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En Colombie, les “mères kangourous” ont remplacé les couveuses


AFP
Lundi 14 Avril 2014

En Colombie, les “mères kangourous” ont remplacé les couveuses
Dans un hôpital de Bogota, Cesar Algeciras passe cinq heures dans l’unité de néonatalogie avec son nouveau-né prématuré blotti contre son torse nu, peau contre peau. 
C’est la “méthode kangourou”, inspirée des marsupiaux qui gardent leur petit au chaud dans leur poche pendant plusieurs mois pour qu’ils achèvent leur développement. Cette pratique pour tenir au chaud les prématurés est née en Colombie il y a plus de trente ans pour faire face au manque de couveuses. 
Après le scepticisme initial, les unités kangourous sont devenues pratique courante dans ce pays latino-américain et se sont répandues depuis dans le monde entier.
“C’est délicieux de sentir les battements du coeur. Je n’ai parfois même pas besoin de vérifier le moniteur pour savoir s’il est bien”, confie à l’AFP Cesar Algeciras, un ingénieur informatique de 36 ans.
A l’hôpital San Ignacio à Bogota, cinq nouveau-nés prématurés luttent pour respirer avec leurs poumons encore fragiles. Régulièrement des parents, des mères mais aussi des pères, viennent les prendre pour les placer sur leur poitrine.
Entre deux séances kangourou, le bébé de Cesar, qui à 27 semaines lutte pour la vie, repose dans un incubateur. Un bébé est prématuré s’il est né avant la 37e semaine d’aménorrhée au lieu de 41 semaines pour un accouchement à terme. Son organisme n’est pas tout à fait achevé et ses organes les plus vulnérables sont le cerveau et les poumons.
Dans la salle, les infirmières ont veillé à préserver une lumière douce et une alerte se déclenche si le volume sonore dépasse les 60 décibels, afin de se rapprocher des conditions intra-utérines.  
“Un enfant en soins intensifs ne dort pas plus de 19 minutes consécutives. C’est quelque chose de traumatisant, pour être franc, c’est une torture”, explique à l’AFP le Dr Nathalie Charpak, qui a systématisé la “méthode Kangourou” en Colombie à partir de l’année 1978.
Cette pratique n’est pas de tout repos, pour le parent comme pour le bébé qui doit rester en contact permanent avec la peau en position verticale. Interdiction de modifier la position, sinon pour le changer ou l’alimenter. Durant la nuit, le parent doit ainsi rester à moitié assis.
Après avoir suscité des doutes, cette pratique s’est rapidement répandue à l’étranger. “Nous avons formé plus de 30 pays”, se félicite le Dr Charpak, pour qui sa méthode est “aussi efficace qu’une couveuse”.
Les médecins colombiens se sont ainsi rendus en Afrique et en Asie comme aux Etats-Unis, en Espagne ou encore en Suède, pour en démontrer les bienfaits.
En 20 ans, le Brésil a réduit de deux tiers la mortalité infantile pour les moins de cinq ans, à travers un programme mêlant notamment la “méthode Kangourou” et un nouveau système de banque de lait maternel et de vaccins, selon un rapport du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).
La naissance prématurée demeure la principale cause de mortalité des bébés dans le monde où un bébé sur cinquante décède durant le premier mois d’existence, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Reconnaissance suprême, ce procédé, au départ considéré comme “une alternative pour les pauvres”, a été adoubé en 2004 par l’OMS, qui a reconnu que la pratique en outre favorisait l’allaitement et stimulait le développement cognitif de l’enfant.
Même dans les pays où les unités de néonatalogie sont très sophistiquées, la méthode kangourou permet à la mère de garder le contact avec son bébé, de créer des liens avec lui, malgré la traumatisme d’un accouchement très prématuré.
Une étude réalisée auprès de mères en Suède et publiée par la revue américaine PubMed en 2011 a montré que, bien que qu’elles jugeaient la méthode “épuisante”, aucune ne l’a abandonnée.
Il existe encore toutefois des barrages culturels à la “méthode du kangourou”, comme en Inde ou en Afrique où “lorsque la mère revient à la maison, c’est pour travailler”, signale le Dr Charpak.


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