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Selon lui, l’acte d’avortement s’est laïcisé au fil des ans et se pratique de plus en plus nonobstant la contrainte religieuse. La réalité est claire et les enquêtes et statistiques en démontrent la pesanteur. L’expert est on ne peut plus clair: «L’avortement n’est plus considéré comme étant une pratique interdite par l’islam, les jeunes filles concernées y voient plutôt une solution grâce à laquelle on se défait d’un joug social et d’un poinds psychologique». Les femmes, qui sont généralement pauvres, ajoute-t-il, ont peur de la stigmatisation sociale plutôt que du châtiment divin.
Qu’est-ce qui fait donc que notre loi n’accompagne pas une réalité aussi patente et manifeste? Dialmy n’y va pas par quatre chemins. Pour lui, «les textes de loi en la matière restent loin d’approcher la réalité et notre Code pénal est endoctriné par un souffle malékite pur, et du coup, seul le cas de danger physique est stipulé comme tel par un texte remontant à 1962 ». Une telle position exclut, bien évidemment, les menaces et blessures psychologiques qui pèsent lourd sur la femme, allant jusqu’à provoquer le suicide, sinon, elle peut même faire objet d’un crime d’honneur. Il est important, dans ce sens, «d’œuvrer pour défaire la législation pénale dans notre pays du fardeau que constitue le rite malékite, le plus extrémiste d’entre tous», souligne-t-il.
La loi marocaine en matière d’avortement ignore totalement la pluralité rituelle dans la religion islamique et ne prend en compte que les termes du rite malékite, et encore …, explique Dialmy, tout en ajoutant qu’une grande partie des Marocains ne savent pas que même ce rite permet de mettre fin à la grossesse pendant les quarante premiers jours! Quant aux autres rites (hanafisme, chafiisme et hanbalisme), ils permettent l’avortement jusqu’à la durée, parfois, de quatre mois, ce qui pourrait nous interpeller et peut-être nous inspirer quant à opter pour une « liberté rituelle et doctrinale, afin de pouvoir légiférer pour notre époque et ne pas camper sur des positionnements passéistes ».
Le penseur marocain estime également que l’intérêt pragmatique d’une société doit primer par rapport à l’endoctrinement rituel. «Même si on dévie du malékisme, on ne dévie pas pour autant de l’islam. D’ailleurs, nous avions, tout comme la Tunisie, des antécédents dans la législation du Code de la famille avec la question du tutorat». De toutes les manières, renchérit Dialmy, tous les pays ayant légiféré pour arrêter volontairement la grossesse ont vu réduire le taux de criminalité (Turquie, Bangladesh, Tunisie ).
Quelles mesures prendre dans ce cas ? Pour Dialmy, il serait nécessaire de recourir à des mesures palliatives et ou préventives. Les premières doivent libérer le Code pénal des dispositions malékites, conjuguer la paternité biologique et la paternité légale, respecter la conscience du médecin et la conscientisation des masses que l’islam permet d’arrêter la grossesse pour différentes raisons selon d’autres rites… Quant aux mesures préventives, elles ont surtout tendance à assurer « une institutionnalisation de l’éducation sexuelle dans nos écoles, ainsi que la reconnaissance aux non mariés de vivre une vie sexuelle, chose qui devrait accompagner la réalité vécue aujourd’hui ».