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La citoyenneté au service de la paix en Méditerranée

La FACM hisse le dialogue citoyen en première ligne


Chady Chaabi
Mardi 14 Novembre 2017

 A des centaines de kilomètres d’Abidjan où l’équipe nationale a arraché son billet pour le Mondial en Russie, le bassin méditerranéen s’est invité sur les côtes atlantiques de Casablanca lors d’une rencontre tout aussi importante et à grands enjeux.
7ème du genre organisée par la Fondation Assemblée des citoyens et citoyennes de la Méditerranée (FACM), cette rencontre internationale, étalée sur trois jours (du 9 au 12 novembre) et aura mis au centre des débats les besoins et les outils d’action de la citoyenneté afin de rétablir la paix et renouer avec le progrès dans la région du bassin méditerranéen.
Ainsi, sur le chemin de cet objectif, 120 experts et membres du réseau de cercle de la FACM, représentant plus de 20 pays méditerranéens se sont répartis en quatre ateliers abordant des sujets aussi importants que la xénophobie, la radicalisation, les migrations, les conflits ethniques, l’éducation, les inégalités, le développement durable et la participation citoyenne. Un vaste champ d’action dont Vicent Garcés Ramon, président de la FACM, a tenu à fixer les priorités :«La résolution pacifique des conflits jouit d’une dimension centrale lors de ses débats. De nos jours, plusieurs pays riverains de la Méditerranée, principalement à l’est, sont minés par des conflits armés. La résolution de ces derniers passera forcément par le dialogue, avec le droit humain comme porte-étendard».
Effectivement, si les régions méditerranéennes, couvrant l'Europe du Sud, le Proche-Orient et l'Afrique du Nord, jouissent de dénominateurs culturels communs, et notamment un héritage antique ou médiéval fort, lié aux civilisations gréco-romaine, judéo-chrétienne et islamique, mais aussi économique, représentés par l'agriculture méditerranéenne (blé, olivier et vigne), la pêche et le secteur de la sylviculture, historiquement, aussi, le bassin méditerranéen a toujours été une région où la paix n’a jamais vraiment réussi à s’implanter sur la durée. Un focus sur le passé dévoile une Méditerranée qui a de tout temps été une sphère de dualités. Elle a été à la fois cette mer calme, celle des poètes et des commerçants, et cette mer des tempêtes, celle des flottes de guerre et des combats.
Cette oscillation continue entre les extrêmes, entre douceur et violence, trouve écho dans plusieurs problèmes modernes traités lors de cette rencontre au sommet. En l’occurrence, la situation des peuples coincés entre ciel et mer, et qui considèrent la Méditerranée comme un pont pour accéder à une vie meilleure, à savoir les immigrés. «Notre Fondation dénonce depuis des années la situation des migrants, qui fait de notre mer un cimetière, alors qu’elle doit être une autoroute pour le progrès et le développement des peuples», abonde Vicent Garcés, avant de conclure «C’est dans ce sens que nous appelons, comme le décrit si bien le sociologue et philosophe français Edgar Morin, à la résistance citoyenne pour rendre possible liberté, justice et dignité des peuples méditerranéens sans restriction».
En amont des débats et agoras, la plénière d’ouverture, qui aura vu l’intervention de nombreux représentants d’institutions publiques et de la FACM, s’est déroulée au siège de la région de Casablanca, et comme cela a été précisé par Mme Touria El Omri, membre du conseil consultatif de FACM, le choix de ce lieu n’est pas dénué de sens «Pour cette première rencontre organisée au Maroc, nous avons décidé de choisir un lieu qui revêt une forte symbolique historique et qui possède la rare qualité d’être un héritage international et méditerranéen sur les rives de l’Atlantique», annonce-t-il.
En effet, comme un clin d’œil à l’histoire, c’est au sein de l’anciennement nommé «Mahkama Pacha» que le top départ de cet événement a été donné. Edifié entre 1948 et 1952 dans le quartier des Habous et accueillant aujourd’hui le siège de la région de Casablanca, ce palais aux 60 salles servant par le passé à la fois de tribunal et de salon de réception du Pacha de Casablanca, est orné de multiples formes et motifs décoratifs propres à l'architecture hispano-mauresque. Cette affiliation historique sied bien à la FACM, dont le siège est situé dans l'est de l’Espagne, sur la côte méditerranéenne, à Valence, la troisième plus grande ville ibérique.
Cette Fondation tire sa quintessence d’un processus de construction basé sur des valeurs démocratiques de liberté, de paix, de respect, de diversité culturelle et de responsabilité environnementale. Ce processus datant de 2008 est le fruit de l’engagement d’un groupe de citoyens et de citoyennes de la Méditerranée, résolu à faire émerger une communauté méditerranéenne des peuples, dont l’objectif est de représenter une parole et une action citoyenne communes. Consciente des enjeux inhérents à cette responsabilité civique, la FACM ne lésine pas sur les moyens par l’utilisation de toutes les méthodes possibles et autres outils novateurs, en prônant l’action et l’implication des citoyens et citoyennes au sein de l’espace méditerranéen. C’est dans ce sens que la FACM tente de rassembler et recueillir l’adhésion d’un grand nombre et d’une grande diversité de personnes «Cette assemblée citoyenne met en avant les droits d’expression et d’organisation sans aucune restriction ethnique, linguistique ou géographique», indique son président. Et d’ajouter : «Pour preuve, notre réseau est constitué de personnes venant de tous les horizons. Ici toutes les religions, les langues et les cultures diverses sont traitées de la même manière. Tout le monde a le droit de parler en liberté et montrer que c’est possible de construire ensemble». Et toujours selon ce dernier, pour une fois, contrairement à la tendance mondiale, la femme bénéficie d’une place particulière au sein de la fondation : «Pour nous, la femme occupe une place primordiale dans notre Fondation. Plus de la moitié de nos adhérents sont des femmes et nous sommes convaincus que sans elles, notre avenir serait forcément compromis».
En guise de conclusion, il est à noter que le Maroc compte pas moins de quatre cercles citoyens à Casablanca, Larache, Nador et Rabat. Des groupements de citoyens locaux et autonomes, agencés comme espaces de dialogue permanent et d’action dont l’accueil est réputé chaleureux et les débats constructifs.  


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