Bouc émissaire malgré lui

Nous avons notre Dieu, notre islam, on vous laisse vos prêches sulfureux, vos lapidations et vos éviscérations.


Par Nejm-Eddine Mahla
Lundi 28 Septembre 2015

Voilà maintenant près de dix ans que Saddam Hussein a été pendu par les chiîtes d’El Maliki un jour de l’Aïd El Adha. Qui aurait pu croire que le dictateur irakien deviendrait par un tour de nœud coulant un martyr de toute une Oumma, sous le regard plus qu’approbateur des Américains, les véritables maîtres du pays. Tel Ponce Pilate qui avait, plus de deux millénaires auparavant, laissé crucifier  le Christ qui allait devenir tout un symbole pour une partie de l’humanité tout au long des siècles qui ont suivi ce crime odieux. Les Américains ont laissé faire sous prétexte que c’était un problème irako-irakien. Le gouverneur romain de l’époque du Christ se serait-il contenté de se laver les mains quand on lui avait rapporté l’assassinat inéluctable de ce jeune Nasaréen par les prêtres du temple s’il avait su ce que cette crucifixion aurait comme conséquences fâcheuses sur l’avenir de l’Empire romain païen ? Les Américains auraient-ils laissé faire les bandes chiîtes s’ils avaient su que ce geste criminel mettrait le pays à feu et à sang, qu’ils mettraient sur le tapis plus de cinq mille Gi et feraient plus de cinq mille handicapés? Auraient-ils regardé d’un œil bienveillant ce crime odieux s’ils avaient su que le sacrifice de ce bouc émissaire qu’était devenu Saddam Hussein ce jour de l’Aïd allait être à l’origine de l’apparition de l’Antéchrist en la personne de Daëch ?  
Personne n’aurait imaginé que les choses dégénéreraient de la sorte jusqu’à menacer la paix sur terre mais tout le monde savait qu’on ne pouvait pas ridiculiser un peuple ainsi sans en subir les effets. L’Amérique par son ex-président Bush, avait péché par ignorance des Arabes et des musulmans, de leur mentalité et de la place de l’honneur dans leur imaginaire encore si vivace. La réaction commença crescendo. D’abord, ce journaliste qui lui avait lancé la chaussure, ce qui est une marque de mépris extrême, puis la résistance irakienne à travers des sunnites qui avaient précipité la débandade des Américains laissant les rênes du pays entre les mains de chiîtes vindicatifs, qui voyaient dans la pendaison de Saddam comme la vengeance de l’assassinat de l’Imam El Hussein fils de Ali compagnon du Prophète et quatrième khalif de l’islam. Et pour finir l’apparition spontanée de cette hydre qu’est l’Etat islamique. Loin de moi tout séctarisme ou tout cautionnement de cette escalade de violence, cette chimère qui  met à feu et à sang toute la région du Moyen- Orient et la rive Sud de la Méditerranée, mais je dirais que ce à quoi nous assistons les bras croisés est la conséquence directe d’une part, de la politique aveugle et inconséquente de cette Amérique arrogante et méprisante sous le regard impuissant quand ce n’est pas complice des puissances européennes et mondiales, d’autre part à l’état d’indolence où se trouvent les peuples arabes qui ont pensé à outrance à se réserver une place au Paradis en laissant les choses dégénérer ici-bas, oubliant qu’on ne peut aspirer à mieux quand notre maison est en feu.
Est-ce qu’il est trop tard ? Ne peut-on revenir aux « jours heureux », ceux où on pouvait aller en Irak ou en Syrie pour le tourisme sans pour autant être taxé de tous les maux, de devenir paria dans son pays et de par le monde ?
Sans puiser dans le pessimisme, ce qui se profile à l’horizon ne présage rien de bon. De par le monde arabe, on n’entend que le bruit des armes, on ne voit que la couleur rouge-sang. La colombe blanche et le rameau d’olivier chers à feu Yasser Arafat ont vécu. Et tout cela au nom de la religion. Leur religion. Pas la nôtre. Celle qui s’abreuve du sang des innocents et de tous ceux qui ne partagent pas leur façon de voir le monde. Pour reprendre le penseur égyptien Sayyid Mahmoud El Qimni, nous avons notre Dieu et notre islam, on vous laisse votre religion, celle des prêches sulfureux suivis de lapidation, de dépeçage et d’éviscération.


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