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Dans les rues de Bangkok, il n'est pas rare d'apercevoir le mont Fuji... la célèbre montagne japonaise s'affiche en effet sur de nombreuses publicités, qui ne sont la plupart du temps même pas traduites en thaï.
"J'ai toujours été fascinée par les dessins animés et je trouvais la langue très belle. Un jour, je me suis dit qu'apprendre le japonais était une bonne façon de trouver un boulot", raconte Yatuda Suuriyatan, 24 ans.
Le temps lui a donné raison: à peine diplômée, elle a décroché un poste dans une entreprise japonaise.
Le Japon est de loin et depuis de nombreuses années le premier investisseur direct de la Thaïlande, qu'il considère comme une porte d'entrée pour l'Asie du Sud-Est. Tokyo est d'autant plus intéressé par cette région qu'elle lui permet de nourrir sa propre croissance sans passer par la Chine, avec laquelle le Japon entretient des relations difficiles.
Quelque 4.500 entreprises japonaises sont présentes en Thaïlande et elles ont investi pour 149 milliards de bahts (3,8 milliards d'euros) en 2015, selon Jetro, organisme japonais pour la promotion des échanges et des investissements.
Historiquement, les liens entre les deux pays sont forts: après avoir brièvement résisté aux troupes japonaises, la Thaïlande est devenue l'alliée de Tokyo pendant une grande partie de la Seconde Guerre mondiale et a servi de base arrière.
Peu après le conflit, les constructeurs automobiles ont été parmi les premiers à s'implanter et restent présents en masse.
"La Thaïlande est un pays clé (pour le Japon) depuis des années et cela le reste. Localement, le marché est important et le pays a également un rôle crucial pour les exportations" japonaises, explique Antoine Barthes, directeur de Nissan Thaïlande.
Ces dernières années, les nouveaux venus japonais en Thaïlande sont surtout des "petites et moyennes entreprises, des sociétés non manufacturières pour 80 à 90%", explique Yoichi Tsutsumi, de la Chambre de commerce thaïlando-japonaise.
Cette implantation économique forte a facilité le rayonnement culturel japonais.
Et les mangas, eux aussi, ont bien aidé.
Les Thaïlandais sont ainsi de plus en plus nombreux à se rendre sur l'archipel nippon, profitant notamment de l'exemption de visas dont ils bénéficient depuis juillet 2013 pour un séjour de moins de deux semaines.
Plus de 900.000 Thaïlandais ont visité le Japon l'an dernier, soit 10 fois plus qu'en 2003, d'après les chiffres de l'autorité du tourisme japonais.
Les compagnies d'aviation, y compris low-cost, ont multiplié les liaisons vers le Japon, rendant les vols très accessibles.
"La fascination qu'exerce le Japon sur les Thaïlandais est très grande. Ils sont économiquement puissants et sont considérés comme un modèle plus accessible que les pays occidentaux", indique Saikaew Tipakorn, professeure spécialiste du Japon à l'université de Chulalongkorn de Bangkok.
Les deux pays ont en commun d'être des monarchies avec une famille royale très respectée, une situation peu courante en Asie. Début mars, l'empereur du Japon Akihito est venu rendre hommage au défunt roi thaïlandais Bhumibol Adulyadej, décédé en octobre et qui s'est souvent rendu au Japon pendant son règne de 70 années.
La relation avec le Japon est "très différente de celle avec la Chine, qui est plus proche car beaucoup de Thaïlandais ont un ancêtre chinois mais pour laquelle les Thaïlandais n'ont pas la même admiration", ajoute la chercheuse.
Les Thaïlandais ont aussi une attirance pour le Japon en raison de ses codes et de ses traditions très policées.
"J'aime beaucoup la façon dont les Japonais s'expriment. Ils sont très polis et très respectueux quand ils parlent, comme nous", témoigne Amornrat Kaewanuson, une jeune pharmacienne qui suit des cours de japonais.
Comme elle, ils sont de plus en plus nombreux à apprendre la langue à l'école mais aussi lors de cours du soir. Le japonais est la seconde langue étudiée en Thaïlande après l'anglais.
Bangkok compte ainsi des dizaines d'écoles pour étudier le Japonais, qui se sont développées aussi vite que les restaurants japonais.
Autrefois considérée comme un luxe en Thaïlande, la cuisine nippone est devenue plus abordable. Aujourd'hui, le pays compte plus de 2.300 restaurants japonais, trois fois plus qu'en 2008.