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La justice française suspend un arrêté d'interdiction du burkini, sans éteindre la controverse

A huit mois de l'élection présidentielle, la classe politique française s'est engouffrée dans le débat


Libé
Lundi 29 Août 2016

Loin de calmer les esprits, la suspension d'un arrêté anti-burkini par la justice française a relancé vendredi le débat sur cette tenue de bain controversée et, au-delà, sur la place de l'islam dans l'espace public en France.
La décision du Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative française, n'a pas convaincu ceux qui réclament un durcissement de la législation sur les signes religieux, dans un pays meurtri par une série d'attentats jihadistes et où vit la plus forte communauté musulmane d'Europe.
Saisi par des organisations de défense des droits de l'Homme, le conseil d'Etat a sèchement suspendu la décision du maire de Villeneuve-Loubet (sud-est), bannissant de ses plages la tenue couvrante portée par certaines musulmanes.
Pour cette instance, une restriction de l'accès aux plages ne peut être justifiée qu'en cas de "risques avérés" pour l'ordre public, et non pas sur la base de "l'émotion ou (des) inquiétudes", même dans des communes proches de Nice, où un attentat jihadiste a fait 86 morts le 14 juillet.
A défaut de ces "risques avérés", interdire ces tenues de bain porte "une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales", a asséné le Conseil d'Etat.
Cette décision, saluée par les représentants du culte musulman en France, doit faire autorité dans tout le pays où une trentaine d'autres communes ont pris une décision similaire, suscitant une polémique enflammée, particulièrement à l'étranger.
Pas question, ont immédiatement rétorqué plusieurs maires de la côte méditerranéenne qui ont annoncé qu'ils maintenaient leurs interdictions du burkini et réclamé une loi pour l'interdire dans le pays.
La mairie de Nice "va continuer à verbaliser" les femmes portant un burkini, tant que son arrêté n'est pas invalidé, a-t-elle déclaré à l'AFP. "Aucune procédure n'est en cours contre notre arrêté", a renchéri le maire d'extrême droite de Fréjus.
Quant au maire socialiste de Sisco, Ange-Pierre Vivoni, il maintient d'autant plus son interdiction qu'elle a été prise au lendemain d'une violente rixe entre des Marocains et des villageois dans sa commune mi-août. Pour lui, il y avait donc bien une menace à l'ordre public.
Parmi les représentants musulmans, on voulait croire à une accalmie.
Le secrétaire général du Conseil français du culte musulman (CFCM), Abdallah Zekri, a salué une "décision de bon sens", une "victoire du droit, de la sagesse". La grande mosquée de Lyon a appelé les musulmans à être "fiers de la France".
Dans un pays qui s'enflamme régulièrement sur la place de l'islam dans la société et à huit mois de l'élection présidentielle, la classe politique française s'est engouffrée dans le débat.
A droite, les deux principaux candidats à la primaire ont défendu des lignes divergentes, l'ancien président Nicolas Sarkozy appelant à une interdiction du burkini tandis que l'ex-Premier ministre Alain Juppé se disait opposé à "une loi circonstance".
Le gouvernement socialiste est apparu divisé aussi, deux ministres - celle de l'Education Najat Vallaud-Belkacem et de la Santé Marisol Touraine - s'inquiétant de la "dérive" des arrêtés municipaux, alors que le Premier ministre Manuel Valls apportait son soutien aux maires.
Il a campé sur sa position vendredi soir, estimant que la décision du Conseil d'Etat "n'épuise pas le débat qui s'est ouvert". L'extrême droite veut, elle, interdire tous les signes religieux dans l'espace public.
Cette polémique française a beaucoup choqué. Des photos d'un contrôle policier d'une femme voilée sur une plage de Nice, parues en Une du New York Times, avaient suscité un immense émoi dans le monde entier, la presse allemande évoquant même une "guerre de religion".


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