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« Je dois dire que nous sommes revenus de loin puisque les négociations ont pris d’autres tournants et grâce au travail du Maroc et du Mexique, les pays du Sud ont réussi à imposer certains principes tel celui afférent au problème de la tutelle dans la kafala. Le Royaume a proposé de confier la tutelle aux institutions et non aux personnes», a révélé notre source. Et d’ajouter : « Ce travail a été effectué grâce à une coordination efficiente entre la société civile, le CNDH, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et l’ambassadrice du Mexique au Maroc». Pourtant, notre source a tenu à préciser que plusieurs revendications des pays du Sud portées par le Maroc et le Mexique sont restées lettre morte à cause de la réticence des pays du Nord dont l’Allemagne. « Il y a plusieurs points qui ont fait l’objet de désaccords entre les parties en négociation. Les pays du Nord ont refusé d’accorder tous les droits aux migrants réguliers comme irréguliers. C’est le cas également pour la question de la rétention qui demeure un dispositif central pour les pays du Nord. Le sujet de la gestion des frontières et des aspects sécuritaires a induit également plusieurs divergences», nous a indiqué notre source.
Des discordances révélées par le représentant du Maroc à l’ONU qui a appelé à préserver le texte du Pacte jusqu’à son adoption en décembre prochain à Marrakech. «Aujourd’hui, nous avons scellé le texte du Pacte et nous devons, à tout prix, le garder tel qu’il est. Ce Pacte ne devra pas être victime de divergences, ni de problèmes politiques internes au niveau national », a-t-il plaidé vendredi dernier à New York avant d’ajouter: « Nous sommes tous appelés à promouvoir ce Pacte dans nos pays respectifs. Il est de notre devoir collectif et individuel de garantir la pleine adhésion de nos autorités nationales et de tous les acteurs concernés, notamment la société civile et les migrants eux-mêmes ».
En fait, l’adhésion de tous n’est pas garantie. Tel est le cas de plusieurs composantes de la société civile marocaine qui demeurent sceptiques à propos des véritables intentions des pays du Nord. «Nous ne savons pas si l’objectif de ce Pacte sera de réguler ou plutôt de sécuriser et nous ne savons pas non plus à quoi sert l’élaboration d’autres textes alors que des dispositifs plus avancés sur les droits des migrants existent déjà comme la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille qui n’a pas été adoptée par les pays du Nord », nous a affirmé Younes Foudil, coordinateur de la «Plateforme papiers pour tous » qui demeure pessimiste concernant l’avenir dudit Pacte. «Les politiques migratoires en cours en Europe et aux Etats-Unis en disent long sur le sort de ce Pacte. Aujourd’hui, les pays du Nord défendent farouchement leurs frontières et mettent la pression sur les pays du Sud comme en attestent le débat suscité dernièrement sur l’édification hors UE de Centres de rétention des migrants et les fonds importants alloués à l’Afrique pour tarir les flux des migrants», nous a-t-il affirmé. Et de conclure : «On est loin d’un Pacte équilibré et respectueux des droits de l’Homme».