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Ces métiers ramadanesques en voie de disparition

Un grand nombre de professions et de traditions ancestrales sont tombées dans les oubliettes


Vendredi 1 Juillet 2016

Les nouvelles générations ne les connaissent pas ou n'en ont jamais entendu parler d’eux, pourtant ils représentaient des éléments indissociables de l’ambiance ramadanesque. Il s'agit du tebbal, du neffar et du gheyat, personnages qui font leur apparition avec l’avènement du mois sacré du Ramadan et disparaissent, comme par enchantement, le premier jour de l'Aïd Al Fitr, rappelle la MAP.
Jadis, bien avant l'apparition de la télévision et en l’absence de moyens de communication  modernes comme ceux dont on dispose actuellement, le gheyate et neffar étaient, en quelque sorte, les annonciateurs du commencement du mois béni. Après la prière d’Al Ichaa du dernier jour du mois de chaâbane, ils faisaient leur apparition du haut des minarets des mosquées pour annoncer  l’arrivée du mois de jeûne.
Le tebbal, quant à lui, officiait de réveilleur pour le s’hour, dernier repas avant le jeûne. Il sillonnait à pas vifs les quartiers en tambourinant sur son instrument dans une scène digne des contes des mille et une nuits. Ce spectacle se répétait toutes les nuits du mois sacré jusqu’au jour de l'Aid Al Fitr, qui constituait pour les plus jeunes, une journée de retrouvailles avec ces musiciens qu’on reconnaissait à leurs rythmes.
Ce jour-là, aussi bien le gheyate que le tebbal et le neffar font le tour des maisons du quartier où ils sont reçus par des cadeaux en guise de reconnaissance pour les services qu’ils ont rendus à la communauté des jeûneurs un mois durant.
Avant l'arrivée de la télévision et de la radio dans la majorité des ménages marocains, les familles guettaient le croissant lunaire annonçant le début de Ramadan, une mission qui se révélait parfois presque impossible en raison des conditions climatiques et des difficultés de voir la lune.
C’est à ce moment-là que tous les regards se tournaient vers les minarets des mosquées dans l’attente de voir surgir le gheyate et le neffar qui se succédaient un bon moment en exécutant des mélodies spécifiques annonçant l’avènement du mois béni, se rappelle Haj Ahmed dans un air nostalgique.
Les plus anxieux se ruaient vers le siège de la nidarat des Habous de la ville pour s’informer  auprès des responsables de cette administration, dit-il.
"Nos mères et nos femmes ne pouvaient pas se passer des services du tebbal et du neffar pour avoir le repas du shour à l’heure. Ils étaient carrément leur réveil de toutes les nuits", relève-t-il.
Leur passage était plus que vital pour toute la famille puisque rater ce repas ou la prière d'Assobh relevait de l’inconcevable pour la majorité des familles, ajoute Haj Ahmed.
Si Omar exerce le métier de tebbal pendant le Ramadan depuis plus de 35 ans. Il sillonne les quartiers de la ville de Rabat pour son gagne-pain lors de ce mois sacré, mais aussi pour perpétuer cette tradition ancestrale, dit-il à la MAP.
Outre ses tournées nocturnes pour réveiller les familles, il débarque presque toutes les après-midi dans certains quartiers de la ville en provenance de Chellah où il habite, pour se faire plus visible pour les gens, surtout les plus jeunes parmi eux.
Selon lui, le métier de tebbal n’est qu’un petit exemple d’un grand nombre de professions et de traditions ancestrales tombées dans les oubliettes ou qui ont reculé devant l’invasion de la modernité et des nouvelles technologies.
Il attribue aussi cet état de fait aux changements des habitudes des Marocains, notamment celles relatives au mode de vie et aux horaires de sommeil.
De nos jours, ces traditions ont presque disparu du quotidien des Marocains, notamment dans les quartiers modernes et les nouvelles villes, alors qu’elles résistent tant bien que mal aux aléas de la modernité dans les quartiers populaires et les médinas.
Ces métiers font face à une concurrence farouche des horloges-réveils, des téléphones portables et bien d’autres gadgets, fruit de l’innovation et d'une quête quotidienne du modernisme.


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