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Dans le discours prononcé à l'ouverture du Sommet africain de l'action : S.M le Roi : Il nous appartient de travailler solidairement à la protection de notre terre

Il importe que notre continent exige justice climatique et mobilisation des moyens nécessaires


Vendredi 18 Novembre 2016

S.M Mohammed VI a prononcé mercredi un discours à l’ouverture du Sommet africain de
l’action, tenu à Marrakech en marge de la COP22, dont voici le texte intégral :


«Louange à Dieu, Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons,
Majesté, Mesdames et Messieurs les chefs d’Etat et de gouvernement des pays africains frères,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Le Royaume du Maroc et plus particulièrement la ville de Marrakech, sont heureux de vous accueillir au «Sommet africain de l'action», organisé en marge de la COP22.
Votre présence aujourd'hui Nous honore, et témoigne de votre engagement pour une Afrique qui porte son regard sur l’avenir et façonne son destin.
J'ai pris l'initiative de vous convier à ce Sommet, afin que notre continent harmonise la lutte contre les changements climatiques, et l’action en faveur du développement durable.
Concrétiser les projets régionaux et transnationaux structurants, tel est le défi que Je vous invite à relever.
Je vous propose de dessiner une Afrique résiliente aux changements climatiques, une Afrique qui s’engage résolument sur la voie du développement durable.
C’est une Afrique, qui utilisera ses ressources, de manière optimale, en respectant les équilibres environnementaux et sociaux.
C’est une Afrique qui agira en vue d’un développement inclusif, en accord avec ce qui fait son identité : la culture de partage, d’équité et de solidarité.
Avant d’aller plus loin dans Mon propos, Je souhaiterais soulever un point essentiel.
Certes, le discours que suscite, à juste titre, le devenir de notre planète, et l’intérêt que lui porte en particulier une société civile agissante, sont bien réels.
Mais, existe-t-il pour autant des objectifs communs dans l’action ? Je voudrais examiner, à ce propos, deux éléments fondamentaux :
D’abord, il y a, entre le Nord et le Sud, une disparité de cultures en matière d’environnement ; elle a trait aux priorités et aux moyens.
C’est dans ce but qu’il conviendra d’harmoniser, voire d’unifier l’éducation à l’environnement ; la présidence marocaine s’y emploiera durant son mandat.
Par ailleurs, faut-il rappeler que le temps de la colonisation est révolu, qu’une décision imposée ne peut être productive ? Faut-il rappeler que les acteurs ne manquent pas de force d’engagement, ni de bonne volonté ; mais qu’il leur arrive de manquer de moyens ?
Nous sommes tous conscients, qu’il en va de la sauvegarde de la vie, et qu’il nous appartient de travailler solidairement, à la protection de notre terre. Voilà pourquoi Je souhaite que se mette en place une convergence de vue dans l’action.

Excellences, Mesdames et Messieurs,
L’Afrique paie un lourd tribut dans l'équation «climat» et représente, sans aucun doute, le continent le plus pénalisé.
En effet, la hausse des températures, le dérèglement des saisons, les sécheresses à répétition appauvrissent la biodiversité de notre continent, détruisent ses écosystèmes et hypothèquent son progrès, sa sécurité, sa stabilité.
Pourtant, notre continent n'émet que 4% des gaz à effet de serre.
Or, les bouleversements climatiques à l’échelle mondiale entravent fortement le développement de l’Afrique, et menacent gravement les droits élémentaires de plusieurs dizaines de millions d’Africains.
Notre continent constitue donc un concentré de toutes les vulnérabilités.
L'Afrique compte déjà 10 millions de réfugiés climatiques. A l’horizon 2020, près de 60 millions de personnes seront déplacées du fait de la rareté de l’eau, si rien n’est entrepris dans ce domaine.
L’immense réserve d'eau douce, que constituait jadis le Lac Tchad, a déjà perdu 94 % de sa superficie, et est menacée d’assèchement définitif !
4 millions d’hectares de forêts, soit deux fois plus que la moyenne mondiale, disparaissent chaque année.
Alors que l’agriculture, majoritairement de subsistance, emploie 60% de la main-d’œuvre africaine, nos récoltes sont fortement perturbées, et notre sécurité alimentaire hautement menacée.
Les rendements agricoles de notre continent pourraient donc baisser de 20% à l’horizon 2050, au moment même où notre population aura doublé.
Des pans entiers du littoral, près du tiers des infrastructures côtières, seraient submergés.
Les épidémies d’origine hydrique, qui causent annuellement des milliers de décès, seront éradiquées, à la seule condition que soient créées des infrastructures de traitement des eaux usées.
Enfin, la dégradation des terres et des ressources naturelles pourrait continuer à représenter la cause principale de la majorité des conflits transnationaux en Afrique.

