Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager

L’eau douce… de la mer à la rescousse

Une importante unité de dessalement pour que le tout Souss s’affranchisse de la pénurie en eau qui le guette

Jeudi 20 Juillet 2017

Après la centrale solaire Noor, entrée en service en février 2016, le Maroc continue d’embrasser un développement durable et respectueux de l’environnement, en annonçant le projet de l’unité mutualisée de dessalement de l'eau de mer à Chtouka pour l’irrigation et l'alimentation en eau potable de la région Souss Massa. 
Paraphé en juin dernier, à Rabat, le projet de cette unité de dessalement, dont la capacité de production pour les besoins de l’irrigation et de l’eau potable, en font mondialement, la plus grande du genre, porte sur contrat de nappe basé sur le scénario de préservation. Il comporte la reconversion de 50.000 ha en irrigation localisée, en mettant un dispositif financier plus motivant avec l’arrêt de l’extension des périmètres irrigués, la suspension de l’utilisation des eaux souterraines au niveau des périmètres irrigués à partir des barrages, ainsi que l’amélioration du rendement des réseaux d’irrigation, ce qui permettra une économie en eau de 144 millions m3 par an. Ce projet nécessitera pour ses deux composantes (eau potable et eau agricole), un coût global de 4 milliards de dirhams, et devrait, à terme, sécuriser l’approvisionnement en eau potable du grand Agadir et fournir de l’eau pour l’agriculture irriguée à haute valeur ajoutée de la zone de Chtouka. 
A l’instar de la première usine de dessalement en Europe, construite par le régime franquiste, en 1964, aux Îles Canaries, afin de répondre à la forte expansion du tourisme balnéaire et la forte demande en eau, ou encore, au milieu des années 1970, lorsque le Maroc a investi dans le dessalement, à Tarfaya avec l'installation de la première station en 1975, y voyant une solution pour le stress hydrique dans plusieurs de ses régions, le recours au dessalement de l’eau de mer, qui contient, en moyenne, 35 g de sel par litre, a été dicté par la nécessité d’accompagner le développement de la région Souss Massa, qui brille par son dynamisme socio-économique, urbanistique et touristique
Aujourd’hui, la région du Souss-Massa est alimentée par des ressources souterraines à hauteur de 20% et 80% à partir des ressources superficielles. Celle-ci inclut toutes les eaux naturellement ouvertes sur l'atmosphère, y compris les fleuves, les rivières, les lacs, les réservoirs, les ruisseaux, les lacs de barrage, les mers et les estuaires. Le terme s'applique également aux sources, aux puits et autres collecteurs d'eau qui subissent directement l'influence des eaux superficielles.
Selon les données officielles, les ressources hydriques de surface et souterraines de la région s’élèvent à 1,271 millions m3 par an, alors que les retenues des huit barrages représentent 765 millions m3 auxquelles s’ajoutent 1,4 million m3 au niveau des barrages collinaires. Les eaux de surface du Souss-Massa sont caractérisées par l’irrégularité et l’impact des changements climatiques. La zone subit des sécheresses longues, sévères et une pluviométrie moyenne ne dépassant pas 150 mm par an dans les plaines et 600 mm par an sur les sommets.
L’objectif principal de cette unité est donc de réduire la pression exercée sur l’eau souterraine qui se trouve dans un état de surexploitation chronique -le déficit en eau estimé à 271 millions m³-. Elle s’accompagne aussi d'une baisse du niveau de la nappe phréatique et une montée des eaux de mer, qui commence à présenter un réel danger pour la stabilité des investissements déjà réalisés et à hypothéquer le développement des secteurs clés, comme l’agriculture, le tourisme, le bâtiment et les industries de transformation de la région, selon l’Agence du Bassin hydraulique Souss-Massa.
Historiquement le dessalement a un ancêtre : la distillation. Découverte par Aristote au IVème siècle avant J-C, le philosophe grec avait dit dans ses Météorologiques (Livre 2, 3ème paragraphe) : « L’expérience nous a appris que l’eau de mer est réduite en vapeur, devient potable et le produit vaporisé, une fois condensé, ne reproduit pas l’eau de mer ». Ce procédé ne s'appliquera pour le dessalement de l'eau de mer qu'en 1960. En effet, on devra attendre la deuxième moitié du XXème siècle pour que le concept de dessalage puisse se développer. Ce procédé qui consiste, donc, à séparer les sels dissous de l’eau, est traité dans des usines organisés selon le schéma suivant : Une unité pour pomper l’eau de mer, une seconde de décantation, constituée de grandes cuves permettant le dépôt des impuretés les plus denses, et une pompe de pré-charge avec crépine et filtre. A ces composantes on ajoutera, l’unité de traitement des eaux usées (dont la région est leader en la matière) et pour faire fonctionner le tout, une source d’énergie nécessaire au pompage et à la mise sous pression de l’eau. 
Ce schéma est un noyau indispensable aux techniques de désalinisation, qui peuvent être effectués selon plusieurs principes physiques. Premièrement, la distillation, méthode la plus simple mais aussi la plus consommatrice d’énergie. Elle repose sur un principe de changement de phase eau liquide-vapeur. Pour cela, on chauffe l’eau salée jusqu’à évaporation et la vapeur d’eau condensée est récupérée en refroidissant. 
La seconde technique est l’osmose inversé. Mise au point par la NASA (National Aeronautics and Space Administration), pour les besoins en eau douce des astronautes, elle repose sur le principe d’une séparation sel-eau, en faisant appel à une membrane semi-perméable, et pour finir l’électrodialyse. C’est un procédé électrochimique qui permet d’extraire les ions (atomes chargés positivement ou négativement) d’une une solution en les déplaçant. Par exemple, par électrodialyse, on peut extraire les ions Na+ et Cl-de l’eau de mer. Ce procédé fonctionne avec un appareil nommé électro-dialyseur. Il est bien adapté aux eaux saumâtres dont la salinité est assez faible, inférieure à celle de l’eau de mer. C'est une technique assez peu consommatrice en énergie mais elle ne convient qu'à une faible préparation de liquide.


Chady Chaabi (Stagiaire)

Lu 1548 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.

Dossiers du weekend | Actualité | Spécial élections | Les cancres de la campagne | Libé + Eté | Spécial Eté | Rétrospective 2010 | Monde | Société | Régions | Horizons | Economie | Culture | Sport | Ecume du jour | Entretien | Archives | Vidéo | Expresso | En toute Libé | USFP | People | Editorial | Post Scriptum | Billet | Rebonds | Vu d'ici | Scalpel | Chronique littéraire | Billet | Portrait | Au jour le jour | Edito | Sur le vif | RETROSPECTIVE 2020 | RETROSPECTIVE ECO 2020 | RETROSPECTIVE USFP 2020 | RETROSPECTIVE SPORT 2020 | RETROSPECTIVE CULTURE 2020 | RETROSPECTIVE SOCIETE 2020 | RETROSPECTIVE MONDE 2020 | Videos USFP | Economie_Zoom | Economie_Automobile | TVLibe









Inscription à la newsletter

L M M J V S D
1 2 3 4 5 6 7
8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30