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2016 ne sera pas un bon cru

Forte décélération de l’activité économique selon le CMC

Samedi 8 Octobre 2016

Contraction
de la croissance,
creusement
de l’écart
de production,
important repli du crédit bancaire et faible rendement de l’effort
d’investissement


Contraction de la croissance,  creusement de l’écart de production, important repli du crédit bancaire, faible rendement de l’effort d’investissement et besoin de relance du cycle d’activité.
C’est en ces termes on ne peut plus clairs que le Centre marocain de conjoncture (CMC) dépeint l’activité économique nationale dans son numéro d’octobre au titre très évocateur : «Cycle des affaires : de l'attentisme au déficit de soutenabilité économique globale».
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les analystes du CMC ne prennent pas les choses avec un gant de velours pour décrire une économie marocaine qui ne cesse de perdre en vigueur et dont les signes d’essoufflement sont de plus en plus perceptibles.
«Le rythme de croissance devait, selon les comptes nationaux infra-annuels, subir une nette tendance baissière depuis le début de l’année en glissant de 1,7% au premier trimestre à 0,5% au trimestre suivant. Les anticipations pour le troisième trimestre confirment largement cette tendance avec une hausse prévisible de la production estimée à 1,2%», relèvent-ils d’emblée.
Selon le CMC, l’exercice 2016 devrait, en effet, s’achever sur une forte contraction de l’activité avec un taux de croissance annuel consolidé se situant autour de 1,2%. Ce taux serait alors le plus faible depuis plusieurs années.
Loin d’imputer la contre-performance de l’activité productive aux seules vicissitudes du climat et ses répercussions sur les résultats de la campagne agricole et les secteurs dépendants, le CMC préfère y voir des facteurs endogènes au système économique et relève de déséquilibres plus profonds.
En effet, le CMC estime que «l’instabilité de la croissance et l’incapacité de l’économie à s’affranchir de l’hypothèque climatique malgré les efforts entrepris sont des révélateurs hautement significatifs des insuffisances en matière de politique économique ». Des insuffisances que ses experts auront relevées au niveau de l’élargissement du potentiel de production, au renforcement de l’investissement productif, à la consolidation des facteurs de compétitivité et à la hausse de la productivité.
Dans sa dernière publication, le CMC fait remarquer que la politique économique suivie ces dernières années a été focalisée sur l’objectif de stabilisation plus que de relance.
Quand bien même la situation des comptes publics héritée de la période succédant à la crise financière internationale nécessitait un traitement approprié (Les déficits avait atteint 7% du PIB en 2012 contre plus de 10% pour les déficits des paiements extérieurs), force est de constater que «la subordination de la politique économique presqu’exclusivement à l’objectif de rétablissement des équilibres financiers au détriment des efforts d’amélioration du niveau d’activité débouche, aujourd’hui, sur une perte substantielle en termes de croissance potentielle et, consécutivement, en termes de revenus, d’emplois et de niveau de vie », note le CMC.
Le centre en veut pour preuve que la plupart des estimations à ce sujet montrent que l’écart entre croissance potentielle et croissance effective s’est fortement creusé ces dernières années pour atteindre 2,5 à 3 points en moyenne depuis le début de la décennie 2010.
Pour le CMC, il ne serait donc pas étonnant que le tableau macroéconomique actuel se singularise par son caractère fortement contrasté et «présente un décalage important entre, d’une part, l’orientation des indicateurs relatifs aux déficits jumeaux et, d’autre part, les tendances des activités productives et leur potentiel de croissance».
Avec un déficit budgétaire qui a baissé de trois points du PIB entre 2013 et 2015, le CMC note toutefois une nette tendance à l’amélioration des chiffres sur la situation des finances publiques pour la troisième année consécutive.
«L’exercice 2016 s’inscrit dans le prolongement de cette tendance avec un déficit cumulé sur les sept premiers mois de l’année de 23 milliards de DH, en baisse de 20% par rapport à l’exercice précédent. Le déficit des paiements extérieurs qui, pour sa part, avait culminé en 2013 à 9,5% du PIB affiche également une forte atténuation pour s’établir à 2,3% du PIB au terme de l’année 2015», souligne-t-il.
Comparativement à la situation qui a prévalu il y a près de trois ans, le CMC observe aussi que la situation globale des transactions courantes demeure relativement stabilisée.
En revanche, il assure que le redressement progressif de la situation financière, aussi positif soit-il, ne résulte pas de transformations profondes dans le système économique.
Selon le CMC, l’atténuation des déséquilibres financiers interne et externe serait, « en grande partie, la conséquence de décisions ad hoc portant, dans un premier temps, sur des coupes franches dans le budget d’investissement de l’Etat et, dans un second temps, sur la réduction des dépenses de compensation avec la double opération indexation-décompensation».
Des décisions qui, à l’en croire, auraient bénéficié d’un contexte international assez favorable depuis l’effondrement des cours du pétrole et des matières premières sur les marchés internationaux.
Quoi qu’il en soit, la croissance peinerait à retrouver son potentiel de moyen-long terme du fait du retard pris dans la mise en œuvre des réformes structurelles. Ainsi, « le Maroc figure parmi les pays en développement qui consacrent une part importante du PIB à l’accumulation du capital physique avec un taux d’investissement dépassant sur plusieurs années 30% du PIB sans pour autant en récolter les bénéfices attendus tant au plan de l’accélération du rythme de croissance que de sa régularité », constate le CMC.
La contraction de l’activité du crédit semble corroborer dans une large mesure ce constat. En effet, celle-ci peine à retrouver ses marques et accuse même, au niveau de certains segments, un repli sans précédent, alors que pratiquement toutes les conditions de financement sont en constante amélioration.
L’encours du crédit bancaire, toutes activités confondues, a en effet subi un net ralentissement depuis le début de la décennie alors que l’exercice 2015 s’est achevé sur une hausse du crédit bancaire limitée à 2,8%.
A noter que « les données établies au terme du premier semestre 2016 situent le rythme d’expansion du crédit bancaire à seulement 2,2% en glissement annuel, avec une hausse des concours financiers bénéficiant aux entreprises ne dépassant guère 1%. S’agissant des données en flux, l’évolution apparaît encore plus préoccupante.
D’après le CMC, sur les sept premiers mois de l’année en cours, la hausse des montants du crédit bancaire a totalisé 2,2 milliards de DH, soit à peine 10% des montants enregistrés durant toute l’année 2015.
«Le repli du crédit bancaire est d’autant plus préoccupant qu’il semble affecter plus particulièrement les entreprises comme en témoignent les résultats enregistrés à fin 2015», conclut-il. Avant d’insister sur le besoin de la relance du cycle d’activité.

Alain Bouithy

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