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L’attractivité économique du Maroc entre le marteau du capital-risque et l’enclume du capital humain

L’analyse du CMC ne fait pas dans l’équivoque


Meyssoune Belmaza
Lundi 11 Août 2014

L’attractivité économique du Maroc entre le marteau du capital-risque et l’enclume du capital humain
L’analyse du CMC ne fait pas dans l’équivoque
 
Dans sa publication «Maroc Conjoncture» de fin juillet, le Centre marocain de conjoncture (CMC) planche sur l’attractivité économique du Maroc. Cette analyse met en exergue des réflexions et des prévisions qui arrivent à point nommé et font, par la même occasion, intervenir plusieurs économistes. Des experts qui se retrouvent entre le marteau du capital-risque et l’enclume du capital humain.
Ayant préalablement annoncé un redressement du cycle des affaires en 2015, l’Observatoire indépendant et privé pense que l'année prochaine sera de bon augure sur le plan économique. Ainsi, d’après la dernière lettre mensuelle du CMC, bien que le Maroc ait réalisé un bon résultat en 2013, avec 2,3% de croissance annuelle, il n’y a pas lieu de pavoiser en somme. En fait, l’institution de recherche et d’études, reste perplexe quant au retour à la croissance, au niveau mondial, des Investissements directs étrangers (IDE) qui ont augmenté de 9% tout en régressant en Afrique du Nord durant l’année 2013. Inquiétude qui laisse se profiler à l’horizon deux pertinents questionnements à savoir : quelle place occupera le Maroc en Afrique surtout dans un contexte de montée en puissance des IDE en Afrique subsaharienne ? Et aussi, quelle sera l’incidence au Maroc d’un retour des investisseurs chez ses voisins d’Afrique du Nord ? 
Plusieurs spécialistes, contactés par nos soins, apportent de l’eau au moulin, d’abord en restant confiants quant à l’avenir du Maroc, qui, selon eux, a toutes les chances de s’en tirer à bon compte face à d’éventuels défis internationaux. Et ensuite de rappeler, qu’il y a quatre décennies de cela, la contribution des IDE à l’investissement global avait connu un bond, passant d’une moyenne annuelle de 1,36% entre 1970 et 1990 à 12,39% entre 1991 et 2005. Quant à la part des IDE dans la richesse nationale, le Maroc avait réalisé une progression importante entre 1990 et 2006.
L’on sera ravi de constater que le rapport de la CNUCED «World Investment Report 2013» affiche un optimisme de bon aloi. En effet, ce dernier corrobore, chiffres à l’appui, que le Maroc reste attractif malgré le repli des flux mondiaux. Et il nous dévoile, par la même occasion, que le Royaume a reçu 1,8 milliards de dollars d’investissements étrangers, en hausse de 20,4% par rapport à 2011. La destination Maroc se positionne, du coup, comme la première destination en Afrique du Nord avec 25% du total des investissements reçus dans la région. Il figure aussi, selon une étude du «FDI Intelligence group», comme deuxième pays africain le plus attractif des IDE, derrière l’Afrique du Sud, avec 9,1% des IDE reçus en Afrique en 2012.Par ces temps qui courent, différents experts estiment que le Maroc est au milieu d’un point d’orgue. Constat appuyé par le rapport annuel de la Banque centrale sur la situation économique, monétaire et financière au titre de l’exercice 2013. Ainsi, le Maroc continue sur sa lancée avec des IDE qui ont atteint un niveau record de 39,6 milliards de dirhams, en hausse de 23,4% après 22,8% en 2012. Et d’ajouter que les flux d’IDE proviennent principalement de la France qui demeure le premier investisseur avec une part de 36,8% en 2013 et un volume en hausse de 19,2% à 14,6 milliards de dirhams. En revanche, les investissements des Emirats arabes unis, deuxième émetteur, ont reculé de plus de moitié à 3,4 milliards, après une hausse de 68,2% un an auparavant. L’année 2013, précise Banque Al-Maghrib, a connu également une importante acquisition par un opérateur singapourien dans le secteur agroalimentaire pour un montant de 3,2 milliards de dirhams. Par secteur d’activité, les investissements ont bénéficié essentiellement au secteur de l’industrie manufacturière avec une part de 38,7%. Aussi, ils ont progressé de 2,5% à 7,5 milliards pour le secteur de l’immobilier et de 1,7 milliard de dirhams à 3,7 milliards pour celui de l’hébergement et de la restauration. 
