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Droits de l’enfant : Le Maroc peut mieux faire


M.S
Lundi 20 Novembre 2017

A l’instar du reste de la planète, le Maroc célèbre aujourd’hui, la Journée internationale des droits de l’enfant, une occasion pour rappeler le nombre d’initiatives qu’il a prises pour se mettre au diapason des dispositions des conventions et pactes internationaux idoines qu’il a ratifiés et l’intérêt particulier qu’il accorde à la promotion et à la consécration des droits de cette catégorie de la population destinée à perpétuer ses traditions et à poursuivre l’œuvre de développement entamée par ses aînés.
Outre le fait que la Constitution de 2011 consacre dans son article 32 les droits des enfants, notamment le droit à l’enseignement fondamental, à une égale protection juridique et une égale considération sociale, et stipule leur protection, le Maroc dispose d’un Plan d’action national pour l’enfant (PANE) et d’un Programme national exécutif de la politique publique intégrée de protection de l’enfance.
Il n’en demeure pas moins qu’au sujet de la pauvreté des enfants, qui constitue l’une des entraves majeures à leur épanouissement, les efforts déployés par le Royaume en faveur de la protection de l’enfance s’avèrent certes porteurs d’espoirs, mais malgré une tendance à la baisse du taux de la pauvreté multidimensionnelle vécue par cette catégorie, beaucoup d’efforts restent à faire pour éradiquer ce mal qui hypothèque notre avenir commun. 
A ce propos, il convient de rappeler que la prévalence de la pauvreté multidimensionnelle des enfants marocains est passée de 43,6% en 2001 à 24,1% en 2007 et à 11% en 2014, tandis que le nombre d’enfants en situation de pauvreté est passé de 4,9 millions d’enfants en 2001 à 1,2 million en 2014, soit une réduction annuelle moyenne de 10% de l’effectif global des enfants pauvres à l’échelle nationale, selon une note de synthèse du Haut-Commissariat au plan (HCP).
La déperdition scolaire, le travail des mineurs, le mariage des mineures et les enfants de la rue constituent eux aussi une source d’inquiétude concernant la situation des enfants au Maroc, notamment dans les rangs des filles.
L’étude relative à «La condition des enfants et femmes au Maroc, analyse selon l’approche d’équité» effectuée par l’Observatoire national des droits de l’enfant en collaboration avec l’UNICEF, dont les résultats ont été présentés le 25 mai 2015, avait mis l’accent sur plusieurs contraintes et défis actuels qui se dressent devant l’égalité des enfants dans la jouissance de leurs droits fondamentaux. 
Le phénomène du travail des mineurs pose un véritable défi pour la protection des droits de l’enfant au Maroc. Une étude réalisée par l’Observatoire national des droits de l’enfant et l’UNICEF a démontré que malgré la régression de ce phénomène depuis 1999, le travail des mineurs demeure une réalité qui influe négativement sur la santé et le développement de l’enfant et qui menace son éducation et sa formation et peut engendrer d’autres formes d’exploitation et de mauvais traitements.
En effet, le taux de travail des enfants représentait 9,7 % pour la catégorie 7-15 en 1999. Mais les résultats de l’étude effectuée par le Haut-Commissariat au plan (HCP) a démontré que 86.000 enfants, soit 1,8 % depuis 2013, faisait partie de cette catégorie d’âge.
Pis, l’analyse des nouvelles données de l’Enquête nationale sur l’emploi a révélé qu’en 2015 le travail dangereux concernait 193.000 enfants âgés de 7 à 17 ans, ou 59% des enfants au travail et 2,9% de l’ensemble des enfants de cette tranche d’âge. Ce type de travail est à 80% rural, 78% masculin et concerne 75,3% des enfants âgés de 15 à 17 ans. 
En milieu urbain, les enfants sont au nombre de 39.000 à exercer un travail dangereux, respectivement 86% des enfants au travail dans les villes et 1,1% de l’ensemble des enfants citadins. En milieu rural, ce nombre s’élève à 154.000, et représente respectivement 54,8% et 5,1%. 
Parmi les enfants de sexe masculin, 151.000 exercent un travail dangereux, soit 70,8% des garçons au travail et 4,4% de l’ensemble des garçons âgés de 7 à 17 ans. Parmi les filles, ce nombre s’établit à 42.000 filles, et correspond respectivement à 36,9% et 1,3%. 
Par ailleurs, 19,3% des enfants exerçant un travail dangereux sont en cours de scolarisation, 71,7% ont quitté l’école et 9% ne l’ont jamais fréquentée. 
Le travail dangereux reste concentré dans certains secteurs économiques et diffère selon le milieu de résidence. Ainsi, en zones rurales, cette catégorie de travail relève à 76,4% de l’«agriculture, forêt et pêche». En ville, en revanche, 52,7% se concentre dans les «services» et  30,5% dans l’«industrie y compris l’artisanat». 
Le HCP souligne également  que, si l’incidence du travail dangereux au Maroc est de l’ordre de 2,9%, elle est d’environ 5% à l’échelle  internationale, passant de  4,1% au niveau de la région Asie-Pacifique à 4,7% dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord pour atteindre 10,4% dans la région Afrique subsaharienne.   
Cette incidence cache de grandes disparités selon les  tranches d’âge. Elle est de l’ordre d’1% parmi les enfants de 7 à 14 ans et de 7% parmi ceux âgés de 15 à 17 ans. Au niveau international, ces deux proportions sont en moyenne, de 3,1% et 13% respectivement.
En revanche, le HCP exprime son inquiétude face au mariage des mineures. Sur ce dernier point, son rapport a fait savoir que 3 % des filles marocaines de moins de 15 ans ont été victimes de cette pratique. 
Ajouté au naufrage du système d’enseignement, le travail des enfants qui a récemment défrayé la chronique avec l’adoption de la loi relative aux conditions d’emploi des travailleurs domestiques qui légalise tout en l’encadrant l’emploi des mineurs durant 5 ans à partir de la date de son entrée en vigueur, continuera donc à tarauder nos consciences et à assombrir l’avenir des jeunes générations. 
 


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