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L'analphabétisme, un fléau qui mine les entreprises : Près de la moitié des ouvriers ne savent ni lire ni écrire


Hassan Bentaleb
Samedi 3 Mars 2012

Le chiffre donne le vertige ! Le taux d'analphabétisme au sein de la population marocaine active de plus de 15 ans varie entre 36% et 40 %. Certains parlent même de 50%. Il s'élève à 60% dans le secteur de l'agriculture, suivi par celui de la pêche maritime (33%) et la construction et industrie (32%). Les secteurs du commerce, des services et de l'administration publique et collectivités locales enregistrent respectivement des taux de 30%, 27% et 22%. C'est ce qui découle d'un séminaire sur l'alphabétisation en milieu du travail organisé le 2 mars à Casablanca.
Des statistiques qui frisent le drame quand on sait que seuls 1.705 salariés ont bénéficié des programmes d'alphabétisation sur 700.000, soit 0,24% des bénéficiaires.  Une situation aggravée par un manque d'adhésion du secteur privé à ces programmes. En effet, sa contribution reste modeste.  Il ne prend en charge que 0,3% des effectifs alphabétisés annuellement.
Selon une étude lancée conjointement par la Direction de la lutte contre l'analphabétisme (ministère de l'Education nationale) et la Délégation de l'Union européenne au Maroc, sur les principales raisons d'une mobilisation limitée des entreprises, tous secteurs confondus,  dans l'alphabétisation de leurs salariés, les causes les plus fréquemment invoquées pour expliquer ce blocage tiennent d'abord aux difficultés d'ordre financier. Les entreprises se plaignent de l'absence d'un Fonds d'alphabétisation et de la limitation du champ d'application du mécanisme des contrats spéciaux de formation ainsi que l'absence d'accord sur la prise en charge du temps d'alphabétisation effectué hors ou au cours du temps de travail.
Ensuite, il y a les difficultés d'ordre culturel. Les chefs d'entreprise constatent qu'il y a des résistances de la part des salariés à suivre ces programmes par manque de motivation ou de confiance conjugué à l’absence d'attrait du marché de l'alphabétisation et la faible motivation tant des formateurs que des organismes de formation.A ces obstacles, l'équipe des experts menant cette étude a enregistré également que le patronat a mis en cause la difficulté de l'alphabétisation en langues étrangères, la gestion de l'hétérogénéité des groupes d'apprenants et l'insuffisance qualitative et quantitative d'opérateurs et de formateurs agréés et spécialisés en alphabétisation en entreprise. Sans oublier l'insuffisance de programmes de post-alphabétisation.
Les difficultés d'ordre stratégique et méthodologique ont été pointées du doigt. Les entreprises se désolent de l'insuffisance de capitalisation du transfert de savoir-faire des phases de préparation et d'expérimentation de l'assistance technique internationale vers l'expertise locale ainsi que le déficit des mécanismes et les moyens mis à disposition de la lutte contre l'analphabétisme.
Pourtant, estiment les rédacteurs de l'étude, ce constat établi au niveau du secteur privé, ne doit pas cacher l'existence de nombreuses expériences d'entreprises ayant mis en place des programmes d'alphabétisation au profit de leurs employés.
Il s'agit des entreprises exportatrices possédant un appareil de production moderne, souvent insérées sur une trajectoire de changement qui  font preuve d'innovation dans la gestion des ressources humaines.
Toutefois, l'impact de ces efforts déployés n'apparaît pas d'une évidence systématique. Ces « entreprises alphabétisantes » semblent, indique l'étude, avoir une préférence pour leur fonction sociale (ou citoyenne). Il s'agit bien de soigner leur image et leur notoriété interne et externe.
L'impact de l'alphabétisation sur les carrières des salariés n'est pas également automatique. Selon l'étude, peu de salariés semblent avoir été promus à l'issue des formations en alphabétisation ni même avoir changé de postes.


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