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L’Everest à fond de train: un guide promet l’ascension en 42 jours


Lundi 1 Septembre 2014

L’Everest à fond de train: un guide promet l’ascension en 42 jours
Pas plus haut, mais plus vite, beaucoup plus vite: tel est le credo d’un guide de haute montagne britannique un peu fou qui veut emmener ses clients fortunés en 42 jours au sommet de l’Everest.
Pour 60.000 euros par piolet, deux fois le coût d’une ascension classique, Adrian Ballinger propose une montée express sur le toit du monde qui crève le ciel de l’Himalaya à 8.848 mètres.
“La meilleure façon de gravir l’Everest est de le faire vite, de passer moins de temps autour du camp de base et d’éviter les files d’attente à l’approche du sommet”, explique le grimpeur chez lui dans la Squaw Valley, en  Californie (ouest des Etats-Unis). Son idée est de réduire le temps d’acclimatation à l’altitude qui raréfie l’oxygène, en faisant dormir ses clients dans des tentes hypobares pendant les huit semaines qui précèdent l’ascension.
Ces tentes recréent les conditions de l’altitude en réduisant la pression de dioxygène dans l’air ambiant. L’organisme tend alors à s’adapter à l’air moins dense en créant plus de globules rouges.Les candidats doivent également porter chez eux leurs masques d’entraînement à l’altitude, qui réduit l’apport d’air et oblige à des inspirations plus profondes. Un médecin vérifie l’état de santé du client, notamment son rythme cardiaque et des tests sanguins.“Ils seront en bien meilleure condition pour l’ascension puisqu’ils  n’auront pas dépensé deux mois dans la montagne à monter et descendre pour  s’acclimater, en perdant au passage du poids et du muscle”, plaide Adrian  Ballinger, un des rares Occidentaux à avoir aidé les sherpas — les porteurs et  guides népalais — à fixer pitons et cordes sur la voie du sommet.
Les tentes hypobares sont bien connues des coureurs ou des cyclistes  désireux d’accroître leur capacité pulmonaire, mais ils sont rarement utilisés  par les alpinistes, et encore moins par des grimpeurs renommés comme Ballinger. Et leur efficacité et leurs effets sur l’organisme des alpinistes restent  méconnus. Pour Grégoire Millet, chercheur à l’Institut des sciences du sport de  l’Université de Lausanne (Suisse), leurs bénéfices sont sans conteste “limités”.“Il n’existe aucune recherche sur l’impact du sommeil dans une tente  (hypobare) sur une période aussi longue que huit semaines, mais il est toujours  préférable de s’acclimater à l’altitude en milieu naturel”, explique-t-il.
 
Peur de la cascade de glace 
 
Toutes réserves qui laissent parfaitement indifférent Adrian Ballinger,  venu à la montagne pour ses “aléas”. 
Dès 2012, trois ans après son premier Everest, il est convaincu de la  nécessité de grimper plus vite. Accessoirement, l’ascension rapide permet de  diminuer le nombre de passages sur “la cascade de glace de Khumbu” où 16  sherpas ont été emportés dans un éboulement le 18 avril dernier, la journée la  plus meurtrière de l’histoire de l’Everest.
“Ma peur de la cascade a été ma motivation première dans la création du  programme +Ascension rapide+”, assure Adrian Ballinger. En moyenne, un grimpeur  doit franchir la cascade à six reprises à la montée et de nouveau six fois à la  descente, les sherpas plus de 20 fois dans chaque sens.
Une ascension rapide permettrait de diviser par deux le nombre de  franchissements par les sherpas, et de le réduire à un seul passage dans la  montée pour un client.
Après une tentative réussie l’an dernier avec un homme d’affaires russe,  Ballinger comptait sur une première saison commerciale cette année. Mais  l’avalanche du 18 avril et la “fermeture” consécutive de la montagne côté  népalais l’a obligé à renoncer et à déplacer ses opérations côté tibétain. Les sherpas ont en effet cessé le travail pour réclamer de meilleurs  salaires, mettant prématurément fin à la courte saison des ascensions dans  l’Everest. Adrian Ballinger reconnaît que le business de l’Everest attire des  entreprises “peu scrupuleuses” et insiste pour que les candidats soient plus  aguerris. Il exige quant à lui que ses clients aient déjà gravi un pic de plus de  8.000 et soient suffisamment confiants pour se détacher eux-mêmes des cordes  fixes et utiliser crampons et piolets sur la glace pour dépasser les cordées  plus lentes.
De l’avis d’Elizabeth Hawley, une spécialiste basée à Katmandou, le projet  d’Adrian Ballinger est voué à l’échec. “Ça ne peut pas marcher. Les grimpeurs  amateurs ne seront pas capables de le faire, or ce sont eux qui ont de l’argent”, prédit-elle.
Balivernes, souffle Ballinger. “Dans dix ans, la plupart, sinon toutes les  ascensions de l’Everest seront rapides”.
 


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