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La filière des viandes rouges gangrénée par l’informel et le manque d’hygiène

Levée de boucliers des opérateurs contre ce qu’ils qualifient de «mafia des autorisations»

Vendredi 13 Février 2015

La filière des viandes rouges gangrénée par l’informel et le manque d’hygiène
Les premières rencontres nationales des viandes rouges se sont déroulées, mercredi dernier à Rabat, sous le thème «Filière viandes rouges : atouts et contraintes». 
Malgré ce slogan générique qui dénote à, lui tout seul, du caractère épineux de la question, il a été plus question d’engranger du vent et de dorer la pilule, que d’adopter des mesures sur comment endiguer des phénomènes patents dans le secteur, de façon concrète et définitive, en l’occurrence celui de l’abattage clandestin, ou encore de l’absence d’hygiène… Et la liste est loin d’être exhaustive.
En effet, plusieurs professionnels qui étaient de la partie s’accordent à dire qu’abstraction faite du tapage autour de cette rencontre, il aurait été judicieux de prendre à bras-le-corps certaines problématiques en mettant en branle des actions finalement. 
Ce sont ceux-là mêmes qui n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère, à cette occasion, en s’épanchant parfois même dans une sévère diatribe, rien que pour que leurs desiderata soient pris en considération. Des aspirations qui, malheureusement, pour eux, n’ont pu être exposées qu’après le départ du ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime, Aziz Akhannouch, qui a présidé l'ouverture de cet événement et est parti en coup de vent, eu égard à un agenda chargé…
En effet, lors de cette rencontre, le ministre a passé en revue quelques chiffres concernant cette filière et a conclu avec une éventuelle nouvelle orientation tendant à libéraliser le secteur : des privés pourront ainsi  investir dans la filière et ce, sans autorisation de la municipalité. 
En fait, plusieurs participants ont pointé du doigt le lobby des municipalités. Et si certains ont précisé, dans la foulée, que l'exercice de cette profession est soumis à une autorisation de la wilaya, d’autres ont, en revanche, soulevé que cet agrément est accordé des fois à des fins autres que professionnelles…
«Généralement, l'exercice du métier de chevillard est soumis à une autorisation de la préfecture. En clair, une commission présidée par le wali et comprenant les représentants des services vétérinaire et économique de la wilaya, de la Communauté urbaine et de la Chambre d'agriculture, examine le dossier du candidat qui se doit normalement d’être connu dans la filière (éleveur, boucher,..), de justifier d'une surface financière suffisante avec les équipements nécessaires, d’avoir un casier judiciaire vierge et de prouver sa qualification professionnelle», nous explique un professionnel tonnant qu’en vérité ce n’est pas ce qui se passe dans la réalité et qu’il est plus question de favoritisme ! Autre hic mis en exergue par les participants a trait à l’absence des normes réglementaires du transport du bétail. En effet, ils sont catégoriques quant aux conditions qui laissent à désirer alors que d’aucuns savent pertinemment que cela influe sur la qualité de la viande !
Et à un vétérinaire d’emboîter le pas aux intervenants pour rappeler qu’un schéma directeur a été établi dans les années 80 et qui prévoyait la modernisation du secteur. Résultat des courses : les viandes des abattoirs de Casablanca, Meknès et Settat ont été interdites à l'export depuis 1983 pour non-conformité aux normes européennes. «Cette situation a été à l'origine du retrait de l'agrément dont bénéficiaient, depuis 1963, les Abattoirs de Casablanca pour l'exportation des viandes vers les pays de la CEE. L'agrément leur a été retiré pour non-conformité aux normes d'hygiène et de salubrité en vigueur en Europe. Les abattoirs des villes de Meknès et Settat ont, de ce fait, connu le même sort», se souvient-on non sans regret. 
Autre bémol porté en haut du pavois concerne l’informel au Maroc et plus précisément dans les grandes villes. En effet, il faut savoir qu’une quantité importante provient de l’abattage clandestin et des tueries situées à l’extérieur de la ville qui plus est. Selon des grossistes, les besoins du Grand Casablanca, à titre d’exemple, proviennent de l’informel, si l’on excepte les quantités commercialisées dans les grandes surfaces. Et le phénomène continue de prendre de l’ampleur, précisément au niveau de Souk Lbaladya et rien n’est pas pour y mettre un terme malgré les risques encourus sur la santé du consommateur casablancais. «Quid des équipes de contrôle et d’hygiène ?», s’interrogent les professionnels.
Pavé dans la mare, les avis des opérateurs publics et privés sont unanimes quant à la gravité de la situation actuelle avec des établissements qui ne répondent pas aux minima sanitaires.  Le tir est à rectifier. 

Filière en chiffres

La production de viandes rouges a atteint un volume de 490.000 tonnes en 2013, tandis les prévisions tablaient sur quelque 450.000 tonnes en 2014, a fait savoir le ministre, ajoutant que la consommation est passée de 11,7 kg/habitant/an en 2009, à plus de 14,2 en 2014.
Et de poursuivre que le chiffre d'affaires de la filière des viandes rouges s'est renchéri de 25 %, au cours de la même période et que les éleveurs ont vu leur revenu augmenter de près de 21 %. 
S’agissant du contrat-programme de la filière des viandes rouges entre l'Etat et la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (FIVIAR), conclu en avril dernier à Meknès en marge de la 7ème édition des Assises de l'agriculture, il porte sur un montant global de 5 milliards de dirhams (MMDH) d'investissement, dont 1,45 MMDH supportés par l'Etat, et 3,55 MMDH d'investissement privé. Les résultats de la mise en application de ce nouveau contrat-programme devront se traduire notamment par l'accroissement de la production à 612 mille tonnes en 2020 ainsi que par l'augmentation significative du chiffre d'affaires pour atteindre 35 MMDH au même horizon.
Pour sa part, la stimulation de la consommation doit se manifester par la réalisation d'un taux de consommation annuelle par habitant de 17,3 kg.

Meyssoune Belmaza

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