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Le gouvernement Benkirane avait promis de réduire le taux de chômage : Il a fait tout le contraire

Et avec ça, il prétend avoir fait mieux que les précédents Exécutifs ! Cela dépend dans quel sens


Hassan Bentaleb
Samedi 1 Octobre 2016

Fraîchement installé à la tête du gouvernement un certain jour de 2012, Abdelilah Benkirane avait promis, lors de la présentation du programme de son équipe devant les députés, un taux de croissance de 5,5% et un taux de chômage de 8%. Or, cinq années après son investiture, ces taux ont respectivement atteint moins de 2 % et plus de 9,7%.
Une réalité que certains leaders du PJD tentent d’occulter en manipulant les chiffres et en tronquant les données. Said Khairoune, député du parti de la Lampe, fait partie de ce camp. Selon lui, les postes créés durant le mandat de l’actuel Exécutif  dépassent ceux de ses deux prédécesseurs réunis. A ce propos, il a précisé que le  gouvernement Benkirane a embauché 116.000 personnes dans la Fonction publique contre 111.000 durant les mandats de Driss Jettou et Abbas El Fassi. 26.000 postes d’emploi ont été créés par la loi de Finances de 2012, 24.340 en 2013, 18.000 en 2014, 22.150 en 2015 et 26.000 en 2016.
Des propos qui fondent comme neige au soleil au vu des rapports et études nationaux et internationaux qui sont unanimes à considérer que l’emploi est dans une impasse depuis l’arrivée des islamistes au pouvoir. Tel est le cas de Khaoula Lachguar, rapporteur de la Commission économique de l’USFP, qui confirme que la situation s’est dégradée avec ce gouvernement puisqu’une analyse sur le long terme a démontré que le taux de chômage est passé de 22% en 1998 à 8,9% en 2011 pour remonter à 9,7% en 2015 et le taux de pauvreté relative est passé de 16,3% en 1998 à 6,2% en 2011 pour malheureusement repasser à la hausse en 2015. Une analyse que partagent d’autres économistes estimant que le bilan des précédents gouvernements en matière de création d’emplois n’a pas été moindre que celui de l’actuel. D’après eux,  l’équipe de Driss Jettou (2002 – 2007) a réussi à faire baisser le taux du chômage urbain de 20,1% au début de son mandat à 14,8% à la fin de ce dernier et celui du chômage national de 12,2% en 2002 à 9,5% en 2007.  Des efforts qui seront poursuivis par le gouvernement Abbas El Fassi (2007-2011) avec un rythme moins soutenu en réduisant le chômage urbain à 13% malgré un contexte économique et social marqué par l’envolée spectaculaire des cours du pétrole, qui sont passés de 50 à 140 dollars entre 2007 et 2008, la crise économique mondiale et le Printemps arabe.
Les analystes économiques s’accordent même à dire que le chômage urbain et national ont repris leur envol avec l’arrivée du gouvernement Benkirane. Mieux, ils précisent que le nombre d’emplois nets créés par cette équipe ne   dépasse guère les 25.000 par an alors que sous les mandats Jettou et El Fassi, les emplois créés se sont élevés respectivement à 191.000 et 136.000 postes par an.
Un sombre tableau qu’un document du HCP  relatif à la situation du marché du travail au premier trimestre de l’année en cours vient d’en noircir davantage.  En fait, il a indiqué que le nombre de chômeurs a atteint 1.169.000 personnes, que le taux de sous-emploi s’est accru de 1 point et que les lauréats des grandes écoles et instituts sont sur le point de connaître le même sort dramatique que les autres catégories de diplômés de l’enseignement supérieur. Pire, le HCP a révélé que le volume global de l’emploi est passé, entre le premier trimestre 2016 et celui de l’année dernière, de 10.513.000 à 10.500.000,précisant que le taux d’emploi a, de ce fait, reculé de 0,6 point au niveau national, passant de 42,3% à 41,7% et baissé de 0,6 point en milieu urbain (de 35,6% à 35%) et de 0,7 point en milieu rural (de 52,9% à 52,2%).
Un constat des plus compliqués et alarmants puisque le Centre marocain de conjoncture (CMC) a précisé que la population en âge d’activité au Maroc est passée de 20,94 à 24,6 millions de personnes, soit un taux d’accroissement annuel moyen de 1,6% et que les villes s’accaparent 61% de la population en âge d’activité, contre 58% en 2004. L’année 2015 a été également marquée par un taux de chômage qui a atteint les 9,9% à l'échelle nationale, en augmentation de 8% en un an, soit 86.000 chômeurs en plus.
Du déjà-vu puisque les années 2013 et 2014 ont enregistré respectivement 1.081.000 et 1.167.000 chômeurs. 63.000 sans-emplois en plus, côté milieu urbain, et 23.000 du côté rural.
Face à cette réalité amère, le chef de l’Exécutif n’a pas trouvé mieux que d’affirmer que toutes les approches visant la lutte contre le chômage ont échoué de par le monde et que son équipe se démène encore pour trouver la véritable panacée à ce fléau qu’elle a contribué à aggraver. Une affirmation à méditer avant de se rendre aux urnes.

