Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager

L’Intérieur hausse le ton contre les migrants irréguliers

Toute tentative d’accès aux présides occupés sera sévèrement punie


Hassan Bentaleb
Mardi 3 Janvier 2017

Le ministère de l’Intérieur hausse le ton contre les migrants irréguliers :   toute tentative de franchissement  de la barrière séparant le Maroc des présides occupés de Sebta et de Mellilia  sera  désormais sanctionnée par une « expulsion ou des peines plus lourdes selon la gravité des actes ».
Une montée de tension qui trouve son explication dans la tentative d’au moins 800 migrants, selon les chiffres du ministère de  l’Intérieur, et 1.000 selon des sources associatives,  de pénétrer, le Jour de l’An, à Sebta.
« Des dizaines de migrants subsahariens ont réussi à escalader, entre 4 heures et 5 h du matin, le sommet de la clôture de fer barbelé haute de 6 m.  Mais, ils en sont redescendus après l’intervention des éléments des forces de l’ordre marocaines et de la Guardia civil espagnole. En fait, deux d’entre eux seulement ont été admis à Sebta pour y être hospitalisés. Les autres ont été expulsés immédiatement vers le Maroc », nous a indiqué Redoun Jdidi, un activiste du réseau Alarmphone à Sebta. Et de poursuivre : « Il y a certaines rumeurs qui circulent  indiquant que ces migrants ont attaqué les forces de l’ordre avec des jets de pierres. La Guardia civil parle de cinq blessés parmi ses éléments, mais il est difficile de déceler la vérité en pareilles situations de totale confusion ».
De son côté, Mohamed Ben Yacoub, président de  l'Association mains solidaires, nous a affirmé qu’il y avait des blessés parmi  des éléments des forces de sécurité marocaines ainsi que des migrants. « L’hôpital Hassan II de Fnideq a accueilli près de 40 migrants blessés qui ont été tous emmenés par la police une fois que les soins leur ont été dispensés. Quant aux policiers blessés, ils ont été transférés vers l’hôpital Mohammed VI de Mdiq mais on ne connaît pas leur nombre », nous a-t-il déclaré.  
Pour Hassan Ammari, activiste également au réseau Alarmphone et chercheur dans le domaine de la migration, la fermeté du département de l’Intérieur n’a rien de nouveau. « Les migrants irréguliers sont parfois traduits en justice, voire incarcérés durant un ou deux mois.  Mais souvent, ils sont relâchés faute de place dans les établissements pénitentiaires », nous a-t-il précisé. « Ceci d’autant plus que les autorités marocaines n’ont pas cessé de refouler ces migrants à l’intérieur du pays. Ce sera évidemment le cas pour les migrants arrêtés durant la nuit du Nouvel An qui seront certainement expulsés vers   Fès ou Tiznit ».
Notre source va plus loin. Elle s’interroge sur les capacités du ministère de l’Intérieur à mettre en exécution ses menaces. « Notre pays dispose-t-il des moyens et de la logistique nécessaires pour expulser ces migrants vers leurs pays d’origine ? Je ne le pense pas. La gestion de la question des retours volontaires opérés par le Maroc en coopération avec l’OIM en atteste. En effet, les moyens manquent et le nombre des retours reste minime par rapport aux demandes», nous a-t-il indiqué.
En 2015, le Maroc avait investi plus de deux milliards de DH dans un programme de renforcement des capacités humaines et matérielles destinées à renforcer la surveillance des frontières. En 2015, 35.484 tentatives de départ irrégulier ont été interceptées et 95 réseaux de traite de migrants ou de traite de personnes ont été démantelés. Fin avril 2016, 12.727 tentatives avortées ont été enregistrées dont 25% opérées par des Marocains.
En 2010, 16.982 tentatives ont été enregistrées contre 19.192 en 2011 et 31.681 en 2012. 2013 a été marquée par 32.239 tentatives contre 37.816 en 2014.
Concernant les retours volontaires depuis le Maroc, les statistiques officielles indiquent que 21.073 migrants originaires de 36 pays ont bénéficié de ce programme.
« L’approche sécuritaire a atteint ses limites. Il faut repenser le dossier de la migration autrement puisque les migrants irréguliers sont déterminés à franchir les frontières quels que soient les dangers à affronter », nous a confié Hassan Ammari. Et de conclure : «Les intimidations et le chantage ne servent pas à grand-chose avec des personnes qui ont tout quitté pour rejoindre l’Europe. D’ailleurs, malgré la surveillance et les contrôles, un bateau de fortune transportant des migrants irréguliers a réussi à accoster au premier jour de l’année à Almeria ».


Lu 2312 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.

Dossiers du weekend | Actualité | Spécial élections | Les cancres de la campagne | Libé + Eté | Spécial Eté | Rétrospective 2010 | Monde | Société | Régions | Horizons | Economie | Culture | Sport | Ecume du jour | Entretien | Archives | Vidéo | Expresso | En toute Libé | USFP | People | Editorial | Post Scriptum | Billet | Rebonds | High-tech | Vu d'ici | Scalpel | Chronique littéraire | Billet | Portrait | Au jour le jour | Edito | Sur le vif | RETROSPECTIVE 2020 | RETROSPECTIVE ECO 2020 | RETROSPECTIVE USFP 2020 | RETROSPECTIVE SPORT 2020 | RETROSPECTIVE CULTURE 2020 | RETROSPECTIVE SOCIETE 2020 | RETROSPECTIVE MONDE 2020 | Videos USFP











Flux RSS
p