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La santé au Maroc, un cas désespéré ?

La Cour des comptes rappelle ce que les Marocains endurent au quotidien


Hassan Bentaleb
Lundi 10 Juillet 2017

Pénurie de médecins spécialistes et de personel paramédical, longue attente de rendez-vous, des équipements biomédicaux non-fonctionnels ou mal-entretenus, des recettes insuffisantes... tel est le tableau noir dressé par Driss Jettou, président de la Cour des comptes, mardi dernier devant les deux Chambres du Parlement réunies. 
Selon lui, certains «centres hospitaliers n’assurent pas de prestations de santé dans toutes les spécialités prescrites par les textes réglementaires en vigueur pour chaque catégorie d’hôpital».  Le rapport a révélé le cas de certains établissements  qui ne disposent pas de spécialités ORL, psychiatrique, de réanimation, ou de chirurgie pédiatrique.
L’autre problème relevé a trait aux délais de rendez-vous fort longs, notamment pour ce qui est de la chirurgie générale, du traitement du diabète et des maladies de l’épiderme qui peuvent aller de 4 à 7 mois. Le rapport a également pointé du doigt «la programmation des plages horaires des  consultations qui, dans la majorité des cas, ne réserve à certaines spécialités qu’une seule plage horaire par semaine «.  C’est le cas pour la dermatologie, l’endocrinologie, la gastroentérologie, la gynécologie, l’hématologie, la cardiologie et l’ophtalmologie.
Concernant la gestion des ressources humaines, la Cour des comptes a noté «une insuffisance du personnel paramédical avec des ratios pouvant atteindre, dans certains cas, un infirmier pour soixante lits». Les départs à la retraite normale ou anticipée et le changement de cadre d’un grand nombre d’infirmiers passés au statut d’administrateur sont présentés comme les principales causes de cette situation.
Pourtant, nombreux sont les professionels du secteur de la santé qui ont considéré ce rapport comme  un non-évènement voire un simple document de plus. « Le dernier document de Jettou est identique à ceux qui ont été précedemment publiés par des syndicats de la santé, des experts nationaux et internationaux ou des ONG. En fait, le rapport de Jettou ne rapporte que ce qui a été révélé à plusieurs reprises sur la situation catastrophique du secteur de la santé et l’inefficacité de la poltique de  soins menée depuis plusieurs années », nous a indiqué le Dr Mustapha Chennaoui, secrétaire général du Syndicat national de la santé (SNS). Et de poursuivre : « Et cela dresse deux constats, à savoir l’absence d’une politique claire et bien définie concernant ce secteur et le fait que ce dernier ne constitue pas l’une des priorités de l’Etat. Le budget consacré à ce secteur qui tourne autour de 5% du PIB alors que l’OMC en recommande entre 10% et 12% en dit long sur l’intérêt accordé à ce secteur. Les ressources humaines mobilisées en disent également long  sur cet état de fait puisque le secteur dispose de seulement 57.000 fonctionaires (médecins, infirmiers, techniciens et adminstrateurs) pour 35 millions d’habitants alors que la France dispose d’un million de professionels de la santé pour 67 millions d’habitants. Le rapport de la Cour des comptes impute la responsabilité de ces lacunes aux fonctionnaires de la santé accusés d’être des bras cassés, de faire montre d’absentéisme et de migrer vers le secteur privé».
Pour notre source, les vrais responsables sont à chercher ailleurs. Elle  estime que la situation calamiteuse du secteur est due à une politique d’Etat qui encourage l’émergence et le développement d’un secteur privé libéral et sauvage au détriment du secteur public en ouvrant le capital des cliniques aux non-médecins au lieu d’accorder la priorité à un service public de qualité. Ces orientations sont édictées, en grande partie, par des institutions fianncières internationales qui considèrent les secteurs sociaux comme non productifs. «Prenez l’exemple du RAMED.  L’Etat a distrubié 10.000.000 cartes sans renforcer les ressources humaines et doter les infrastructures sanitaires d’équipements adéquats. Ceci d’autant plus que l’Etat n’a pas versé son écot à ces hôpitaux alors que le nombre des usagers et des rendez-vous ont été multipliés par quatre, nous a  expliqué notre source. 
Le secrétaire général du SNS estime que la réforme du secteur doit passer par la reconaissance de sa spécifité. La santé ne doit pas être conçue comme un secteur purement technique où seuls les résultats chiffrés comptent. « Il faut donner la priorité à ce secteur et établir une stratégie de long terme loin de tous calculs politiciens ou logiques partisanes.  La nature de la mission accomplie par les professionnels de la santé et les heures qu’ils passent dans les établissements de soins imposent une révision du statut des fonctionnaires de la santé ».  A ce propos, notre source nous a indiqué que le SNS est en train de négocier la mise en application de l’Accord du 5 juillet 2011 signé avec le gouvernement El Fassi mais que celui de Benkirane a mis sous le boisseau ainsi que la mise en place d’une réforme strcturelle de la fonction.  Des réformes dont rien n’augure la mise en oeuvre comme le laissent présumer les mesures prises cette année en matière de gestion des ressource humaines. En fait, seuls 1.500 postes  budgétaires ont été créés en 2017 contre 2000 en 2016 alors que le nombre de fonctionnaires du secteur qui vont partir à la retraite est de 1.505  soit 5 postes de moins. D’autant plus que le manque en personnel avoisine les 25.000 voire davantage. 
 


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