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L’Europe se bunkerise : Le Maroc dit oui au retour de ses migrants irréguliers dans le cadre d’accords bilatéraux


Hassan Bentaleb
Lundi 1 Février 2016

Un accord de réadmission entre l’Allemagne et le Maroc est en cours de négociation et un autre l’est avec la Grèce et la Suède.   D’autres pays pourraient bien leur emboiter le pas dans les jours qui viennent. La signature de ces accords va permettre aux pays européens signataires d’expulser les ressortissants marocains vers la mère-patrie même s’ils n’ont pas de papiers d’identité confirmant leur marocanité.  Un surprenant changement de position des autorités marocaines puisqu’elles ont refusé de signer pareils accords avec tous les pays, exception faite de l’Espagne. De plus, elles ont  compliqué les retours volontaires en exigeant l’existence de laissez-passer.
Mais en attendant une réponse des officiels marocains concernant leur revirement, la conclusion de tels accords n’augure-t-elle pas d’une éventuelle signature  d’un accord de réadmission globale avec l’Union européenne l’autorisant à renvoyer vers le Royaume tous les migrants en situation irrégulière dont on pourra prouver qu’ils ont transité par le Royaume avant de débarquer sur le territoire européen ? « Non, il n’y aura pas d’accord global de réadmission et le Maroc semble camper sur sa position de refus concernant cette question», nous a répondu Hicham Rachidi, membre du Conseil d’administration du GADEM. Il estime que tout accord est exclu dans le contexte actuel. « Les relations entre le Maroc et l’UE ne sont pas actuellement au beau fixe. L’arrêt de la Cour européenne de justice annulant partiellement les accords agricoles et de pêche et l’amendement du Parlement européen appelant l'ONU à  un élargissement du mandat de la Minurso ont tendu les relations entre les deux partenaires. Le Maroc  ne considère plus l’EU comme un partenaire crédible et estime qu’elle n’est pas claire dans son jeu. Et c’est pourquoi Rabat a activé le levier de la coopération bilatérale».
A ce propos, notre source estime que ce levier  n’aura que des effets bénéfiques pour notre pays. «  Le  Maroc négocie aujourd’hui directement  avec l’Allemagne, la Suède et d’autres pays. Ces discussions démontrent  que le Royaume est un partenaire crédible qui respecte ses engagements et assume ses responsabilité et, par conséquent, aucun des pays partenaires ne pourra prendre de position hostile aux intérêts marocains ». Et de préciser: «L’annonce du Maroc comme un  pays sûr par l’Allemagne est  presque une reconnaissance de la souveraineté du Royaume sur son Sahara. C’est un gain diplomatique énorme. Ceci d’autant plus que les opérations d’expulsion des migrants irréguliers  marocains vont être accompagnées par des investissements allemands au Maroc dont l’augmentation est déjà fort perceptible. Et c’est pourquoi le Royaume tente de déclencher le même processus avec la Suède pour récupérer les mineurs marocains. Il faut noter également qu’il y a un renforcement de la coopération avec l’Espagne comme en témoigne le mur de cinq mètres de long érigé récemment par les autorités marocaines pour contenir les immigrants irréguliers. Bref, le Maroc joue à fond la carte migratoire pour renforcer la défense de son intégrité territoriale   et le développement ».
Quand ces accords de réadmission vont-ils entrer en vigueur? «Il faut encore du temps puisqu’il y a plusieurs questions techniques à résoudre (la place des familles, les conditions d’accueil, le sort des jeunes homosexuels…)», nous a précisé Hicham Rachidi. Et d’ajouter : « Mais cela n’empêche pas que la priorité sera donnée à certains dossiers comme celui des migrants marocains en Allemagne. L’entretien téléphonique, mercredi 27 janvier, entre S.M le Roi Mohammed VI et la chancelière allemande Angela Merkel est un signal politique fort pour que les choses s’accélèrent. Ainsi et dès qu’un accord sur le cadre général sera trouvé, les consuls  du Royaume vont procéder à l’identification des Marocains candidats à l’expulsion.  Même constat pour la Suède. Notamment après la décision du gouvernement de Stockholm de ne pas reconnaître la pseudo-RASD».
Quel sort sera-t-il réservé aux migrants marocains expulsés une fois arrivés au Maroc? «A ma connaissance, il y a eu mise en place en collaboration avec  l’Espagne de maisons d’accueil à Nador,  Béni Mellal et  Tanger mais elles sont demeurées en stand-by», nous a indiqué notre source. Et de conclure: «Il est fort probable  que ces structures soient  réactivées. Reste à savoir qui va gérer ces centres et qui garantira le  respect des droits de l’Homme en leur sein sans parler du rôle que les familles devraient occuper dans ce dispositif».


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