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Le gouvernement Benkirane décroche le bonnet d’âne

Durant le mandat de l’actuel Exécutif, un bilan catastrophique a été enregistré au niveau du secteur de l’enseignement


Hassan Bentaleb
Jeudi 6 Octobre 2016

Sous le mandat du gouvernement Benkirane, l’éducation nationale a été le secteur qui a enregistré le bilan le plus désastreux de l’histoire contemporaine du Maroc. Des rapports nationaux et internationaux ont été unanimes à considérer que si la situation de l’école marocaine a été alarmante sous les précédents gouvernements, elle s’est plus que détériorée sous l’actuel Exécutif.     
En fait, tous les indicateurs sont au rouge. Tel a été le cas pour le taux d’abandon scolaire au niveau de l’enseignement collégial qui est passé de 10,4% à 12,2% entre 2011-2012 et 2014-2015, celui des élèves ayant achevé leurs études primaires obligatoires qui a reculé de 37,5% à 30% et celui des apprenants qui est demeuré très élevé avec 12,2% dans les lycées et collèges en 2014-2015.  Des taux consternants qui s’ajoutent aux 78% d’élèves des quatre années du niveau élémentaire qui ne comprennent pas les  cours qui leur sont dispensés, aux 13,9% des lycéens qui quittent les bancs de l’école prématurément contre 12,2%  au niveau des collèges et 2,9% au primaire.
Les enquêtes TIMSS sur l’enseignement des mathématiques et des sciences et PIRLS sur les progrès en lecture ont mis en évidence la faiblesse du niveau d’apprentissage des élèves marocains de 4ème et 8ème années par rapport à leurs camarades des autres pays. Ainsi, 74% des élèves marocains de 4ème année n’atteignent même pas le premier des quatre niveaux de référence en mathématiques et aucun ne parvient au niveau supérieur.
Pis, les classes du primaire comptent aujourd’hui plus de 48 élèves  par  salle alors qu’ils sont de niveaux scolaires différents. Au niveau des collèges et lycées, on procède à la réduction du volume horaire de certaines matières comme les mathématiques, le français et l’arabe et on oblige les enseignants à dispenser des matières qui ne relèvent pas de leur spécialisation. D’autres enseignants ont été contraints de se déplacer entre les établissements scolaires afin de compléter leur emploi du temps.  Une situation des plus graves puisqu’elle ne manque pas d’impacter négativement  le niveau de compréhension des élèves et leurs capacités d’apprentissage.
Une situation catastrophique face à laquelle le gouvernement Benkirane n’a pas trouvé mieux que de réduire d’une façon drastique le budget du secteur et le nombre d’enseignants. De l’aveu du ministre de tutelle, lui-même, la part consacrée à l’investissement n’a pas dépassé les 4,9 milliards de DH en 2014 contre 5,4 en 2013, soit une baisse de 8%. Quant aux 43,4 milliards de DH restants, ils ont été consacrés aux dépenses de fonctionnement qui accaparent la plus grande part du budget. Pis, plusieurs spécialistes s’accordent à dire que les enveloppes budgétaires allouées au secteur de l’éducation nationale ne sont pas toutes dépensées de manière efficiente. Selon eux, ces fonds ne bénéficient pas à ceux qui en ont le plus besoin et n’ont pas un impact durable.
Le gouvernement Benkirane est allé plus loin. Il a décidé l’adoption du décret 2-15-588 stipulant l’organisation de concours au profit des candidats titulaires de diplômes de qualification afférents au préscolaire, au primaire, au secondaire et au secondaire qualifiant délivrés par les centres régionaux. Une disposition juridique qui a mis un  terme à toute intégration automatique des enseignants stagiaires dans la Fonction publique qui est en vigueur depuis des décennies. Le chef du gouvernement a même déclaré qu’il ne faut plus lier la formation au recrutement automatique dans la Fonction publique et que les candidats doivent passer un concours de sélection. Selon lui, la Fonction publique se serait transformée en un véritable fardeau pour l’Etat  puisqu’elle est devenue improductive à l’inverse du secteur privé qui crée des postes d’emploi sans plomber le budget de l’Etat. Des mesures prises sans que Rachid Benmokhtar ne pipe mot. Pis, le ministre de l'Education nationale et de la Formation professionnelle a évité tout débat sur cette décision. En fait, il n’a rien à dire puisqu’il s’estime investi d’une mission irréfragable et qu’il n’a de comptes à rendre à personne.
Pourtant, ni ce dernier, ni encore moins son chef du gouvernement n’ont eu le courage d’expliquer à l’opinion publique nationale comment ils comptent  faire pour répondre au manque d’enseignants dans le secteur public estimé à 9.000 à l’horizon 2030 d’après les chiffres de l’Institut des statistiques relevant de l’Unesco. Ils n’ont pas eu, non plus, le courage de nous dire pourquoi le gouvernement a ouvert ce front contre les enseignants-stagiaires alors que leur nombre ne dépasse pas les 10.000 tous niveaux confondus.
Pour Attac-Maroc, il est clair que le gouvernement mène une guerre sans merci contre l’enseignement public qui a commencé à céder le pas devant un secteur privé de plus en plus envahissant et de moins en moins contrôlé. Pire encore, la réduction drastique du budget du secteur et d’enseignants traduit, selon cette ONG, une volonté délibérée et manifeste de l’Etat de se débarrasser des principes de la généralisation et de la gratuité de l’école publique.