Les propositions de l’USFP pour relancer l’emploi et réduire le chômage

- Elaboration d’une politique globale et intégrée dont seront déclinées des mesures urgentes pour réduire le niveau du chômage à un maximum de 8%, et la création annuelle de 150.000 emplois nets;
- Octroi d’un intérêt particulier à la lutte contre le chômage des jeunes à travers le programme « Espoir de la Jeunesse » en vue de donner une nouvelle dynamique à l’emploi de cette catégorie de la population active et d’encourager ses initiatives en matière de création d’entreprises ;
- Engagement des réformes juridiques nécessaires pour l’organisation des relations entre l’employeur et le salarié ainsi qu’avec les intervenants dans le secteur de l’emploi, et la mise en place d’un système d’information pour l’emploi dans les secteurs public et privé;
- Révision de la politique des salaires en assurant les conditions de mobilité dans le travail sur des critères de performance, de réalisation des objectifs définis et de maintien des emplois ;
- Coordination entre l’offre et la demande en vue de renforcer les performances et d’assurer une meilleure adéquation entre l’offre et la demande via les organismes publics et privés d’intermédiation pour l’emploi dont il convient d’améliorer les capacités, ainsi qu’à travers la diffusion des données sur le marché du travail et sur les programmes de formation disponibles ;
- Rationalisation des dépenses publiques, avec l’attribution d’une partie des marchés publics aux PME, et la mise en place d’un nouveau pacte fondé sur la production et la concurrence dans le cadre d’un mode de financement alternatif ;
- Renforcement du respect des libertés syndicales et institutionnalisation du dialogue social, par secteurs et aux plans national, régional et local, ainsi que la mise en place des mécanismes nécessaires à l’application flexible des dispositions du Code du travail et des décrets d’application y afférents ;
- Renforcement des compétences et des pouvoirs de l’institution de l’inspection du travail afin d’assurer le climat approprié au travail et à la production tout en encourageant et en développant les mécanismes d’intermédiation et d’arbitrage en tant que fondement des procédures visant la résolution des différends en matière de travail ;
- Promotion des dispositifs publics pour la dynamisation de l’emploi dans le secteur privé et les organismes à vocation sociale (pacte pour l’emploi, pacte pour l’intégration professionnelle, formation contractuelle pré-emploi, pacte pour l’intégration des demandeurs d’emploi parmi les personnes en situation de handicap…) ;
- Encouragement des diverses formes d’auto-emploi et mise en place d’un nouveau cadre juridique pour l’encouragement de l’auto-entrepreneuriat et lui assurer l’appui nécessaire aux niveaux central, régional et local, en développant par ailleurs le système de parrainage susceptible d’accompagner les projets d’auto-entrepreneuriat durant les premières années de leur existence (5 ans);
- Création d’un fonds national permanent destiné à la restructuration des entreprises en situation difficile en vue de leur permettre de poursuivre leurs activités, d’accroitre leur niveau de productivité et le maintien des emplois dans les secteurs socioéconomiques vitaux ;
- Extension des horizons des activités commerciales et de l’investissement ainsi que l’intégration du secteur non formel en concentrant les efforts sur le monde rural dans la mise en œuvre de la politique de l’emploi.


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