L’Association droit et justice (ADJ) s’inquiète du sort réservé par le Maroc aux demandeurs d’asile. Elle estime que leur situation est devenue problématique faute d’une nouvelle législation en la matière et d’un système à même de permettre d’assurer la transition entre ce qui se passait et ce qui adviendra. Aujourd’hui, ces prétendants à l’asile dont le dossier est actuellement en cours d’examen, vivent dans l’angoisse de l’attente et sans visibilité quant à leur devenir.
Lors d’une conférence de presse organisée à Rabat, jeudi dernier, les membres de cette ONG ont indiqué que le Maroc n’a toujours pas de système national d’asile cohérent et respectueux des droits des migrants en besoin de protection au titre de l’asile. Une situation en contradiction, selon les membres de cette ONG, avec la nouvelle politique migratoire initiée dernièrement par le pays et qui a suscité tant d’espoirs chez les migrants.
En effet, à part la réouverture du Bureau des réfugiés et des apatrides (BRA) chargé de passer en revue et de valider des dossiers des réfugiés antérieurement reconnus par le HCR-Maroc via un comité ad hoc composé de différents départements ministériels et de ce dernier, rien ne semble venir. Le projet de loi sur l’asile gît encore dans les terroirs de la sous-commission pilotée par la délégation interministérielle des droits de l’Homme. Devant être présenté au Parlement il y a quelques mois, le projet en question tarde encore à pointer le nez. Un retard difficile à concevoir, d’autant que le texte en question est presque finalisé.
En attendant sa promulgation, ces postulants à l’asile doivent subir des traitements inhumains et des conditions d’accueil dégradantes comme en attestent les cas de violence et les refoulements constatés par l’ADJ.
Les militants de cette association ont constaté également l’absence d’information sur l’asile et sur l’accès effectif à la procédure y afférente. Pire, cette procédure n’est pas accessible à tous et manque de transparence et d’équité. Que demande l’ADJ pour améliorer le sort de ces demandeurs d’asile ? D’abord, l’accélération de la mise en place des réformes en matière d’asile et qu’une loi-cadre spécifique au diapason des standards internationaux soit promulguée à brève échéance. Mieux, l’ONG espère voir le nouveau texte s’intégrer concrètement dans un système national d’asile viable, cohérent et respectueux des engagements internationaux de notre pays.
Mais en attendant l’adoption d’un tel dispositif, l’ONG préconise que le Maroc s’appuie sur l’expertise des instances existantes telles que le Bureau des réfugiés et apatrides, afin d’assurer au mieux la transition vers un système national d’asile garantissant le respect des droits et de la dignité des exilés.
Des recommandations qui s’imposent aujourd’hui comme une nécessité vu le triplement du nombre de demandeurs d'asile affluant vers le Maroc notamment de Côte d'Ivoire et de Syrie. Le Royaume compte plus de 4.000 prétendants à l’asile, selon les dernières statistiques de HCR-Maroc. 22,46% des dossiers déposés l’ont été par les Syriens suivis des Nigérians (15,42%) et des Congolais (12,16%).