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Le Maroc peut mieux faire pour promouvoir les droits économiques de la femme

Une meilleure intégration des femmes dans l’économie peut considérablement stimuler la croissance du Maroc

Mercredi 8 Mars 2017

Les autorités marocaines ont commencé à mettre en œuvre des politiques en faveur d’une  meilleure intégration des femmes dans la vie économique, mais pour le Fonds monétaire international (FMI), il reste encore beaucoup à faire pour aider les fillettes à réaliser leurs rêves.
L’institution financière internationale a estimé dans une récente étude que les politiques en faveur d’une plus forte intégration des femmes dans la vie économique pourraient contribuer à accroître le revenu global et à améliorer considérablement les perspectives de croissance du Maroc.
Dans un article signé Anta Ndoye, Lisa Kolovich et Vincent Dadam, le FMI a affirmé que les politiques en faveur d’une meilleure intégration des femmes dans l’économie pouvaient considérablement stimuler la croissance du pays.
En effet, «si les femmes, par exemple, étaient aussi nombreuses à travailler que les hommes aujourd’hui au Maroc, le revenu par habitant pourrait être près de 50% supérieur à ce qu’il est actuellement».
Etant donné que la croissance démographique au Maroc s’essouffle, et que les projections des Nations unies tablent sur une augmentation, d’ici 2040, du rapport de dépendance économique (rapport inactifs/actifs), les auteurs de l’article pensent qu’«il est fort possible que le nombre de personnes inactives augmente au cours des prochaines décennies».
Pour compenser cette évolution négative, le FMI pense qu’«il conviendrait de poursuivre la mise en œuvre de politiques qui éliminent les disparités hommes/femmes, en améliorant notamment l’accès des filles à l’éducation». Par ailleurs, il serait aussi important de développer les transports publics (pour faciliter et sécuriser les trajets des femmes vers leur lieu de travail) et de dispenser des programmes d’alphabétisation et de formation professionnelle dans les zones rurales.  
Le FMI a, aussi, estimé que «des réformes plus poussées s’imposent» au Maroc. Et ce en dépit du renforcement des droits des femmes intervenu avec la révision en 2004 du Code de la famille, la promulgation en 2011 d’une garantie constitutionnelle de l’égalité hommes/femmes et l’instauration en 2004 d’un congé de maternité de 14 semaines avec maintien total du salaire.
En effet, malgré ces améliorations, «des mesures plus décisives et mieux ciblées s’imposent pour augmenter le taux d’activité et d’emploi des femmes et pour combler le fossé éducatif entre garçons et filles au Maroc», peut-on lire sur le site Internet du FMI.   
Il ressort aussi de cette étude que l’investissement dans des structures de garde d’enfants permettrait aux femmes d’avoir plus de temps pour suivre davantage de cours et de formations et pour rejoindre le marché du travail.
«Les abattements ou crédits d’impôts ne sont actuellement accessibles qu’aux hommes, qui en tant que contribuables, peuvent demander un abattement fiscal pour personne à charge, à la fois pour leur épouse et leurs enfants», ajoute-t-on, déplorant qu’une femme contribuable ne peut pas prétendre à de tels avantages fiscaux, à moins de prouver son statut de tutrice légale.     
Autre constat: les programmes de transfert conditionnel à des fins éducatives peuvent favoriser un meilleur accès des filles à l’éducation secondaire. Pour les experts, «ils pourraient aussi accompagner des programmes d’alphabétisation des femmes dans les zones rurales et de formation professionnelle en faveur de l’ensemble des femmes et promouvoir l’entrepreneuriat féminin, comme le recommande la Stratégie nationale pour l’emploi, récemment adoptée».     
Le FMI a affirmé que les obstacles qui se dressent sur la voie de la participation de la femme à la vie économique seraient considérablement diminués, si toutes ces mesures sont mises en œuvre. Et que ses possibilités de contribuer à rendre la société marocaine plus prospère et plus inclusive seraient décuplées.
Selon Phumzile Mlambo-Ngcuka, directrice exécutive d’ONU Femmes, « les inégalités salariales suivent le schéma suivant : l’écart salarial moyen est de 23%, mais celui-ci s’élève à 40% chez les femmes afro-américaines des Etats-Unis. Dans l’Union européenne, les femmes âgées ont 37% plus de risque de vivre dans la pauvreté que leurs homologues masculins».
Invitant les femmes et les filles à se tenir prêtes à prendre part à la révolution numérique, elle note que seuls 18% des détenteurs d’un diplôme en sciences informatiques du premier cycle universitaire sont des femmes à l’heure actuelle. Aussi, «les femmes ne représentent actuellement que 25% de la main-d’œuvre de l’industrie numérique», a-t-elle déploré.
Plus généralement,  l’ONUFemmes note que seules 50% des femmes en âge de travailler font partie de la main-d’œuvre mondiale contre 76% pour les hommes. D’après l’agence, une très grande majorité de femmes travaille dans l’économie informelle, les soins subventionnés et les tâches domestiques et exercent des activités peu rémunérées et peu qualifiées, ne bénéficiant que d’une très faible voire d’aucune protection sociale.
Par ailleurs, comme l’a rappelé Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO, 2/3 des adultes analphabètes dans le monde sont des femmes. 1 femme sur 3 souffre de violence physique dans sa sphère privée et l’écart des salaires entre hommes et femmes, à travail et compétences égaux, se vérifie partout dans le monde.

Alain Bouithy

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