Ce que l’USFP propose pour sauver l’éducation-formation du naufrage

Elaboration d’une vision politique éducative participative fondée sur une véritable concertation élargie avec les différents acteurs éducatifs, les cadres de l’enseignement ainsi que les partenaires socioéconomiques ;
Adoption d’une nouvelle politique gouvernementale dans la gestion des affaires de l’éducation-formation, affranchie du reflexe sectoriel et corporatiste aux retombées limitées, et selon une approche globale et intégrée des différentes structures concernées ;
Reconsidération du cadre institutionnel de l’éducation-formation dans la perspective de la création d’un pôle gouvernemental homogène pour la supervision unifiée de toutes les composantes du système et pour en assurer le suivi et l’évaluation ;
Mise en œuvre effective du caractère obligatoire et gratuit de l’instruction des enfants scolarisables, la garantie de la diversification de l’enseignement et de l’amélioration de sa qualité, l’augmentation de la moyenne générale de la durée de scolarisation et le prolongement de la période de scolarisation jusqu’au niveau du baccalauréat ;
 La réduction des inégalités territoriales et sociales  pour l’accès aux services éducatifs en élaborant une carte publique détaillée accordant la priorité aux catégories sociales les plus lésées et aux entités territoriales non bénéficiaires de ces services ;
Elaboration et mise en œuvre de grands programmes d’appui éducatif et social qui prennent en charge le grave problème de la déperdition scolaire et de la déscolarisation en apportant des réponses pratiques aux besoins des catégories fragiles visées dans les domaines du transport scolaire, de l’édification et de l’équipement d’infrastructures d’internats et de cantines scolaires ;
Renforcement de la dimension régionale conformément aux dispositions de la régionalisation avancée dans le respect de l’autonomie des établissements scolaires et avec une plus grande implication des collectivités territoriales et des institutions locales dans la vie de l’école ;
Mise en place d’un cadre référentiel comprenant des orientations stratégiques claires en vue d’encadrer les processus de révision des curricula et des programmes scolaires, en exploitant davantage les possibilités d’un investissement rationnel dans les nouvelles technologies d’information et de communication dans l’acquisition et le renforcement des savoirs;
Elaboration de nouveaux dispositifs pour la diversification de l’enseignement secondaire et qualifiant en vue de renforcer ses performances et d’améliorer sa qualité dans l’objectif de la prise en charge des effectifs d’élèves de plus en plus importants, d’une part, et de l’autre une plus grande adaptation aux exigences de la vie professionnelle et aux besoins du marché du travail ;
Elaboration créative d’un système rationnel pour l’établissement de passerelles et de parcours entre les filières de formation professionnelle et les différents cycles de l’enseignement secondaire et supérieur en vue de s’adapter aux besoins de l’économie nationale ;
Appui au partenariat avec les acteurs économiques et financiers en vue d’assurer au système éducatif une plus grande ouverture sur son environnement économique, et d’associer le tissu productif à l’effort d’élaboration des programmes de formation professionnelle et à celle d’une carte territorialisée en la matière ;
