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A cheval entre le secteur de l’industrie et celui de l’agriculture, le plan de l’IAA a sûrement prévu les connexions nécessaires entre Plan Maroc Vert et Plan d’accélération industrielle en vue de créer une synergie qui ne peut être que profitable pour tous les intervenants du secteur. En plus de cette intégration verticale, le contrat-programme devrait également prendre en considération le renforcement de la capacité d’exportation du secteur.
Un diagnostic sommaire de l’IAA montre que les problèmes dont il pâtit sont similaires à ceux que nous trouvons dans les autres secteurs de notre tissu économique.
Bien qu’il occupe une place de choix dans l’industrie manufacturière, avec 35% du PIB industriel, 8% du PIB national et une production de plus de 80 milliards de DH dont 25% destinés à l’exportation, l’IAA demeure fragilisée par le nombre considérable de petites unités très peu organisées. En effet, 25 opérateurs génèrent à eux seuls 50% du chiffre d’affaires. Le déficit commercial qui est de 2,4 milliards de DH est un autre point faible à prendre au sérieux -il y a plus de dix ans on enregistrait un excédent de 2,4 milliards de DH-. De façon générale, (le département de l’agriculture le confirme dans un document publié en mars 2016) le secteur de l’IAA est assez disparate. Il se caractérise également par une forte domination des multinationales étrangères et une faible présence de grands groupes nationaux.
Développer la compétitivité de l’IAA face aux produits étrangers impose une disponibilité de produits agricoles en quantité suffisante permettant aux opérateurs de se fournir sur le marché local et de ne plus dépendre, tant que faire se peut, des importations. Le Plan Maroc Vert a apporté une partie de la solution en augmentant de façon considérable l’offre en fruits issus de l’arboriculture. C’est le cas, de l’orange et de la clémentine dont la production, cette saison, a été telle que certains producteurs ont été obligés de vendre à perte ou de donner une partie de leur récolte au bétail. La tendance risque de s’accélérer les prochaines années par la valorisation des surfaces agricoles en les destinant à l’arboriculture au lieu de la culture céréalière.
Ce manque à gagner des producteurs d’agrumes aurait pu être évité si la filière disposait en aval de deux piliers fondamentaux : les stations de stockage et de conditionnement d’une part et les unités de transformation, d’autre part. En d’autres termes, l’existence d’une IAA locale performante. Malheureusement, l’infrastructure dont nous disposons (53 stations au total) ne permet pas de stocker le surplus de production, tout comme il est à déplorer l’absence une capacité de transformation en mesure d’absorber une offre abondante comme ce fut le cas cette année. En moyenne, seuls 13% de la production agricole sont destinés à la transformation. Plus surprenant encore, au moment où le Maroc exporte ses agrumes, il importe ses besoins en concentrés de fruits destinés à la production de jus. Il s’agit là de l’une des défaillances du secteur et elle n’est pas la seule. Une IAA forte est une condition pour la valorisation commerciale de nos produits agricoles qui seront moins à la merci des marchés étrangers et de leurs aléas.
Par ailleurs, en plus des partenaires étrangers traditionnels, les opérateurs de l’IAA doivent orienter leur regard vers les pays d’Afrique où le poids des IDE marocains est déjà important. Le ciblage des pays d’Afrique par le secteur n’est pas fortuit. En effet, dans un rapport qui remonte à 2013, la Banque Mondiale souligne « que l’agroalimentaire africain a les moyens de peser mille milliards de dollars d’ici 2030 ». Un autre atout de taille est qu’en Afrique on trouve 450 millions d’hectares de terres inexploitées. Ne perdons pas de vue non plus que de nombreux pays du continent offrent un immense marché avec un potentiel de croissance considérable.
Malgré ces nombreux avantages, cet «eldorado» ne manque pas de faiblesses. On peut évoquer dans ce sens le manque d’expertise. En effet, «l’une des plus grandes limites du développement de l’IAA en Afrique sont les contraintes en termes de capacité humaine». Par conséquent, c’est à ce niveau que le Maroc doit se positionner en apportant son soutien technique, son expertise en matière de recherche agronomique et d’irrigation (3% seulement des terres en Afrique sont irriguées).
En somme, le transfert de technologie, la création de joint-ventures et l’installation d’unités de conditionnement et de transformation dans différents pays d’Afrique s’imposent d’autant plus que le continent est déjà convoité pas de nombreux groupes étrangers qui s’y sont déjà installés.
Par ce partenariat concerté, l’IAA aura gagné son pari en contribuant à l’industrialisation des pays d’Afrique, en réussissant son intégration depuis l’approvisionnement jusqu'à la commercialisation et en assurant une présence qui dépasse les frontières nationales. Enfin, une telle ouverture participera à valoriser les exportations du continent. En somme, une bonne partie de l’avenir de l’IAA du Maroc se trouve en Afrique.