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A Rabat, des manifestants réclament l’abrogation de l’article 475 du Code pénal : «Nous sommes tous des Amina Filali»


Narjis Rerhaye
Lundi 19 Mars 2012

A Rabat, des manifestants réclament l’abrogation de l’article 475 du Code pénal : «Nous sommes tous des Amina Filali»
«Violez-moi, épousez-moi. Ma vie est vaine, je suis marocaine». «Nous sommes tous des Amina Filali». «La loi m’a tuer». Ce samedi 17 mars, face au Parlement, plusieurs centaines d’hommes, de femmes, de jeunes ont manifesté leur indignation après le suicide d’une mineure, Amina Filali, contrainte d’épouser son violeur.  
Dans l’urgence et l’émotion , les associations de défense des droits des femmes ont organisé ce sit-in  pour réclamer l’abrogation de l’article 475 du Code pénal qui assure l’impunité à un violeur s’il épouse sa victime ainsi que celle de l’article 20 du Code de la famille autorisant le mariage des filles mineures.  C’est ainsi que l’Association démocratique des femmes du Maroc a  défilé derrière l’étendard de la dénonciation «des violences institutionnelles, juridiques et familiales» tout en exigeant «la réforme immédiate du Code pénal» alors que la Fédération de la Ligue démocratique des droits des femmes s’est mobilisée en faveur de la dignité de la femme.
Le drame d’Amina a suscité un vif émoi un peu partout dans le monde. Larache, cette ville du Nord souvent oubliée des plans de développement, est sous les feux des projecteurs.  Devenue la destination des activistes, de féministes, d’avocats et de médias nationaux et internationaux, la ville est toujours sous le choc. A Larache et dans ses douars environnants, l’article 475 du Code pénal est vécu comme une pratique ancienne, ancrée dans les mœurs… Ici, on ne s’est jamais vraiment préoccupé des femmes, des filles, des mineures et encore moins de leurs droits. Le déshonneur d’une famille est sans conteste perçu comme bien pire que la douleur et la souffrance d’une fille violée, fût-elle mineure…
De Rabat à Casablanca, un peu partout dans le pays, les défenseurs des droits humains  et de la dignité, ceux et celles qui ont voté en faveur d’une constitution qui consacre les droits des femmes , le principe de l’égalité et met fin à l’impunité en érigeant la reddition des comptes en valeur, tous ont choisi de ne pas se taire. De briser le silence. De manifester leur colère. A Rabat, face au Parlement, des pancartes ont été brandies pour dénoncer  l’injustice des lois et  la vision purement masculine du Code pénal. «Les droits des femmes et des filles violés par des lois injustes. Jusqu’à quand?», «On a violé son corps, sa dignité et son enfance. Elle a choisi la mort. A quand la mise en œuvre de la Constitution?».
Les propos de Ramid
soulèvent l’indignation
Amina, cette jeune fille pas encore sortie de l’enfance et dont la photo était élevée par les manifestants, est désormais le symbole du combat du mouvement féminin qui n’a eu de cesse de combattre les dysfonctionnements des lois et leur profonde injustice à l’égard des femmes. Ce samedi 17 mars, les féministes ont de nouveau appelé à la mise en place urgente d’une loi cadre pour lutter contre la violence faite aux femmes. « Le viol est un acte de violence, un acte criminel,  qui porte atteinte à la dignité et à l’intégrité physique de la femme. Que dire d’une mineure?», s’exclame Fouzia Assouli, la présidente de la Fédération de la Ligue démocratique des droits des femmes.  
«Le mariage d’Amina Filali est intervenu après des rapports sexuels consentis. La loi a été respectée et elle a donné son accord devant  le juge». Voici en substance la réponse de M. Ramid, le ministre de la Justice et des Libertés, au suicide d’une mineure. La réaction de la Fédération de la Ligue démocratique des droits des femmes ne s’est pas fait attendre. «Le ministre de la Justice redouble de violence à l’encontre de l’enfant Amina, et ce même après sa mort», titre un communiqué de cette association qui fustige les propos d’un ministre qui prend position dans une affaire entre les mains de la justice. «M. Ramid qui était il y a peu avocat, devrait pourtant savoir était une enfant de 15 ans, une mineure, et que de ce fait et conformément aux dispositions de la loi, il ne saurait y avoir de consentement. Le ministre de la Justice devrait protéger les droits des enfants plutôt que faire pression sur la justice», s’indigne un membre de la FLDDF.
Les propos de Mostafa Ramid ont résonné jusque dans la foule des manifestants. «Honte à toi Ramid, l’avenir des mineures est entre tes mains», «Les Marocaines crient pour leurs droits. Ramid es-tu là?» pouvait-on entendre.
La mort violente d’Amina ne sera pas vaine. La mobilisation continue et  le mouvement féminin , les ONG de défense des droits humains, les associations en charge de l’enfance, ont décidé de ne pas baisser les bras. «Il faut que la loi change. Il ne faut plus que les droits des femmes passent après la société et la famille. Il faut tout simplement que la Constitution soit appliquée. Le gouvernement Benkirane est suffisamment bien placé pour le savoir. Les composantes de la coalition gouvernementale en ont même fait un thème de campagne», conclut une défenseure des droits des femmes.


