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Des Marocains de chez Ben Laden crèvent la dalle en Arabie Saoudite : Ben Laden Group et Saudi Oger oublient de payer leurs salariés depuis neuf mois

Et c’est là, le cadet des soucis du gouvernement Benkirane


Hassan Bentaleb
Vendredi 16 Septembre 2016

“Le temps passe lentement et les journées ont l’air de se répéter. Et rien ne semble venir. Pourtant, chaque jour que le bon Dieu fait , on caresse l’espoir de voir nos salaires payés».  Tel est le quotidien de centaines de salariés marocains travaillant pour le compte des géants saoudiens du BTP, Ben Laden Group et Saudi Oger depuis presque neuf mois.
«Il s’agit de centaines de Marocains installés à Riyad, Djeddah, La Mecque, Médine et Dammam qui vivent dans le dénuement et le besoin comme beaucoup d’ouvriers de diverses nationalités à cause des retards importants dans le versement de leurs salaires. Aujourd’hui, ils n’ont rien de quoi vivre. Certains n’ont pas de quoi payer ni les frais de scolarité de leurs enfants,  ni les loyers notamment ceux qui vivent avec leurs familles à l’extérieur des logements offerts par l’entreprise aux célibataires», nous a indiqué Rabia Elhassan, journaliste marocaine installée en Arabie Saoudite. Et d’ajouter : «Pis, ils n’avaient même pas de quoi fêter l’Aïd Al Adha ici ou envoyer de l’argent du mouton à leurs familles restées au Maroc. D’autant plus qu’ils ont des crédits et des charges à payer et sont donc incapables d’honorer leurs engagements».
Ces Marocains n’ont pas non plus droit à des soins auprès des hôpitaux puisque leurs entreprises ne versent plus leurs cotisations auprès de la société d’assurance.
Ecarté des nouveaux appels d'offres depuis septembre 2015 et confronté au ralentissement économique qui frappe l'Arabie Saoudite depuis l'effondrement des prix du pétrole, Ben Laden Group a lancé un plan social destiné à licencier 77.000 salariés étrangers et 12.000 à 17.000 Saoudiens. Les employés étrangers ont reçu «leur visa de sortie», sans pour autant être informés des décisions de licenciement encore moins percevoir les arriérés de salaire et assurer leurs droits de licenciement.
Une situation de plus en plus difficile à supporter car ces Marocains sont confrontés au problème de renouvellement de leurs cartes de séjour, sans lesquelles ils ne peuvent jouir d’aucun droit. «Ces Marocains sont installés en Arabie Saoudite depuis des années, mais aujourd’hui ils n’ont pas le droit de changer de kafil (tuteur) qui n’est autre que l’entreprise Ben Laden, ni avoir la possibilité de trouver un travail ailleurs. Ils sont désormais des migrants en situation administrative irrégulière», nous a précisé notre source.
 «Le pire est que ces ressortissants marocains sont livrés à leur sort, devenant ainsi des laissés-pour-compte. Notamment de la part du ministère des MRE et des Affaires de la migration qui n’a pas bougé le petit doigt pour défendre les intérêts de ces personnes en détresse alors que d’autres ministres étrangers, tels que ceux de l’Inde, des Philippines et du Bangladesh ont dû se déplacer en Arabie Saoudite auprès de leurs communautés respectives pour leur manifester leur soutien et leur distribuer des denrées alimentaires», nous a déclaré Rabia Elhassan. Selon certains médias, le président philippin a envoyé une délégation officielle à Riyad avec 40 millions de riyals saoudiens destinés aux familles d’employés sans ressources depuis des mois. «Seul le consulat a pris l’initiative et a réagi mais sans aller loin. Il a préféré suivre la voie juridique mais ces démarches demeurent très longues», a précisé notre source.
«Le dialogue fait défaut avec les responsables des deux sociétés qui brillent par leur absence. Et souvent, ils se contentent de nous donner des promesses prétendant qu’une solution de la crise est proche mais rien ne semble venir », a précisé un salarié de Saudi Oger. Et de conclure: «Je me demande pourquoi ils ont trouvé une solution pour les Français et pas pour nous. Aujourd’hui, nous n’avons qu’un seul vœu, que notre Roi intervienne pour trouver une issue à cette crise car sans son intervention rien ne pourra avancer dans ce dossier».


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