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Les chiffres fous de faillites inévitables ou provoquées : Le rapport qui fait froid dans le dos

Le rapport qui fait froid dans le dos


Hassan Bentaleb
Samedi 19 Novembre 2016

5.003 entreprises marocaines ont déclaré faillite jusqu’au octobre dernier, soit 500 sociétés par mois. Un chiffre qui risque d’être revu encore à la hausse d’ici la fin d’année, a rapporté le journal Al Alam selon un rapport du Centre info risque. Selon ce dernier, le mois d’octobre dernier a enregistré le taux le plus fort des faillites  par rapport à la même période de 2014 et 2015. 
Le même document a indiqué, par ailleurs, que le taux de création d’entreprises a nettement baissé pendant l’année en cours qui a vu la constitution de 16.400 entreprises durant les dix premiers mois contre plus de 20.000 l’année dernière.  Le centre en question a révélé également que la période allant de juillet à septembre derniers a enregistré la création d’uniquement cinq entreprises. Un chiffre jugé très faible au regard des années précédentes qui ont connu la création de 1.000 entreprises au cours de la même période.
Ces chiffres correspondent-ils à la réalité? Et faut-il s'alarmer pour autant? « Ces statistiques proviennent  de  Bank Al-Maghrib et sont basées sur les impayés déclarés auprès du Central des risques qui établit chaque mois des rapports sur le nombre d’entreprises en cessation de remboursement des crédits », nous a précisé Hicham Attouch, président du Forum des économistes marocains. Et d’ajouter : « Pourtant, il ne faut pas parler de « faillites » mais plutôt « d’entreprises en difficulté » engagées dans une procédure de redressement judiciaire. Le terme faillite est exagéré ». En fait, la notion d’entreprise en difficulté peut être appliquée, selon Nabil Bouayad Amine et Khalid Rouggani, professeurs de l’enseignement supérieur habilités à l’Université Hassan I – Settat,  à toute unité de production qui souffre de problèmes financiers et qui se trouve contrainte de prendre  des mesures immédiates afin d’éviter des ennuis financiers futurs. 
Hicham Attouch estime, par ailleurs, que toute lecture de ces chiffres demeure incomplète  tant qu’il n’y a pas d’éléments précisant la catégorie des entreprises  concernées, leur taille et le secteur d’activité. « Parle-t-on des PME ou PMI ou plutôt des grandes entreprises ? Parle-t-on d’entreprises créées récemment ou celles qui existent depuis plusieurs années ? S’agit-il d’entreprises créées dans le cadre de programmes étatiques relatifs à l’auto-emploi ? La réponse à ces questions est primordiale pour savoir si les difficultés des entreprises sont d’ordre économique inévitable  ou dues à des manœuvres  destinées à faire de fausses déclarations d’impôts», nous a-t-il expliqué. Et d’ajouter : «Donc ces chiffres  cachent une grande partie de la réalité et ne permettent pas de faire une analyse pertinente de la situation de l’économie marocaine».  
Notre source estime que le faible nombre de création d’entreprises pendant la période de juillet à septembre traduit plutôt une maturité de la part des entrepreneurs, puisque l’activité au cours de cette période tourne souvent au ralenti et les administrations fonctionnent à un régime réduit.   « Il y a plus de création entre mars et juin afin d’éviter la période de la fin d’année marquée souvent par la présentation du bilan et les déclarations d’impôts », nous a-t-elle indiqué. 
Cependant, le président du Forum des économistes marocains pense que l’économie marocaine passe par une période de stagnation qui dure depuis deux années. « Les chiffres macro-économiques s’améliorent,  mais on ressent une morosité au niveau du marché interne révélée à maintes reprises par les statistiques du HCP ». Et de conclure : «Les grandes entreprises qui existent encore sur le marché ne font que gérer leurs affaires alors que les entreprises employant  moins de 200 personnes et créées récemment n’arrivent pas à s’installer sur le marché. Le nombre des crédits accordés par  les banques atteste de cette situation. En fait, ces établissements ont du mal aujourd’hui à accorder des crédits comme c’était le cas il y a trois ans où il y avait une surliquidité ».  



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