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En pleine crise, les touristes grecs désertent leurs îles


Libé
Samedi 16 Juin 2012

En ce début morose de saison touristique, un vent de panique commence à souffler sur l'île grecque d'Egine, à moins d'une heure de bateau d'Athènes. Et crise oblige, même les Grecs boudaient leurs îles.
"D'abord on a perdu les touristes étrangers, maintenant les Grecs. C'est un désastre", soupire Elias, 50 ans, manager du Tropical club d'Aghia Marina, station balnéaire populaire de cette île dont l'économie dépend du tourisme, de la pêche et de la culture de la pistache.
Depuis dix ans, les visiteurs grecs sont plus nombreux que les étrangers à venir se baigner dans les eaux claires d'Egine. La faute, selon Elias, au nouvel aéroport d'Athènes dont les taxes élevées ont fait fuir les charters européens vers les Cyclades ou la Turquie.
Or "ces deux dernières années, avec la crise, les Grecs qui viennent encore dépensent moins, alors que nos taxes ont augmenté", se lamente-t-il, chapeau de paille vissé sur la tête devant deux rangées de transats à moitié vides.
Frappée de plein fouet par la crise et en pleine incertitude sur son avenir dans la zone euro, la Grèce redoute cette année un massif désamour des touristes étrangers.
Le nombre de vacanciers arrivant dans les aéroports a déjà baissé de 5% sur les cinq premiers mois. Et le tourisme domestique, qui représente 25% des revenus du secteur, ne risque pas de sauver la saison.
"Le tourisme domestique se porte encore moins bien que le tourisme étranger, en raison de la chute du niveau de vie grec", déplore George Telonis, président de l'Association des voyagistes grecs HATTA.
"Les visiteurs n'ont plus d'argent. Parfois ils rebroussent chemin quand ils entendent le prix du billet (4 euros)", confirme, résigné, Dyonisis Bitros à l'entrée du temple antique d'Aphaïa, 2.500 ans d'âge, trônant au sommet d'une colline d'Egine couverte d'oliviers.
"Cette année, les prix des hôtels et des restaurants ont baissé. Heureusement, car nous avons moins de sous aussi", confirme Maria, 40 ans, venue passer un week-end loin du bruit, de la pollution et du climat politique incertain d'Athènes.
Comme l'écrasante majorité des Grecs, les revenus de cette fonctionnaire au ministère de l'Economie ont brutalement chuté depuis que la Grèce est soumise à une cure de rigueur en échange d'un plan de sauvetage financier de l'UE et du FMI.
"Mon salaire a baissé de 40%, il est passé de 2.000 à 1.300 euros", confie Maria. "Mais je ne me plains pas, j'ai un travail" alors que le taux de chômage flirte avec les 22%.
"Les temps sont durs. Les réservations sont en chute de 45% par rapport à juin dernier", explique Vicky Chatsopoulou, 51 ans, réceptionniste à l'Apollo, le plus grand hôtel de l'île jouissant d'une vue imprenable sur le golfe saronique.
"Les Grecs viennent encore, mais restent moins longtemps. Quant à nos clients européens, ils sont moins nombreux, ils ont eu peur après les événements à Athènes", théâtre cet hiver encore de violents affrontements entre manifestants anti-austérité et forces de l'ordre.
Très en colère, l'époux de la touriste Maria, Dimitris, anticipe déjà de nouveaux heurts alors que doivent se tenir dimanche des élections législatives à l'issue incertaine. "Nous avons besoin d'une révolution à la française, il faut couper des têtes. Pas de sang, pas de changement", assène-t-il.
"Avec le scrutin qui approche, personne ne sait ce qui va se passer, tout le monde garde le peu d'argent qui lui reste" constate Dagmar Besis, 54 ans, employée à l'hôtel Rastoni, paisible havre aux senteurs de laurier près du port d'Egine, où des conducteurs de calèche somnolent en attendant les rares clients.
"Normalement les Grecs prennent leurs grandes vacances en août. Mais pour l'instant, je n'ai aucune réservation".


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