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Deux membres d’Amnesty International persona non grata

Nette dégradation des relations entre l’ONG et les autorités depuis le lancement de la campagne «Stop Torture»


Hassan Bentaleb
Samedi 13 Juin 2015

Deux membres d’Amnesty  International persona non grata
Amnesty International ne semble pas être dans les bonnes grâces des autorités marocaines. Deux de ses experts ont été expulsés au motif qu’ils effectuaient une enquête sur la situation des migrants et demandeurs d'asile "sans obtenir au préalable l'autorisation des autorités compétentes ", a indiqué un communiqué du ministère de l'Intérieur. 
Pour sa part, l’ONG en question a indiqué que la police marocaine a arrêté le 11 juin courant, séparément, John Dalhuisen, directeur pour l’Europe et l’Asie centrale à Amnesty International, et Irem Arf, chercheuse sur les droits des migrants et des réfugiés. Tous deux se sont vu confisquer leurs passeports et ont été interrogés respectivement aux postes de police de Rabat et Oujda, avant d'être expulsés vers Londres.
Dans un communiqué qu’elle a rendu public en l’occasion, Amnesty a qualifié la décision marocaine de "tentative flagrante d'empêcher la recherche légitime sur les droits de l'Homme et de museler la critique dans le pays".
 "La décision d'expulser notre personnel du Maroc (...) génère de sérieux soupçons sur le fait que les autorités ont quelque chose à cacher", y est-il encore écrit.
L’ONG y rappelle également avoir informé les autorités marocaines de son projet de visite et reçu, en mai dernier, lors d’une rencontre avec des représentants de l’Etat, des assurances verbales et écrites qu'elle pouvait se rendre dans le pays sans être tenue d'obtenir des autorisations préalables. Aussi ses enquêteurs sont-ils venus le lundi 8 juin pour jauger la situation des migrants et des réfugiés dans le Nord du Royaume, a poursuivi  le communiqué de l'ONG. Celle-ci rappelle également que la police a interpellé Irem Arf et son traducteur vers 11h40 à Oujda, que son passeport a été confisqué et qu’elle a été interrogée pendant des heures, notamment sur les personnes qu’elle avait l’intention de rencontrer. Elle a ensuite été informée qu’elle devait quitter le pays. Vers 14 heures, elle a été conduite à l’aéroport où elle est restée sous la surveillance de la police jusqu’à ce qu’elle monte à bord d’un avion à destination de Paris, dans la soirée.
Pour Amnesty, ce "n’est pas la première fois que son travail a été entravé ces derniers mois. En septembre 2014, les autorités avaient interdit un camp de jeunes et refusé l’entrée à une délégation d’enquête le mois suivant. Elle a également été obligée d’annuler une deuxième mission prévue en novembre 2014, les autorités marocaines ayant cherché à imposer des conditions sur son déroulement".
Toujours selon la même source, "les relations entre Amnesty International et les autorités marocaines connaissent une nette dégradation depuis le lancement de la campagne internationale «Stop Torture», lancée en 2014 pour dénoncer l’usage courant de cette pratique au Maroc."
L'expulsion des experts de l'ONG a laissé également perplexes plusieurs acteurs associatifs nationaux. Pour eux, l'argument avancé par le Maroc ne tient pas la route.   En effet, les enquêtes menées par les ONG sont souvent effectuées sans autorisation préalable et sans contrôle des autorités. "Ce genre d'autorisations est demandé en cas de tournage de documentaires ou de reportages ou dans le cas où des chercheurs tenteraient d’obtenir des informations auprès des sources officielles", nous a précisé une source sollicitant l'anonymat. 
Ceci d'autant plus que les informations recueillies par les deux experts d'Amnesty International ne constituent pas un secret d'Etat. Leur mission ne consiste, en effet, qu’à rencontrer des migrants et des demandeurs d'asile, notamment syriens, ainsi que certaines ONG marocaines et acteurs associatifs", a conclu notre source. 


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