Excellences, Mesdames et Messieurs,
L'Accord de Paris sur le climat, adopté à la satisfaction de tous, consacre le principe de responsabilité commune et différenciée.
Il importe que notre continent s’exprime d'une seule voix, qu’il exige justice climatique et mobilisation des moyens nécessaires, qu’il émette des propositions concertées, en matière de lutte contre les changements climatiques.
Nous sommes donc face à quatre impératifs :
- Déterminer les mesures d'accès aux financements nécessaires, afin d’organiser les efforts d’adaptation du continent.
- Identifier les mécanismes à mettre en place visant à soutenir la mise en œuvre de programmes phares.
- Renforcer les capacités institutionnelles de notre continent.
- Enfin, saisir les opportunités et étudier les implications qu’offre un développement sobre en carbone, dans les domaines de l'énergie, de l'innovation technologique, ou encore, des métiers «verts».

Excellences, Mesdames et Messieurs,
Les acteurs africains ont fait preuve d’un remarquable dynamisme, durant les journées thématiques de la COP22.
En plus d’être porteurs d’initiatives, ils ont rejoint nombre de coalitions, d’alliances et de réseaux de «l’Agenda global de l'action climatique».
Je Me réjouis de ces actions continentales et régionales. Elles favorisent la résilience de notre continent, face aux menaces du dérèglement climatique, et elles permettent une co-émergence durable de notre continent.
Mes frères chefs d'Etat auront l’occasion, aujourd’hui, de nous entretenir des projets qu’ils portent et animent.
Il nous appartient d'apporter un appui politique à ces initiatives, de mobiliser les moyens et compétences nécessaires à leur mise en œuvre, de les mettre en perspective et en cohérence.

Excellences, Mesdames et Messieurs,
Le Royaume du Maroc est un acteur engagé dans la consolidation de la sécurité et de la stabilité régionales.
A ce titre, il est déterminé à renforcer sa contribution à la défense des intérêts vitaux du continent, aux côtés de ses pays frères et, bientôt, au sein de l’Union africaine.
Fort du déploiement en cours, de son ambitieux programme, dans le domaine des énergies renouvelables, le Maroc met son savoir-faire à la disposition de ses partenaires.
S’impliquant activement dans les projets dédiés à l’Afrique, le Royaume contribue, aujourd’hui, à y inclure de nouveaux partenaires, publics et privés, et à structurer les mécanismes de gouvernance.
En outre, il animera un réseau africain d’expertise climatique, à partir du « Centre de compétences en changements climatiques » installé au Maroc.
Sensible à la vulnérabilité du secteur agricole, et conscient de son importance vitale, le Maroc se mobilise pour la réalisation de l'initiative « Adaptation de l’agriculture africaine » ou « Triple A ».
Ce dispositif innovant favorise l’adoption et le financement de solutions, destinées à la productivité et à la sécurité alimentaire.
Enfin, interpellé par la quote-part attribuée à l’Afrique, en termes de ressources consacrées à la lutte contre les changements climatiques, le Maroc a inscrit le financement comme priorité de la COP22.
Au-delà de l’enveloppe prévue à partir de 2020, par l’Accord de Paris, la présidence marocaine s’intéresse à la mobilisation des financements publics, à la diversification des montages financiers, et à la facilitation de l’accès aux fonds consacrés au climat.
Par ailleurs, le Maroc encourage l’implication des fonds souverains, afin de développer les infrastructures vertes en Afrique.