Réforme du système de l’orientation en matière d’éducation-formation à travers l’amélioration des mécanismes d’orientation en veillant sur le maintien des équilibres entre les filières selon les nécessités sociétales, et en recherchant la meilleure adéquation avec les exigences de l’écosystème socioéconomique ;
Adoption d’une approche intégrée pour la prise en charge de la situation linguistique relative à l’enseignement qui consacre les acquis des deux langues nationales (l’arabe et l’amazigh), renforce leur présence et leurs performances, et en même temps, encourage l’ouverture sur les langues étrangères ;
Mise en œuvre de mesures administratives incitatives matériellement et moralement pratiques en faveur des ressources humaines, tout en reconsidérant les réglementations juridiques et pédagogiques relatives aux responsabilités et aux missions du corps d’enseignement et d’encadrement pédagogique avec comme principal objectif la réalisation d’un enseignement à haute rentabilité du point de vue qualitatif ;
 Garantie de l’ensemble des droits légitimes à l’élément humain, notamment son droit à l’autopromotion, à l’épanouissement personnel, à travers des programmes efficients de formation initiale et continue, en prenant en compte ce critère dans l’avancement et l’évaluation des performances pédagogiques en vue de redorer l’image des métiers de l’éducation-formation ;
 Octroi de la plus grande importance au traitement des questions à effet déterminant sur la qualité de l’éducation, et en particulier en comblant le déficit d’encadrement sur la base de  critères objectifs dans la sélection et le redéploiement des éléments des du corps d’encadrement et d’enseignement avec pour objectifs de remédier à deux fléaux chroniques : les  sureffectifs et le déficit en ressources humaines.


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1.Posté par Hamed le 06/10/2016 16:52
Il faut distinguer deux choses: l'enseignement public qui est un droit universel, je dirai presque vitale et le recrutement dans la fonction public qui est un autre problème. Il est vrai que l'enseignement public soufre d'un manque cruel de moyen matériel ( classes surchargées et locaux vétustes) ainsi que d'un manque de ressource humaine ( professeures qualifiés) avec pour conséquence une accumulation des lacunes pour nombre d'élèves au terme du cycle d'études menant au bac. Je souris encore quand un ministre nous fait croire que c'est l'enseignement de la langue arabe qui est résponsable des difficultés des élèves et qu'il faut juste intrduire le français pour que tout rentre dans l'ordre. Passons, le véritable problème réside dans l'efficience de l'allocation des ressources ( le même problème existe dans l'hopitale public). On à l'impression que certains s'arrangent pour laisser le problème perdurer afin d'inciter les familles à remplir les écoles privés tenus par de riches personnes. Cela me rappel les décisions irationnelles similaires comme l'autorisation d'écoles privés d'infermières dont les élèves peuvent s'inscrire au concours national pour le recrutement dans les hopitaux alors que leur formation n'est pas au niveau de celui du public et que le nombre d'infermière est largement au dessus de la demande. Influence néfaste du lobby du secteur de l'enseignement privè. Mais c'est aussi toute la chaine de gouvernance qui est à revoir, Rappelons nous des graves dysfonctionnements (détournements) relatifs au programme d'aide de fourniture scolaire que libé a déjà évoqué .

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