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A Florence, le métier de cordonnier retrouve ses lettres de noblesse


AFP
Vendredi 6 Septembre 2013

A Florence, le métier de cordonnier retrouve ses lettres de noblesse
Dans une économie en crise, les vieux métiers retrouvent leurs lettres de noblesse. A l'Académie Riaci, une des écoles les plus réputées à Florence pour le cuir, les élèves arrivent des quatre coins du monde pour apprendre à être cordonniers. Bukola Asafa, une Nigériane de 30 ans, mère de deux enfants, est en train de coudre une doublure rouge pour une paire de mocassins gris faits sur mesure tandis que d'autres apprentis autour d'elle préparent des moules de chaussures en bois. "J'ai fait un master en gestion d'entreprise à l'Université de Liverpool" en Grande-Bretagne "puis j'ai ouvert ma propre entreprise fabriquant des sacs à main à Lagos. Je suis ici pour acquérir cette touche de +Made in Italy+ pour les chaussures. Le design sera le mien mais influencé par (la marque italienne, ndlr) Gucci", dit-elle.
"L'artisanat est en train de mourir en Italie à cause de tous les tracas administratifs. Faire des reçus même pour de toutes petites réparations... Certains cordonniers que je connais ne savaient même pas lire et écrire, alors vous vous imaginez ! Cela en a découragé plus d'un", raconte Angelo Imperatrice, 75 ans, maître-cordonnier qui enseigne la fabrication artisanale de chaussures à l'Académie Riaci. Malgré son âge, il transmet avec passion, à des élèves de plus en plus nombreux, les secrets du métier que lui a enseigné son oncle à partir de l'âge de 11 ans.
La liste d'attente pour bénéficier de ses lumières est parfois d'une année ou deux. Une centaine d'étudiants au total ont participé à ses cours ces dix dernières années. Les Italiens continuent de se former surtout à travers le système d'apprentissage même si les candidats et les postes à pourvoir se raréfient. Ce sont donc principalement des étrangers qui viennent à l'Académie Riaci apprendre les ficelles du "made in Italy". "Quand j'entre dans un magasin, je ne regarde que les chaussures d'homme. Il y en a trop qui sont laides. Je voudrais me concentrer sur l'élégance.
Au début, je pensais ouvrir un magasin en Italie, mais avec la crise économique, les chaussures se vendront mieux en Arabie Saoudite", explique Dana Alseif, une jeune Saoudienne de 25 ans qui travaillait dans la banque avant de se lancer dans son aventure italienne. Mashizan Masjum, un Singapourien de 41 ans, jusqu'à présent documentariste pour la télévision rêve d'une reconversion au plus haut niveau: "Ma cible, ce sont les femmes actives, stylées, chic, élégantes. Ne serait-ce pas génial d'avoir une star qui porte mes chaussures, qu'on dise +oh mais qu'est-ce qu'elle porte?+ et qu'on réponde +Ce sont des Mashizans+". "Dans notre classe, nous avons des gens du monde entier qui apprennent auprès du même maître italien: c'est la mondialisation sous son meilleur aspect. Il y a une crise mais chaque crise apporte des opportunités", estime M. Masjum.
Daniele Ortolani, 31 ans, est le seul Italien à suivre ce cours d'été de cordonnerie de huit semaines, intitulé "l'art du cuir"."Je me sens un peu spécial. Oui. Unique. Et j'espère pouvoir réussir ma carrière dans la fabrication de chaussures malgré les difficultés que rencontrent les artisans ici en Italie", souligne-t-il. Car faute d'élèves prêts à reprendre le flambeau, bon nombre de bottiers et cordonniers ont dû fermer boutique. Même à Florence où la tradition du cuir existe depuis des siècles.
Un paradoxe alors que près de 40% des jeunes de 15 à 24 ans en Italie sont sans emploi, selon les derniers chiffres publiés en juin. Mais la possibilité d'apprendre le métier de cordonnier auprès d'un "maestro" de la vieille école a un prix: 5.100 euros le cours intensif de huit semaines. L'Académie Riaci ne se limite pas à "l'art du cuir" qui concerne la fabrication de sacs à main et de chaussures. Elle propose de nombreuses autres formations en cuisine, création de bijoux, poterie, peinture, restauration de tableaux et même en design industriel.


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