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Du chantage et de la victimisation


Mustapha Elouizi
Mercredi 16 Janvier 2013

Du chantage et de la victimisation
De l’avis des experts en justice transitionnelle, le Maroc serait parmi les pays qui ont versé le plus d’argent à titre d’indemnisation individuelle. Pourtant, certaines victimes réclament davantage de dédommagements. C’est devenu systèmatique, au point que la culture de victimisation a atteint un niveau insupportable. Lundi dernier, à l’Académie du Royaume, lors du colloque international organisé par le Conseil national des droits de l’Homme sur le «Droit à la vérité, réparation et réformes : quelles avancées et quelles perspectives pour la justice transitionnelle?», certaines  victimes du centre de détention d’Agdz sont venues pour formuler clairement cette revendication. Sans honte ni scrupule. Pourquoi les détenus de Tazmammart ont-ils touché plus d’argent? Pourtant, le barème d’indemnisation des victimes des années de plomb est reconnu à l’échelon international: durée de détention, nature des souffrances, contexte de détention, dommages physique et psychologique, biens perdus … Le malheur est que ces gens ont accepté toutes les modalités d’indemnisation. Une catégorie a même été indemnisée en percevant plus de 150 millions de centimes. Comparaison est raison dans ce cas de figure. Car, dans la même salle, était présente une femme venue de l’Afrique du Sud. Elle était là pour présenter l’expérience de son pays en matière de justice transitionnelle. Elle a clairement souligné que son pays a indemnisé ses victimes à hauteur seulement de 4 mille dollars. Si l’on pense à la réconciliation, il ne faut pas faire de son statut de victime  un fonds de commerce à capitaliser et exploiter. Demander davantage d’argent aux pouvoirs publics et partant au contribuable, cela n’a qu’un seul nom : chantage. Surtout lorsqu’on mêle le problème de la réconciliation aux calculs politiques et à l’affaire du Sahara. 
Il n’a pas dérogé à son habitude. Un franc parler qui frise la provocation. Ahmed Herzenni, l’ex-président du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) a estimé, lundi à Rabat, qu’«il faut être fier de l’expérience marocaine en matière de justice transitionnelle» en s’appuyant sur les quatre volets  adoptés, en l’occurrence la vérité, la réparation individuelle, la réparation communautaire et la réforme institutionnelle. Une manière de  résumer le bilan de toute une expérience. Dans une communication inaugurale donnée dans le cadre du colloque international intitulé «Droit à la vérité, réparation et réformes: quelles avancées et quelles perspectives pour la justice transitionnelle?», M. Herzenni  a aussi passé au crible l’expérience marocaine, et critiqué quelques aspects, notamment la prédominance de l’approche d’indemnisation individuelle, reléguant au second plan le souci  collectif.
Quant au niveau d’exécution, l’ex-président du CNDH a qualifié de «globalement positif» le bilan de l’expérience marocaine à ce sujet, ce qui, selon lui, n’empêche pas d’émettre quelques remarques, surtout le dossier d’intégration sociale qui n’a pas été «bien étudié», l’état des archives qui en a réduit le but escompté, l’inaptitude d’une instance nationale de justice transitionnelle à prôner la vérité dans des affaires à dimension internationale, faisant allusion en cela à l’affaire du martyr Mehdi Ben Barka. Et en guise de conclusion, M. Herzenni a souligné le fait de la non-implication des différents acteurs et intervenants dans la dynamique de la réconciliation.
Initiée par le CNDH, en partenariat avec la Fondation Driss Benzekri pour la démocratie et les droits de l’Homme et la Fondation CDG, le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), cette rencontre internationale  qui s’est déroulée sur deux jours (14 et 15 janvier) se tient sept ans après la publication du rapport final de l’Instance équité et réconciliation (IER), et vise en premier lieu l’évaluation du processus de la mise en œuvre des recommandations de l’IER au Maroc, dont le suivi a été assuré par le Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH)  et par le CNDH, qui lui a succédé en mars 2011.


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