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La rose bulgare a désormais son label

Les principaux clients de l'essence de rose bulgare sont des maisons de fragrances en France, aux Etats-Unis et au Japon


Libé
Mercredi 22 Juillet 2015

Si les Bulgares se lèvent si tôt pour cueillir les roses, c'est qu'en trois siècles on n'a pas trouvé à remplacer ce produit indispensable aux parfums de luxe et désormais protégé par un label européen.
"Les fleurs doivent être cueillies tant que la rosée les recouvre. C'est là qu'elles ont le meilleur rendement", explique Totka Hristova, une ouvrière saisonnière âgée rencontrée à Tarnitchane, un village du sud de la chaîne des Balkans.
Détacher la fleur de sa tige, la ranger dans un sac en plastique: Totka répète ces gestes inlassablement en mai et juin pour collecter chaque matin 25 à 30 kg de pétales, dont on ne tirera que 7 à 8 grammes d'huile essentielle, également appelée essence de rose.
La cueillette s'interrompt dès 10 heures, au moment où la chaleur fait redescendre l'essence vers les racines.
La Bulgarie et la Turquie voisine sont les deux plus grands producteurs mondiaux d'huile essentielle de rose, devançant l'Iran, le Maroc, l'Inde et la Chine.
La technique d'extraction est "pratiquée en Bulgarie depuis plus de 350 ans" sans grands changements, explique à l'AFP Gueorgui Tchaouchev, directeur de l'Institut de la Rose de Kazanlak (centre).
A peine récoltées, les fleurs sont apportées aux distilleries, où on les fait bouillir. La vapeur est alors condensée, puis distillée de nouveau pour obtenir l'huile essentielle.
Pas moins de 3.500 kg de pétales sont nécessaires pour aboutir à 1 kilo d'huile. La production annuelle bulgare de 1.500 kg d'essence provient ainsi de 5,25 tonnes de pétales cultivées sur 3.800 hectares, dont la plupart dans la région de Kazanlak, surnommée la Vallée des Roses.
6.000 euros le kilo   
On y trouve notamment la variété Rosa Damascena. Le climat tempéré et les sols alluviaux de la vallée favorisent la culture de cette rose dont l'essence est irremplaçable pour les grands parfumeurs mondiaux: le produit et ses 370 composants n'ont, en effet, pas d'alternative synthétique.
Les fabricants de parfums paient 6.000 euros, voire plus, pour un kilo de ce liquide épais de couleur ambre. Et fait surprenant, ce n'est pas son arôme - assez lourd - qui les attire, mais plutôt sa capacité à unir les centaines d'ingrédients naturels et artificiels composant un parfum et à fixer son odeur, souligne l'expert Nikolay Nenov.
Les principaux clients de l'essence de rose bulgare sont des maisons de fragrances en France, aux États-Unis et au Japon. Un intérêt croissant est enregistré de la part de clients asiatiques, notamment en Chine.
Rançon du succès, ce trésor intéresse de nombreux faussaires. Pour les combattre, la Bulgarie a obtenu en octobre, après neuf ans de procédure, un label d'indication géographique protégée (IGP) délivré par la Commission européenne. 
C'est la certification du produit auprès d'un laboratoire italien qui permet désormais de le vendre dans l'UE sous le nom d'"essence de rose bulgare".
Le certificat garantit notamment que le producteur a utilisé des pétales d'une région traditionnelle bulgare de culture de roses, qu'il a strictement respecté la technique de distillation et que le produit possède les caractéristiques chimiques et physiques de l'huile essentielle de rose bulgare. 
L'obtention du label "est un succès énorme" qui permettra aux horticulteurs bulgares de maintenir la qualité de leur produit, se félicite Philip Lissitcharov, un des grands producteurs qui a relancé la première distillerie du pays, construite en 1909 à Tarnitchane par son arrière-grand-père.
Pour les clients de la Vallée des Roses, "ce sera une garantie supplémentaire de la qualité et de l'authenticité du produit", se réjouit aussi Uliana Ognianova de la société Bulattars, un autre grand exportateur.


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