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1.Posté par le marocain le 20/03/2012 12:44
Non,ce n'est pas l'article 475 qui doit être abrogé,mais ceux qui volent le pays et se cachent derrière leur influence.
En toute connaissance de cause,un violeur ne devrait pas épouser sa victime,car elle le sera pour toute sa vie. Le législateur qui a pensé à ce genre d'arrangement doit se faire des remords dans sa vie. Certains articles doivent être revenus soit à la baisse,soit à la hausse.
La loi doit protéger les enfants de moins 16 ou 17 ans,car ils sont encore jeune et sans expérience.
Que les responsables sachent bien que des centaines de filles se marient contre leur volonté et à un âge de moins 16 ans.Des fois le maris est trop âgé,(de 20 30 ans)

2.Posté par DR IDRISSI MY AHMED le 09/04/2012 02:01
LES VACHES ET L'ARTICLE 457.

Des vaches, le cuir mal tanné sur les os, paissent en silence…Aucun mâle affamé ou en manque, ne vient les harceler, pendant qu’elles cueillent pour les feuilleter, les marguerites du pré…On n’a pas décrit de suicide après viol et mariage forcé, chez les vaches ! Le cas Amina Filali et autres Bouazizi, elles ne le connaissent pas.

Vexations. On ne forcera plus, Mme Bassima Hakkaoui, une fille violée, mineure par-dessus le marché, à se marier, avec son violeur. Dusse-t-il obtenir l'aval de sa belle famille, qui humiliée cherche à couvrir sa prétendue honte. Mais il faut relire cette inadéquation des actes et cette inéquation des sentiments. Par ce genre d'articles, on se détourne de l'acte de violence ultime pour le masquer. Sous couvert de la complaisance, la loi couvre, pour sauvegarder les apparences sociales, ce qui est un crime odieux et pénalisable. Ces mariages, bricolés comme une fracture par un rebouteux, sont l'expression d'une dérive indécente et lamentable. Mariage pénal, mariage sanction, mariage prison ! C'est la négation la plus totale du respect, de la fierté des droits et de la justice. C'est la légalisation infâme de l'abonnement au viol constant ! Qu'en est-t-il des sentiments, de la personne violée, contre gré, évidement ? Larguée sur le lit conjugal comme un objet sexuel, la victime vit le sexe comme embrochée sur un pilori. Ces souffrances répétitives, sont l'expression des bavures d'une justice inquisitoriale. C'est la négation des droits de l'enfant. De ceux surtout des tranches appauvries ou analphabètes que nos réformes veulent sauver et protéger.

La souffrance morale de la femme est préconisée comme une solution (de détresse) face à humiliation, par une société qui veut méconnaitre le sens vrai de l'amour, le sens de la liberté dans l'amour. Une société tendancieusement hypocrite, qui s'est assujettie à des lois machistes. Si nous restons prisonniers d'interprétations partiales, figées sur des héritages moyenâgeux, nous montrerons notre réticence à l'évolution des droits humains. Notre refus envers ceux de la femme, en particulier, serait d'une lâcheté honteuse et une dérive punitive de nos aspirations. La jeunesse déracinée est désorientée. Elle est mal ouverte sur le sexe. Sexiste et libertaire, elle est devenue plus dévoyée que par le passé. Alors qu'elle était contenue par des garde-fous, par des lois ou des interdits, qui forçaient au respect des normes sous la houlette des conduites morales et des lois religieuses strictes et respectées. Si la volonté d'évoluer nous manquait, en ce moment d'ouverture sur le monde moderne, nous démontrons notre schizophrénie sociale. Par ce refus démentiel, nous pousserons la femme à subir des affres pires que syndrome de Stockholm. Dès lors, nous nous devons de sortir de cette impasse éthique, juridique et civilisationnelle.

Cet hiver des sentiments, des lois et du climat a laissé tout le monde et la nature, la première, sur le sec. Espérons des ondées printanières sur les lois…

PAR AILLEURS
http://www.rezoweb.com/forum/sante/myastheniagravi/35967.shtml

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