Barack Obama a annoncé jeudi qu'il avait autorisé des parachutages humanitaires en Irak et, si nécessaire, des frappes aériennes ciblées contre les jihadistes pour éviter un "génocide" des minorités menacées par l'Etat islamique. Sur place, dans le nord de l'Irak, des dizaines de milliers de chrétiens et de Yazidis ont été poussés à fuir face à l'avancée des extrémistes sunnites.
Les Yazidis, une communauté kurdophone pré-islamique considérée par les jihadistes comme "adoratrice du diable", se sont retrouvés piégés, sans eau ni nourriture, dans les montagnes désertiques environnantes. "Nous pouvons agir, de façon responsable et prudente, pour éviter un éventuel acte de génocide", a dit Obama lors d'une allocution solennelle depuis la Maison Blanche.
Si les jihadistes avancent vers Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, ils seront visés par les frappes, a-t-il prévenu. Mais deux ans et demi après le départ du dernier soldat américain d'Irak, le président américain a réaffirmé qu'il n'enverrait aucune troupe au sol dans le pays, "parce qu'il n'y a pas de solution militaire américaine à la crise" que connaît le pays depuis le début de l'offensive jihadiste début juin.
100.000 chrétiens ont été poussés sur les routes "avec rien d'autre que leurs vêtements sur eux" après la prise de Qaraqosh et d'autres villes de la région de Mossoul (nord) et l’on redoute un "génocide". Les populations chassées se retrouvent piégées, sans eau ni nourriture, dans les montagnes désertiques environnantes. Ce nouvel exode dépasse largement par son ampleur celui des chrétiens chassés de Mossoul en juillet, alors que la communauté chrétienne d'Irak a plus que diminué de moitié depuis 2003.
Signe de la vaste mobilisation internationale, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est dit "scandalisé" par l'avancée des jihadistes, lors d'une réunion convoquée en urgence jeudi soir à New York. Les 15 pays membres ont apporté leur soutien à Bagdad dans sa lutte contre l'Etat islamique et invité "la communauté internationale à soutenir le gouvernement et le peuple d'Irak. La France a déclaré être prête à "apporter un soutien aux forces engagées dans" le combat contre les jihadistes en Irak, sans en préciser la nature. A Qaraqosh, située entre Mossoul, la deuxième ville du pays tenue par l'EI, et Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan, les jihadistes ont pris position dans la nuit après le retrait des forces kurdes. Avec cette poussée de l'EI, les jihadistes ne sont plus qu'à 40 km d'Erbil. Jeudi, les Peshmergas désormais unies à l'armée irakienne et aux milices chiites ont cependant assuré avoir repoussé une attaque contre le barrage de Mossoul, qui permet de contrôler l'accès à l'eau et à l'électricité dans toute la région. Parmi les plus récentes conquêtes de l'EI figure la région de Sinjar, bastion de la minorité yazidie.