​Le Mexicain Alejandro Inarritu triomphe aux Oscars

«Timbuktu» du Mauritanien Abderrahamane Sissako n’est pas resté sur sa lancée des Césars


Mehdi Ouassat
Mardi 24 Février 2015

​Le Mexicain Alejandro Inarritu triomphe aux Oscars
Les Oscars, récompenses cinématographiques américaines décernées chaque année à Los Angeles et destinées à saluer l'excellence des productions mondiales du cinéma, ont été décernés, dimanche dernier au célèbre Dolby Theatre. 
La cérémonie, organisée par l’"Academy of Motion Pictures arts and sciences, a été ponctuée de messages militants sur le droit des femmes et des minorités. Dès l'ouverture de la soirée, le présentateur Neil Patrick Harris avait  donné le ton politique en lançant: «Ce soir nous honorons les films les plus  blancs... pardon les plus brillants d'Hollywood», en faisant référence à la critique de la sélection de cette année, accusée d'être trop blanche et trop masculine.
Cette 87ème cérémonie des Oscars a consacré le film «Birdman» du Mexicain Alejandro Inarritu, qui était nommé dans neuf catégories et en a remporté quatre, notamment ceux du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure photographie et meilleur scénario original. C'est, par ailleurs, la deuxième année consécutive qu'un réalisateur mexicain remporte autant de récompenses aux Oscars, puisqu'en 2014, l'honneur revenait à Alfonso Cuaron et son film «Gravity», reparti avec sept trophées. 
"Birdman",  qui rivalisait avec "Boyhood", "Selma" et "American Sniper", raconte l'histoire de Riggan Thomson, une star sur le retour qui a connu une célébrité mondiale en interprétant un super-héros ailé, "Birdman". Il tente désespérément de ranimer une carrière qui s'est enlisée et de gagner de la crédibilité. Bataillant en permanence avec son ego qui le tourmente comme un double maléfique, il se débat aussi avec une série de problèmes: les acteurs dont il faut gérer la fragilité (Naomi Watts), le narcissisme ou l'alcoolisme (Edward Norton), les critiques de théâtre hostiles, les problèmes financiers, et  surtout, sa vie personnelle en déroute.
Son intransigeante fille (Emma Stone), tout juste sortie de désintoxication, le met face à ses errements de père et d'artiste; il est déchiré entre son ex-femme qu'il admire toujours et sa jeune et fougueuse maîtresse comédienne (Andrea Riseborough).
Monté à quatre reprises sur scène, Alejandro Inarritu qui était également coscénariste, a dédié son trophée à son pays, le Mexique: «J'espère que nous aurons le gouvernement que nous méritons». Il a aussi eu une pensée pour les Mexicains installés aux Etats-Unis: «J'espère qu'ils seront traités avec le même respect que les immigrants qui sont venus dans ce pays au fil des siècles et qu'ils auront également la possibilité de construire ce beau pays».
 «Timbuktu» du réalisateur Mauritanien Abderrahmane Sissako n’a malheureusement pas pu poursuivre sur sa lancée éblouissante des Césars. L'Oscar du meilleur film étranger est revenu au film polanais «Ida». Un film en noir et blanc du réalisateur Pawel Pawlikowski, sur une jeune nonne orpheline dans la Pologne communiste des années 60. Alors qu'elle se croyait sans famille, elle rencontre une tante qui lui apprend que ses parents étaient juifs. Wanda (grandiose Agata Kulesza), juge à la retraite qui boit, fume et sort pour noyer son malheur, l'emmène dans son village natal pour chercher ce qui est arrivé à sa famille pendant la guerre. Outre «Timbuktu», le film rivalisait avec le russe «Leviathan», l'estonien «Tangerines» et l'argentin «Les nouveaux sauvages».
«Citizenfour», film coup de poing sur le lanceur d'alerte Edward Snowden, qui a révélé le programme de  surveillance massif du gouvernement américain, a, quant à lui, remporté l'Oscar du meilleur documentaire.  Il a été réalisé par l'Américaine Laura Poitras et édité par la Française  Mathilde Bonnefoy. Edward Snowden, poursuivi par les Etats-Unis et  réfugié en Russie, "a révélé les menaces qui pèsent non seulement sur notre vie  privée mais sur notre démocratie", a déclaré Laura Poitras sur la scène du  Dolby Theatre. Elle était accompagnée sur scène par le journaliste Glenn  Greenwald, à qui Snowden avait également fait ses révélations, et qui apparaît  largement dans «Citizenfour».
Il est à rappeler qu’après les Golden Globes, les Bafta, les Césars et les Oscars, la saison des tapis rouges est close, en attendant Cannes, qui ouvre ses portes le 13 mai prochain. 


Lu 358 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.









L M M J V S D
1 2 3 4 5 6 7
8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30          


Inscription à la newsletter



services