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Les chiffres choquants d’une enquête confidentielle du ministère de la Santé: 75,9% des décès maternels auraient pu être évités


Hassan Bentaleb
Vendredi 12 Octobre 2012

Les chiffres choquants d’une enquête confidentielle du ministère de la Santé: 75,9% des décès maternels auraient pu être évités
Le chiffre donne le vertige.  La proportion des décès maternels jugés « évitables » est de 75,9%.  Ce taux varie selon qu’on est en présence d’une cause directe ou indirecte du décès. En effet, les décès les plus souvent évitables sont ceux qui sont en rapport avec une cause directe (85,7%) contre 46,3% pour la cause indirecte. C’est ce qui ressort de l’enquête confidentielle de l’année 2009, élaborée par le ministère de la Santé.
Basé sur un total de 313 décès maternels identifiés au niveau des provinces et audités par le Comité national d’experts sur l’audit confidentiel (CNEAC), le rapport a révélé que sur les 230 décès évitables, trois principaux facteurs sont incriminés, à savoir  l’insuffisance de suivi de soins avec 45,6% des cas, l’inadéquation de la décision thérapeutique dans 43,9% des cas et enfin le délai de recours de la famille aux soins dans 41,9 des cas.
Pourtant, ces facteurs d’évitabilité identifiés diffèrent en fonction du lieu de décès de la femme. En effet, pour les femmes décédées au niveau des structures de santé ou lors d’un transfert inter-structures, l’insuffisance des suivis de soins et les décisions thérapeutiques inappropriées ont été les facteurs prédominants. Ils représentent respectivement 22% et 21,7%. Les facteurs liés à la famille et à la communauté (délai de la famille pour recourir aux soins et éloignement) viennent en second lieu. Par contre,  pour les décès survenus à domicile,  qu’il y ait eu contact avec une structure de santé ou non, le délai des familles à prendre la décision et/ou l’éloignement étaient les principaux facteurs associés aux décès dans respectivement 28% et 26,4% des cas.  
Par ailleurs, l’enquête confidentielle du CNEAC a indiqué que sur les 303 décès maternels identifiés, 217 cas ont été enregistrés dans un établissement hospitalier public et 72 durant le transfert entre les structures de soins. Toutefois, le rapport note que près de 61% des décès sont sous-notifiés et que ce taux serait essentiellement celui des décès à domicile.
Sur les 215 femmes décédées en réseau hospitalier, 52,1% sont mortes dans un service de réanimation, 36,7% à la maternité et 11,2% des décès sont survenus dans divers services (bloc opératoire, urgences et autres services hospitaliers). 57,6% des femmes mortes à l’hôpital sont décédées moins de 24 heures après leur admission.
Concernant les 12 décès ayant eu lieu lors du transfert d’un établissement de santé à un autre, 8 cas ont eu lieu lors du transfert à partir d’une maison d’accouchement ou d’un hôpital local.
La majorité des femmes (235 soit 77,6%) sont décédées moins de 24 heures après l’accouchement, 142 cas sur 225 ont rendu l’âme entre 24 h et 7 jours plus tard. Par ailleurs, 52 femmes sont décédées avant l’accouchement et 16 durant l’accouchement.
A leur décès, près de 50% des femmes avaient un âge compris entre 25 et 35 ans. Elles avaient eu deux enfants en moyenne avant de décéder et 53,6% d’entre elles sont d’origine rurale.
Concernant les causes de ces décès maternels, le rapport a identifié des causes directes qui dominent largement  avec 245 cas soit 80,8% et des causes indirectes dans 41 cas soit 13,5%. Dans 5,6% des cas, la cause du décès n’a pu être précisée.
A la tête des causes directes, les hémorragies restent le premier diagnostic et représentent 33% de l’ensemble des décès suivies par les pré-éclampsies (18%) et les infections avec 8%. Puis les ruptures utérines avec 7% des décès. Quant aux causes obstétricales indirectes, le rapport indique que les cardiopathies ont été les plus fréquentes avec 16 décès soit 39%.
 A rappeler que bien que le ratio de la mortalité maternelle ait diminué de près de 66% en 20 ans, passant de 332 décès maternels pour 100.000 naissances vivantes en 1992 à 112 décès en 2010 et que le niveau de mortalité infanto-juvénile a été réduit de 84 en 1992 à 30 décès pour 1.000 naissances vivantes en 2011, soit une réduction de 64%. Le Royaume semble loin de ses engagements internationaux relatifs à la diminution de deux tiers des décès infanto-juvéniles (OMD 4) et trois-quarts des décès maternels (OMD 5) par rapport aux chiffres de 1990. Effectivement, chaque jour, deux femmes et 54 enfants de moins de cinq ans dont 51 avant l’âge de 1 an et 33 avant leur 1er mois de naissance meurent.
Le pays doit, en effet, atteindre en 2015 un taux de 83 décès pour 100.000 naissances vivantes pour la mortalité maternelle et de 25 décès infanto-juvéniles pour 1.000.

Repères

A l’instar des autres pays qui sont parvenus à réduire le taux de mortalité maternelle, le Maroc a inscrit dans le plan d’action 2008-2012, la mise en place du dispositif de surveillance des décès maternels dans le but d’effectuer des enquêtes confidentielles à la suite de tout décès maternel survenant aussi bien à domicile qu’au niveau des structures de santé. Le but est de fournir des informations approfondies sur les causes et circonstances de ces décès maternels afin d’identifier les mesures correctrices nécessaires pour prévenir des décès similaires.
L’enquête de 2009 a travaillé sur un échantillon de 313 cas, ce qui représente 39,1% des décès maternels attendus dans le pays pour l’année 2009. Il s’agit de décès  qui sont se produits durant la grossesse ou dans les 42 jours  après l’interruption de grossesse et dont la cause n’était pas fortuite. 


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