Excellences, Mesdames et Messieurs,
Nos partenaires du Sud et du Nord, ainsi que les institutions internationales et régionales, dédiées au financement du développement, ont un rôle crucial à jouer dans l’effort collectif africain.
Agir par nous-mêmes et pour nous-mêmes est un impératif. Associer nos partenaires stratégiques est désormais une nécessité.
Je suis persuadé que la mutualisation de nos efforts et le renforcement de la coopération avec nos partenaires stratégiques, contribueront à mettre fin à l'injustice climatique, qui affecte notre continent.
Cette double action favorisera la réalisation des Objectifs de développement durable : 12 parmi les 17 sont liés, directement ou indirectement, aux changements climatiques.
En conclusion, Je voudrais vous assurer que mon pays entreprendra toutes les actions nécessaires, et ne ménagera aucun effort, afin de faire entendre la voix de l'Afrique, dans les négociations formelles, ainsi que dans la mise en œuvre de «l’Agenda global pour l’action climatique».
Je formule le vœu que la rencontre d'aujourd'hui, soit une étape décisive, un rendez-vous constructif et l’expression, devant l’Histoire, de notre engagement en faveur des générations futures.
Je vous remercie pour votre aimable attention.
Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh ».

L’Afrique harmonise ses positions face au changement climatique

Le Sommet africain de l'action organisé en marge de la COP22 a été sanctionné par une déclaration réaffirmant l'importance de la mise en œuvre adéquate des objectifs du développement durable (ODD) fondés sur la responsabilité commune mais différenciée pour relever le défi du changement climatique ainsi que l'engagement concret et substantiel de pays africains à contribuer à l'effort mondial dans la lutte contre le changement climatique.
Les participants ont également réaffirmé leur ambition de faire de l'action pour le climat un levier d'émergence en vue de construire un modèle de développement inclusif et durable répondant aux aspirations légitimes des populations africaines et préservant les intérêts des générations futures ainsi que leur volonté d'œuvrer positivement et solidairement pour une Afrique résiliente au changement climatique et qui façonne son destin à travers des approches sous régionales et régionales.
Ils s'engagent à promouvoir les politiques et mesures en matière d'adaptation requises, des catalyseurs pour une transformation structurelle profonde sur les plans économique et social en Afrique, consolider leurs engagements respectifs en matière de lutte contre les effets du changement climatique, accélérer les initiatives déjà identifiées pour lancer, en s'appuyant sur les ressources intrinsèques, et en mobilisant les bailleurs de fonds ainsi que les acteurs non étatiques.
Il s'agit d'initiatives visant à renforcer la résilience du continent face aux menaces du dérèglement climatique en particulier, l'initiative africaine pour l'adaptation, l'initiative pour l'adaptation de l'agriculture africaine, le projet de la grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel, l'initiative pour la sécurité, la stabilité et la soutenabilité, celle pour la résilience durable ou encore celle en faveur des forêts dans la région méditerranéenne au Sahel, celle relative à une co-émergence durable africaine notamment avec celles relatives aux forêts du bassin du Congo, de la création d'un Fonds bleu pour le bassin du Congo, l'initiative africaine pour les énergies renouvelables, celle relative à la conservation de l'écosystème du bassin du Lac Tchad, celle d'une croissance bleue et l'initiative portant sur la réalisation d'un couloir africain de l'énergie propre.
Les chefs d'Etat et de gouvernement encouragent aussi la participation du secteur privé à la mobilisation des capacités et le financement supplémentaire pour relever le défi du changement climatique, appellent les partenaires stratégiques à renforcer la coopération dans le sens de l'ambition africaine pour un développement durable et inclusif, à fournir des appuis efficaces et concrets à la mise en œuvre de cette ambition à travers l'augmentation du financement public, la facilitation de l'accès aux financements climatiques et son rééquilibrage en faveur de l'adaptation ainsi que le renforcement des capacités et le transfert des technologies.
L'Afrique, ont-ils déploré, est le continent qui a le moins contribué aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais en même temps le plus touché par le changement climatique dont les conséquences constituent une menace pour sa paix, sa sécurité et son développement durable.


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