Leila Slimani en lice pour le Prix Goncourt

Le Prix sera décerné le 3 novembre prochain


Mehdi Ouassat
Vendredi 9 Septembre 2016





Après avoir décroché le Prix littéraire de la
Mamounia, pour son premier roman «Dans
le jardin de l’ogre», la romancière marocaine Leila Slimani revient, une nouvelle fois, sur le devant
de la scène littéraire avec «Chanson douce», œuvre présélectionnée pour le plus prestigieux
des prix littéraires francophones, le Goncourt.   



Synonyme d'espoir et parfois d'angoisse pour les romanciers et les éditeurs, la saison des prix littéraires en France, événement culturel incontournable, vient d’être ouverte. Le jury qui décerne le prestigieux Prix Goncourt, dont fait partie l’écrivain marocain Taher Ben Jelloun, a dévoilé sa première sélection des romans en lice pour l’édition 2016.  La liste qui compte 16 romans sera élaguée par les jurés, les 4 et 27 octobre prochain, lors de leurs deuxième et troisième sélections, avant de décerner cette grande distinction, le 3 novembre 2016.
Parmi les écrivains en lice figure la jeune écrivaine marocaine Leila Slimani pour son nouveau roman «Chanson Douce» publié chez Gallimard. Dans ce livre, l’auteure raconte l’histoire de Myriam, mère de deux jeunes enfants, qui décide malgré les réticences de son mari, de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats. Le couple se met alors à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.
A travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.
C'est, en effet, un fait divers américain qui a inspiré la jeune romancière. En 2012, les enfants d'une famille new-yorkaise ont été massacrés par leur nounou dominicaine. Mais plus encore que cette histoire, c’est le tandem parents-nourrice qui passionne la romancière, ainsi que la difficulté de mener de front vie professionnelle et vie familiale, de même que les rapports de classe, qui viendront troubler la relation entre la nounou et ses employeurs.
Notons que Leila Slimani sera en compétition pour cette prestigieuse distinction avec, entre autres, l'historien Ivan Jablonka, pour "Laëtitia ou la fin des hommes", Catherine Cusset ("L'autre qu'on adorait"), Yasmina Reza ("Babylone"), Régis Jauffret ("Cannibales"), le primo-romancier Frédéric Gros ("Possédées"), Karine Tuil ("L'insouciance"), Laurent Mauvignier ("Continuer").  
Franco-Marocaine, Leïla Slimani est née en 1981 à Rabat d’une mère mi-alsacienne, mi-algérienne et d’un père marocain, des parents «très libres» à qui elle dédie ses livres. «Mes parents étaient amoureux des livres et ils nous ont élevés de manière assez marginale en considérant que la liberté et la subversion étaient incontournables», témoigne-t-elle.
En sortant du lycée français de Rabat, elle part en France et intègre Sciences Po Paris puis l’ESCP, section média. Diplômée, elle est embauchée au journal «Jeune Afrique» où elle passe cinq ans, avant de tout abandonner pour se consacrer à sa passion première: l’écriture. «La vie dans une rédaction, c’est pas mon truc», admet-elle, tout sourire.


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