L’Afrique subsaharienne, la destination de prédilection des Marocains côté investissements
D’un montant de 3 milliards de dirhams en 2013, les investissements directs marocains à l’étranger demeurent, précise-t-on, relativement faibles et sont destinés à hauteur de 56,3% à l’Afrique subsaharienne. A ce propos, dans sa récente note «Les investissements directs marocains en Afrique», l’Office des changes se veut rassurant en affirmant que : «Selon les données provisoires de l’année 2013, les investissements directs marocains en Afrique s’établissent à 1,2 milliard de dirhams et représentent 44,1% du total des investissements directs marocains à l’étranger. En 2012, ces investissements s’élevaient à 1,7 MMDH contre 0,9 MMDH en 2011 en hausse de 88,9%». 
La part du continent, note-t-on, dans le total des investissements directs marocains à l’étranger a parfois dépassé les trois quarts. Pour rappel, les niveaux les plus élevés ont été enregistrés en 2009 (79,4%) et 2010 (92,2%). Et constat indéniable, l’année 2010 avait enregistré un record d’IDE marocains avec 4,6 milliards de DH. Cet engouement sans précédent serait dû, selon l’Office, à la libéralisation progressive de la réglementation des changes. Cette dernière permet, en effet, aux résidents d’investir en Afrique jusqu’à 100 MDH. L’Afrique subsaharienne reste, poursuit-il, la destination de prédilection des Marocains côté investissements effectués. Nos compatriotes s’intéresseraient pour la majorité au secteur bancaire et aux télécommunications, précise-t-on avant d’ajouter qu’au cours des cinq dernières années, le secteur bancaire a occupé la première position avec une part très importante en 2008 (90,4%). 
Plusieurs spécialistes, ayant constaté que le Maroc saurait, sauf imprévu, se dégager face aux préoccupations susmentionnées du CMC, insistent mordicus sur la nécessité pour le pays de maintenir le cap au lieu de foncer, bille en tête, imitant les moutons de Panurge. Ils adressent, ainsi, un message au chef du gouvernement, Abdelillah Benkirane, afin de suivre le proverbe qui dit : «Prudence est mère de sûreté». Et aussi, le dicton : «Au devant de l’inconnu, il faut de la retenue». Pour ces économistes avertis, Benkirane va plus vite que la musique. La cause de leur mécontentement concerne, déclarent-ils, l’engouement démesuré du chef du gouvernement relevé lors d’une allocution prononcée en son nom par le ministre d'Etat Abdellah Baha à l'ouverture du 3ème Forum des hommes d'affaires arabes, sur la performance du Maroc dans le classement «Doing Business» de la Banque mondiale (le Royaume ayant progressé cette année de dix places : de la 97ème à la 87ème position). Plusieurs experts sont restés stoïques avec une pointe de mélancolie inaltérable - et à juste titre- eu égard à la partie non visible de l’iceberg que reflètent la tristesse des chômeurs, le désarroi des retraités, l’impuissance des surendettés, l’endettement des agriculteurs,...Et la liste est loin d’être exhaustive de l’état actuel des choses doublé de l’état d’esprit de ces pauvres Marocains qui en ont assez de la réponse de Normand. D’aucuns se joignent à l’appel pour paraphraser l’historien britannique C. Northcote Parkinson qui dit que «Différer est la plus mortelle forme de déni». Trêve de tout remettre aux calendes grecques, Monsieur  Benkirane!
 


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