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Affrontements à l'arme lourde dans l’est de la RDC

L'ONU accuse les autorités d'armer une milice


Vendredi 23 Juin 2017

Des affrontements à l'arme lourde entre des miliciens et l'armée congolaise ont éclaté jeudi matin à Beni dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris de sources concordantes.
Selon des habitants, des rafales d'armes légères et des détonations de tirs d'armes lourdes étaient entendues en provenance d'un quartier est de cette ville du nord de la province du Nord-Kivu.
"Les Maï-Maï ont attaqué notre position à Kalau au nord-est de la ville de Beni vers 06h30 (04h30 GMT). Après de violents combats, les assaillants ont débordé pour attaquer une autre position des FARDC (Forces armées de la RDC) à Rwangoma", a déclaré à l'AFP le lieutenant Jules Tshikudi.
"Les combats se poursuivent encore en ce moment. L'armée est en train de les repousser", a ajouté l'officier, indiquant qu'à ce stade, il n'était pas encore possible de dire à quel groupe Maï-Maï appartenaient ces assaillants.
Depuis samedi, les FARDC affrontent des miliciens d'un groupe d'autodéfense dans de violents combats qui ont fait au moins une dizaine de morts dans la région de Beni.
L'armée a affirmé que parmi les assaillants, il y a des prisonniers qui s'étaient évadés de la prison centrale de Beni le 11 juin.
Les Maï-Maï sont des groupes "d'autodéfense" constitués sur une base essentiellement ethnique. Pendant la deuxième guerre du Congo (1998-2003), nombre de ces groupes ont été armés par le pouvoir pour combattre les envahisseurs ougandais ou rwandais. Certains n'ont jamais désarmé.
L'Est congolais, constellé de groupes armés nationaux et étrangers, est déchiré par plus de vingt ans de conflits armés, alimentés par des différends ethniques et fonciers, la concurrence pour le contrôle des ressources minières de la région et des rivalités entre puissances régionales.
Par ailleurs, l'ONU a de nouveau accusé mardi les autorités congolaises de fortes responsabilités dans les violences au Kasaï, dénonçant mutilations d'enfants, viols et femmes enceintes éventrées. Des violences qui, selon l'Eglise catholique, ont fait plus de 3.000 morts en huit mois.
"Je suis consterné par la création et l'armement d'une milice, Bana Mura, qui soutiendrait les autorités dans la lutte" contre la rébellion de Kamwina Nsapu, a déclaré mardi à Genève le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein. Cette milice "a mené des attaques horribles contre des civils des groupes ethniques luba et lulua".
"Mon équipe a vu des enfants aussi jeunes que deux ans dont les membres avaient été amputés. De nombreux bébés avaient des blessures de machette et de graves brûlures (...) Au moins deux femmes enceintes ont été éventrées et leurs foetus mutilés", a-t-il expliqué.
"De graves violations des droits de l'Homme par des membres des forces de sécurité - dont des exécutions sommaires et des viols - ont été rapportées lors de plusieurs opérations contre des villages soi-disant contrôlés par Kamwina Nsapu", a ajouté M. Zeid.
D'après l'ONU, de nombreuses victimes et des témoins ont déclaré que la milice Bana Mura "était organisée et armée par les autorités locales".
La Nonciature apostolique en RDC évoque dans une note technique le chiffre de 3.383 "décès signalés" depuis octobre dans le Kasaï. L'ONU avançait jusqu'à présent un bilan estimé à "plus de 400 morts".
Le document de l'Eglise, daté du 19 juin, présente un "résumé des dommages soufferts par les institutions ecclésiastiques" dont plusieurs dizaines de paroisses, écoles, centres de santé et maisons religieuses endommagés ou fermés.
Selon l'Eglise, 20 villages ont été "complètements détruits" dont "10 par les FARDC (armée congolaise), 4 par les miliciens, 6 par des auteurs inconnus".
Elle mentionne aussi 30 fosses communes. L'ONU parle de 42 fosses communes.
Depuis septembre 2016, la région du Kasaï est secouée par la rébellion de Kamwina Nsapu, chef traditionnel tué en août dernier lors d'une opération militaire après s'être révolté contre le pouvoir de Kinshasa.
Les violences qui impliquent miliciens, soldats et policiers au Kasaï ont causé le déplacement de 1,3 million de personnes. Deux experts onusiens, missionnés par le secrétaire général de l'ONU pour enquêter sur ces violences, y ont été assassinés en mars.


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