éducatif, dans le respect de leur intégrité physique,  de leur dignité, de leur âge, de leur sexe et de leur capacité physique, mentale et psychologique.
Les établissements visés par la loi 14.05 concernent les maisons de prise en charge des enfants abandonnés, les maisons d’enfants, les maisons de l’étudiant, les maisons de l’étudiante, les maisons pour les personnes âgées, les établissements de protection, de rééducation ou de requalification des personnes handicapées, les centres sociaux de lutte contre le vagabondage et la mendicité et les établissements de réinsertion des personnes en situation difficile.
Des standards qui remettent en question la situation de certaines maisons des étudiants qui connaissent depuis plusieurs années des problèmes liés à leurs modestes moyens humains et financiers et leur capacité d’accueil largement dépassée par la grande demande des élèves ruraux.
«Nous ne pouvons pas nous substituer au secteur de l’éducation nationale car les catégories censées être prises en charge par les maisons des étudiants ont été clairement définies par la loi 14.05. Malheureusement, les établissements de protection sociale se transforment en internats sachant que les élèves résidant ne bénéficient pas tous de la pension alimentaire du MEN», nous a déclaré Khadija El Bazi.
Le cas de la maison de l’étudiant de Tidzi est un exemple flagrant de la situation critique que continuent à assumer les responsables de certains établissements à Essaouira. Il accueille actuellement 486 pensionnaires tandis  que le nombre autorisé sur la base de sa capacité d’accueil ne dépasse pas 240. Une situation précaire qui affecte largement la qualité d’accueil des élèves dont bon nombre d’entre eux ne reçoivent pas de pension alimentaire de la part du MEN.
«Les responsables de l’établissement gèrent la situation avec les moyens du bord, car la lutte contre la déperdition scolaire et la généralisation de l’enseignement restent la priorité des priorités. Mais qu’en est-il de la qualité de l’enseignement? Est-ce qu’on est obligé de généraliser l’enseignement en enracinant les images de misère et la culture de précarité?», s’interroge un associatif, commentant l’image d’un bon nombre d’élèves qui passent la nuit dans la salle de réunions à la commune rurale de Tidzi.
Pourtant la loi 14.05 est on ne peut plus claire à propos des conditions de prise en charge par les établissements de protection sociale qui doivent assurer les moyens humains et matériels selon des standards bien précis.
Nous avons contacté Ibrahim Jabrane, président de l’association de la Maison de l’étudiant Had Dra, ce dernier a confirmé la situation difficile de l’établissement dont son association gère les problèmes depuis plusieurs années.
«Nous souffrons tout d’abord d’une grave pénurie en ressources humaines au niveau qualitatif et quantitatif; la capacité d’accueil de l’établissement est doublement dépassée, la subvention est dérisoire sachant que 153 élèves seulement reçoivent la pension alimentaire du MEN. Certes, notre établissement est autorisé conformément à la loi 14.05 depuis la saison dernière, mais nous attendons toujours la subvention du ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social, a déclaré le président de l’Association de la maison de l’étudiant de Tidzi, en confirmant que son association, a reçu  60.000,00 DH de la commune de Sidi Jazouli, 35.000,00 DH de la commune de Sidi Ahmed Essayeh, 70.000,00 DH de la commune de Sidi Ahmed Ouhamed et 100.000,00 DH de la commune de Tidzi. Tandis que la commune de Sidi Kaouki dont le nombre d’élèves pris en charge par l’établissement atteint 144, n’a versé aucun sou à l’association!
Contacté par «Libé» Ahmed Ghannami, délégué du MEN à Essaouira,  a salué le rôle que jouent les maisons de l’étudiante et de l’étudiant dans la lutte contre la déperdition scolaire et l’amélioration des indicateurs de scolarisation dans la province. Toutefois, il a tenu à préciser que la qualité de gestion de certains établissements laisse à désirer à plusieurs niveaux.
A cet effet, le délégué du MEN a réitéré son appel à l’adoption d’un cahier des charges pour une gestion  rationnelle de ces établissements qui connaissent une grande demande en milieu rural. Ahmed Ghannami s’est félicité de la coopération multisectorielle qui a permis l’amélioration des indicateurs de scolarisation, des filles notamment, tout en insistant sur le rôle important que continue à jouer l’INDH dans la création et l’équipement de plusieurs dizaines  de maisons de l’étudiant et l’achat de bus scolaire.
Abderrahmane Naciri, président de l’Association de la maison de l’étudiante de Had Dra qui abrite 160 collégiennes, attend toujours l’autorisation d’ouverture dont il a déposé la demande et le dossier complet en 2009. Son établissement souffre à son tour de sureffectif et d’une inquiétante  pénurie en ressources humaines, matérielles et financières devant l’absence de toute forme d’appui de la part des officiels. Naciri a soulevé un aspect très intéressant concernant les employés des établissements de protection sociale qui doivent bénéficier à leur tour d’une couverture sociale.
«Nous avons difficilement géré le dossier des filles du collège; actuellement nous sommes obligés de gérer aussi le problème de celles  du lycée Al Khawarizmi dont les travaux de construction n’ont toujours pas démarré ! Faute de ressources requises, nous serons obligés de mettre la clé sous le paillasson, car nous dépendons essentiellement de mécènes pour résoudre nos innombrables problèmes», affirme-t-il avec regret.
Concernant toujours le problème du lycée Al Khawarizmi, nous avons contacté le délégué du MEN qui a confirmé le redémarrage des travaux retardés à cause des procédures administratives initiées auprès de l’Agence urbaine et du conseil communal.
Certes les enjeux sont énormes et les contraintes multiples, mais les objectifs tracés n’ont pas pris en considération tous les facteurs. La situation constatée auprès de plusieurs établissements interpelle l’ensemble des intervenants qui doivent accorder leurs violons, à commencer par le secteur de l’enseignement, les autorités locales et élues, l’Entraide nationale, la société civile et les APTE  surtout.
Une commission provinciale présidée par le gouverneur d’Essaouira prend en charge le suivi de la gestion des établissements de protection sociale, mais des mesures s’imposent afin de résoudre ces problèmes.


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