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Deuxième journée interentreprises de santé au travail : Les statistiques font cruellement défaut


Hassan Bentaleb
Jeudi 20 Décembre 2012

Deuxième journée interentreprises de santé au travail : Les statistiques font cruellement défaut
Chaque année,  2,2 millions de travailleurs meurent dans le cadre de leur travail, à la suite d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle, soit 5.000 personnes par jour. Et chaque année enregistre le décès de 1,7 million de personnes causé par une maladie professionnelle, ce qui donne un rapport de quatre décès pour un décès causé par un accident, indique des chiffres émanant du Bureau international du travail (BIT).
Il ressort des estimations de celui-ci qu’en plus des décès liés au travail, il se produit chaque année près de 268 millions d’accidents du travail non mortels, qui sont suivis d’au moins trois jours consécutifs de congé, sans compter les 160 millions de nouveaux cas de maladies professionnelles qui sont enregistrés chaque année. L’OIT a déjà estimé à près de 4%  la part des indemnités et absences du travail dues aux accidents du travail et aux maladies professionnelles dans le PIB mondial. Mais qu’en est-il de la situation au Maroc ? Personne ne le sait. Les chiffres manquent atrocement du fait de l’inexistence de structures dédiées à la surveillance, l’évaluation du poids de la santé au travail et le développement d’une base de données afin de mieux cerner le phénomène.
« Au Maroc, on n’a pas encore un Observatoire de santé au travail comme le cas dans d’autres pays. On manque de statistiques sur le taux de fréquence des accidents du travail et sur leur gravité », a déclaré Miloudi Mokharik, secrétaire général de l’UMT, lors de la 2ème édition de la Journée interentreprises de santé  au travail, organisée avant-hier à Casablanca.
Selon lui, il n’y a pas que les chiffres qui manquent mais également il reste beaucoup à faire en matière de santé au travail notamment sur le plan réglementaire. « S’il est vrai qu’il y a des avancées notables, il ne faut pas oublier qu’il nous reste beaucoup à faire  notamment au niveau de certaines entreprises qui peinent encore à intégrer la santé et la sécurité  dans leur culture », a-t-il expliqué.
A ce propos, le leader syndical a rappelé les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des comités d’hygiène et de sécurité, notamment dans le secteur du BTP. « Ces comités ont été instaurés depuis 2004 et jusqu’à aujourd’hui peu nombreuses sont les entreprises qui ont mis en place ces structures », a-t-il ajouté avant d’ouvrir le feu sur l’Institut national des conditions de vie au travail qui n’a jamais fonctionné depuis sa création. Une situation qu’il juge inacceptable vu les longues journées de débat et de discussions consacrées pour finalement accoucher d’un institut mort-né.
De son côté, Abdelouahed Souhail, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, a reconnu qu’il reste beaucoup à faire notamment au niveau de la législation. Selon lui, une mise à jour normative s’impose vu l’évolution du monde du travail et la multiplication des risques professionnels. Pourtant, le ministre a précisé que tout effort réglementaire restera insuffisant tant qu’il ne sera pas suivi par le renforcement des mécanismes de contrôle et de surveillance.  D’après lui, le rôle des services de l’inspection du travail est primordial dans la réussite ou l’échec dans ce domaine. Un rôle clé qui implique l’engagement de l’ensemble des corps des inspecteurs du travail, des médecins  et des ingénieurs.
Cependant, Abdelouahed Souhail n’a pas trouvé opportun d’expliquer à l’auditoire comment il envisage de renforcer le contrôle effectué par les inspecteurs du travail et l’évaluation de  ce travail.  Une question qui suscite l’intérêt de beaucoup de salariés qui estiment que le corps des inspecteurs du travail est largement infecté par la corruption. A les en croire, nombreux sont les inspecteurs qui ferment les yeux sur les dysfonctionnements qu’ils constatent en matière de sécurité et de santé contre des enveloppes  bien garnies.
Même réflexion de  nombreux intervenants lors de cette journée. Pour eux, l’application des lois fait défaut et l’absence de contrôle encourage le dépassement des droits. Un constat qui ne semble pas faciliter la mission d’Abdelouahed Souhail qui est appelé désormais à affronter ses propres inspecteurs du travail.


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