Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager

Japon: radioactivité, l'ennemi intérieur


AFP
Jeudi 7 Juin 2012

Japon: radioactivité, l'ennemi intérieur
Avant le 11 mars 2011, la vie des ménagères japonaises était simple. Obéissant à des croyances bien établies, elles se contentaient d'acheter des produits du terroir japonais et d'éviter les aliments importés de Chine, pour être totalement sûres de ne pas empoisonner la maisonnée.
Mais l'accident nucléaire de Fukushima a remis en cause toutes les idées reçues dans ce pays jalousement attaché à la qualité de son riz, de son poisson ou de ses légumes, et obsédé par la sécurité alimentaire.
La fusion du combustible nucléaire dans trois réacteurs de la centrale de Fukushima Daiichi, dévastée par le tsunami, a dispersé des particules de césium et autres éléments radioactifs dans les airs et dans les eaux alentour.
Ces insanités se sont fixées sur les cultures. Ou bien elles ont été absorbées par les animaux et les poissons. Lorsque ces derniers sont ingurgités par un prédateur ou qu'ils meurent pour une autre raison, la radioactivité, elle, reste.
La contamination se perpétue ainsi sur l'ensemble de la chaîne alimentaire. Du coup, les marchandises venues du nord-est de l'archipel, là où se trouve la centrale, sont bannies du panier. Les autres sont regardées à deux fois.
Malgré les contrôles et les garanties des producteurs comme des autorités, beaucoup de Japonais se méfient de la contamination radioactive, dont nul ne connaît l'ampleur exacte. Impossible, en effet, de contrôler la totalité des aliments mis sur le marché.
Alors, certains n'hésitent pas à débourser plusieurs milliers de yens (plusieurs dizaines d'euros) en sortant du supermarché pour mesurer la radioactivité de leur panier de courses. Ce service est proposé par certaines municipalités. Des entreprises privées, comme Bekumiru (littéralement : "Voir les becquerels"), proposent quant à elles des appareils de mesure de la radioactivité en libre-service.
A Kashiwa, une ville des environs de Tokyo située à 200 km de la centrale mais où une radioactivité anormale a été mesurée en certains points, les locaux de cette entreprise ne désemplissent pas et le téléphone n'arrête pas de sonner. "Les gens qui habitent ici sont particulièrement inquiets", confirme le directeur, Motohiro Takamatsu.
Les tests se font sur rendez-vous. Le personnel a suivi un mois de cours intensifs avec des experts. "Les clients viennent avec des légumes, un bol de riz, de l'eau ou tout autre aliment. Ils font eux-mêmes les mesures. Ça les rassure", souligne M. Takamatsu.
Il suffit de placer un échantillon dans un récipient que l'on introduit ensuite dans un appareil muni d'un capteur, puis d'appuyer sur le bouton "start" d'un instrument qui ressemble à une caisse enregistreuse. Vingt minutes plus tard, le résultat s'affiche. Un document placé à côté de chaque machine renseigne sur les limites légales de becquerels par kilogramme pour les légumes, les condiments et les autres matières les plus courantes.
"Beaucoup de gens viennent avec du riz, mais aussi de l'eau ou de la terre", précise M. Takamatsu.
Les machines ont été choisies sur des critères de fiabilité et de simplicité d'emploi. "Même un enfant pourrait les utiliser", se vante-t-il.
"Je cultive des légumes dans la cour de l'école maternelle et comme les petits sont susceptibles de les manger, je viens ici régulièrement pour rassurer les parents. Forcément, ils sont inquiets", témoigne Ryotaka Iwasaki, qui en est à sa deuxième visite. "Si ce lieu n'existait pas, je serais ennuyé, cela coûterait sans doute trop cher de confier les tests à un organisme spécialisé".
"Je suis venue mesurer le riz que je cultive. Il a été autorisé à la vente après des tests, mais je préfère vérifier par moi-même, pour être certaine", confie pour sa part la sexagénaire Mitsue Suzuki, une cultivatrice des environs.


Lu 566 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.

Dossiers du weekend | Actualité | Spécial élections | Les cancres de la campagne | Libé + Eté | Spécial Eté | Rétrospective 2010 | Monde | Société | Régions | Horizons | Economie | Culture | Sport | Ecume du jour | Entretien | Archives | Vidéo | Expresso | En toute Libé | USFP | People | Editorial | Post Scriptum | Billet | Rebonds | Vu d'ici | Scalpel | Chronique littéraire | Billet | Portrait | Au jour le jour | Edito | Sur le vif | RETROSPECTIVE 2020 | RETROSPECTIVE ECO 2020 | RETROSPECTIVE USFP 2020 | RETROSPECTIVE SPORT 2020 | RETROSPECTIVE CULTURE 2020 | RETROSPECTIVE SOCIETE 2020 | RETROSPECTIVE MONDE 2020 | Videos USFP | Economie_Zoom | Economie_Automobile | TVLibe









L M M J V S D
    1 2 3 4 5
6 7 8 9 10 11 12
13 14 15 16 17 18 19
20 21 22 23 24 25 26
27 28 29 30 31    





Flux RSS
p